Peter Verbeke : « Virer Mazzù maintenant n’est pas la solution »
Peter Verbeke a fait le bilan des joueurs, du staff et de son propre mercato.
- Publié le 09-10-2022 à 09h12
- Mis à jour le 09-10-2022 à 09h36
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"Je n’ai jamais été si maigre, et je vous assure que ce n’est pas seulement parce que je mange sainement." Peter Verbeke, CEO d’Anderlecht, souffre de la situation sportive de son club ("Bien sûr que notre 10e place m’inquiète fortement"), mais il refuse de baisser les bras. Au lendemain de la défaite contre West Ham et surtout suite au 13 sur 30 en championnat, il a convoqué la presse écrite pour une mise au point.
"Je suis un supporter et donc, on serait tenté de réagir de façon émotionnelle à notre début de saison loupée. Nous analysons de façon rationnelle les choses avec les joueurs et l’entraîneur."
La question que tout supporter se pose concerne évidemment l’entraîneur. Est-ce qu’il survivrait à une nouvelle défaite, à Malines ? "On n’est pas du genre à dire : ‘On jette notre entraîneur à la porte, on en prend un nouveau et tout est résolu’. Ce ne serait pas une bonne gestion de la part du club, explique Verbeke. On a aussi soutenu Vincent Kompany dans les moments difficiles. On fait la même chose avec Felice. Felice est plus émotionnel que Vincent. Heureusement, il y a beaucoup de gens dans le club, dont le président (Vandenhaute) et le propriétaire (Coucke) qui restent calmes et qui le rassurent."
Verbeke a parcouru les éventuels reproches qu’on peut faire à Mazzù. "À ceux qui disent qu’il n’est pas assez offensif, je réponds qu’il avait les meilleures statistiques offensives de D1A avec l’Union. Il a mis neuf buts en quatre matchs à Anderlecht, la saison passée. Aux entraînements, il n’arrête pas de répéter qu’il faut jouer vers l’avant et qu’il faut assez de joueurs dans le rectangle adverse."
Et quid de l’ADN du club ? Correspond-il aux idées de Mazzù ? "Au début, Felice avait des intentions plus directes que le football de combinaisons de Vincent. Mais Anderlecht n’a pas la même équipe que l’Union. Entre-temps, on joue moins avec des longs ballons et plus en combinaisons. Le coach cherche le juste équilibre."
Et que dire de sa relation avec les joueurs ? "Je vous assure qu’ils sont à 100 % derrière lui. C’est positif que les joueurs cherchent la faute chez eux-mêmes et pas chez le coach."
Son 3-5-2 a déjà fait couler beaucoup d’encre. "Là, on parle de système tactique et de flexibilité. Ce n’est pas mon domaine. C’est au coach et au staff de trouver des solutions. Nos stats de pressing étaient dramatiques contre Westerlo et La Gantoise, mais elles étaient bonnes contre Courtrai, Charleroi et même excellentes contre West Ham (NdlR : il montre les chiffres sur un écran). C’est au coach de transformer ces data encourageantes en bons résultats dans les semaines à venir."
Et si les mauvais résultats se multiplient ? "En ce moment, on ne peut pas uniquement juger l’entraîneur sur le nombre de points. Mais au final, les points seront importants. Ce sera à notre président d’évaluer notre travail."
La défense : elle est assez forte ?
Elle n’avait pas encore encaissé en Conference League, mais plusieurs erreurs ont été commises sur le but de West Ham. Verbeke ne veut pas pointer Hoedt du doigt. "Les critiques à son égard ne sont pas totalement fondées. Par contre, son langage corporel peut être plus positif. Par contre, il est un vrai patron dans le vestiaire. Il est le premier à aller à la salle de musculation et il est le dernier à partir à la maison."
Bref, depuis l’arrivée de Vertonghen, Verbeke ne s’inquiète pas par rapport à la défense. "Delcroix a très bien fait son boulot. On a quatre bons défenseurs centraux. Et Sardella montre en U23 qu’il est prêt."
L’entrejeu : manque de régularité
L’entrejeu répond trop rarement aux attentes. "Vu les bonnes fins de saison de Kana, de Arnstad et de Sadiki, on a initialement décidé de ne pas remplacer Cullen, pour ne pas bloquer les jeunes. Mais quand Trebels’est blessé, on a cherché un joueur expérimenté. Diawara répondait au profil recherché."
Diawara n’a pas encore convaincu. "Notre cellule scouting est fan de Diawara. Il a une très bonne mentalité et il a des capacités physiques dont nous ne disposions pas. On n’a pas hésité. Avant l’arrivée de Mourinho à l’AS Rome, Diawara avait réalisé un parcours phénoménal. Sous Mourinho, il est resté sur le banc. Il faut qu’il retrouve son rythme de match. Il était meilleur en première mi-temps contre West Ham, mais physiquement, il a eu du mal en seconde mi-temps. On espère qu’il va monter en puissance."
Et Verschaeren, qui a été excellent en première mi-temps contre les Anglais ? "Vu qu’il devient plus âgé, on peut attendre de sa part qu’il soit plus décisif. La saison passée, il avait neuf buts et cinq assists."
L’attaque : Silva répond aux attentes
C’est surtout en attaque que le bât blesse. Mais Verbeke refuse de critiquer Fabio Silva. "Moi, je dis qu’il a assez de qualités. Bien sûr qu’il a raté son occasion de la tête. Mais pour moi, il est du niveau de Nmecha, de Zirkzee et de Kouamé."
Par contre, c’est Esposito qui inquiète. "Quand un attaquant n’est pas décisif, cela se ressent. On espère que cela va venir. Notre coach mental s’occupe beaucoup de lui. Seba est un garçon très émotionnel. Il travaille pourtant bien aux entraînements et il progresse, mais il doit comprendre que quand il reçoit dix minutes de jeu, il doit se montrer dans ces dix minutes."
Et les autres attaquants ? "Refaelov a quand même montré, lors des dix dernières saisons, qu’il avait le sens du but ? Vous avez vu son centre sur la tête de Silva lors de sa montée au jeu ? Et on croit énormément en Duranville et en Stroeykens. On a assez de talent pour marquer."
Le mercato : pas une réussite totale
Verbeke a donc aussi fait son propre bilan en passant à la revue plusieurs dossiers de transferts. "Ishaq et Angulo sont des jeunes qui ont besoin d’un temps d’adaptation. On pensait qu’Ishaq serait plus loin dans son évolution. Le but était qu’il soit un concurrent pour Murillo, qui peut être le meilleur arrière droit de notre championnat, mais ce n’est pas toujours le cas. Peut-être qu’on aurait dû utiliser l’argent dépensé pour Ishaq et Angulo pour un attaquant expérimenté. C’est vrai. Mais cet argent n’aurait sans doute pas suffi pour ce genre de joueur."
Puis, il y a les dossiers de Gomez et d’Amuzu. "On voulait d’abord vendre Amuzu. Quand City s’est manifesté pour Gomez, Sergio est venu dans mon bureau avec les larmes aux yeux. Il m’a supplié de ne pas gâcher cette opportunité unique dans sa vie. Son deuil aurait duré longtemps si on l’avait gardé. Finalement, on a gardé Amuzu. Devions-nous acheter un remplaçant pour Gomez ? Dans ce cas de figure, on aurait bloqué Duranville. On a transféré le jeune N’Diaye de Barcelone, qui est bien monté contre West Ham. Il n’a rien coûté. Il va peut-être rapporter un gros surplus financier à l’avenir."
Et le dossier Zirkzee ? "Le Conseil d’administration était disposé à faire un effort pour le transférer. Zirkzee nous a dit qu’il voulait venir. Mais au tout dernier moment, après avoir parlé avec l’entraîneur Mihajlovic de Bologne, il a opté pour la Serie A. Il a été honnête avec nous."
Chiffres à l’appui, Verbeke tient à souligner que la situation financière d’Anderlecht ne lui permettait pas de faire des folies. Bruges et l’Antwerp ont dépensé beaucoup plus qu’Anderlecht, même Genk et La Gantoise ont déboursé plus d’argent pour faire leurs transferts. "Je suis prêt à avouer mes erreurs et je ne veux pas faire le Calimero, mais c’est la réalité. On ne dépasse pas certains budgets à Anderlecht, on s’impose nous-mêmes un fair-play financier. Donc non, il n’y aura pas cinq transferts rentrants au mercato d’hiver."