Senne Lynen raconte la confiance qui habite l'Union: "Depuis deux ans, il y a un sentiment particulier qui nous sublime"
Senne Lynen évoque la foi qui habite le groupe unioniste et qui lui permet de renverser des montagnes en championnat et, maintenant, en Coupe d’Europe.
Publié le 06-08-2022 à 07h00
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S’il y a bien un Unioniste heureux en ce début de saison, c’est Senne Lynen. Absent depuis octobre suite à une rupture d’un ligament croisé du genou gauche, le médian belge de l’Union revit depuis trois semaines et son retour à la compétition. "Avant le premier match de championnat, contre Saint-Trond, j’ai revu passer tous les derniers mois, tous ces moments difficiles…"
Titulaire lors des trois premiers matchs, il raconte ce début de saison réussi mais qui ne le surprend pas et la façon dont il remplace Casper Nielsen dans un nouveau rôle de médian défensif.
Senne, vous êtes-vous remis des émotions du match de mardi ? L’Union a à nouveau surpris pas mal d’observateurs en prenant le dessus sur les Rangers de la sorte.
«Vu tous les messages qu’on a reçus après, on a senti que c’était un match exceptionnel et que personne n’avait prévu un tel résultat… à part nous.»
Vous osiez croire en un match maîtrisé de la sorte ?
«Dans un match pareil, il faut que tous les détails aillent dans le bon sens, mais il faut aussi vraiment y croire. J’ai lu dans les regards que tout le monde réalisait la chance qu’il avait de jouer une telle rencontre. On s’est dit que personne ne croyait qu’on pouvait faire quelque chose. On n’a pas besoin de ça, mais c’est un peu comme une motivation supplémentaire.»
C’était un match quasiment parfait, non ?
«Si ça l’avait été, on aurait gagné 3-0. Le plus important, c’est de ne pas avoir laissé d’occasion aux Rangers. On a vraiment maîtrisé cette rencontre. Mais bon, il faut aussi se dire que le retour sera un autre match, que l’aller est déjà derrière nous.»
Et que cela pourrait être différent, en termes d’ambiance et d’adversité à Ibrox ?
«Je ne sais pas si c’est la faiblesse des Rangers ou nos qualités qui ont donné le résultat du match aller, mais je suis sûr qu’avec 55 000 personnes en tribunes, ça va chauffer. Les Rangers pousseront fort, mais si on peut sortir en contre-attaque, ça nous donnera des opportunités.»
L’Union est-elle devenue favorite de ce duel ?
«Non. C’était une belle victoire, mais perdre 3 ou 4-0 à Ibrox, c’est possible, c’est arrivé à d’autres. C’est compliqué dans ce stade. Si vous commencez mal le match… Mais si on passe les quinze premières minutes et qu’on parvient à maîtriser, ça nous donnera plus de chances. On a réussi un match sur les quatre possibles (NdlR : pour atteindre les poules de Ligue des champions). C’est bien, mais il y a déjà un retour à jouer.»
Avant ce premier match, les poules de Ligue des champions paraissaient presque hors d’atteinte. Mais ce n’est pas ce que vous vous disiez.
«De mon point de vue, si je n’y crois pas, ça ne sert à rien de commencer le match. Ce qui ne veut pas dire qu’on va le faire, mais qu’il faut y croire. Et beaucoup d’équipiers pensent comme ça. C’est difficile à expliquer, mais il y a un sentiment particulier dans ce groupe, qui nous donne confiance, qui nous sublime. On sait qu’on n’a rien à perdre et on aime surprendre tout le monde. Et ça fait deux ans que ça dure.»
Contre les Rangers, vous avez aussi retrouvé un rôle d’outsider qui vous convient bien.
«Oui. On donne le maximum, on s’appuie sur nos qualités et si on ne gagne pas, ce n’est pas grave. C’est notre façon de penser. Ici, on a l’assurance d’être en poules. Affronter des équipes comme la Roma ou Manchester United en Ligue Europa, ce serait déjà un truc de malade. Alors avoir la chance de jouer contre les Rangers ou disputer la Ligue des champions, ce n’est que du bonus.»
Vous avez le temps de savourer, pendant une rencontre ?
«Non. Mardi, c’est juste pendant le temps additionnel, sur le tout dernier corner, que j’ai regardé le stade et que je me suis dit : ‘C’est quand même bien ce qu’on fait’. Après le match, au test antidopage, il y avait deux Écossais tête basse, plutôt énervés.»
Il faut se refocaliser sur le championnat, maintenant. Après de telles émotions, c’est possible ?
«Si on n’est pas concentré sur Malines, on ne gagnera pas là-bas, c’est sûr. Est-ce facile à faire ? Je ne sais pas, ce sera une première pour nous. Mais il faudra y arriver. Si on perd des matchs comme ceux-là, la saison sera pénible. C’est une question de mental. Si on n’est pas complètement présent samedi, ça ne se passera pas bien. Ce sera une difficulté en plus, cette saison : on jouera en déplacement en Coupe d’Europe, puis il faudra rentrer en avion, récupérer et enchaîner en championnat.»
Vous venez de sortir deux matchs assez maîtrisés. Est-ce que la meilleure Union est déjà de retour, comme si rien n’avait changé, malgré les départs de Mazzù, d’Undav et de Nielsen ?
«C’est un peu tôt pour dire ça. On a sorti le match qu’on voulait contre Charleroi, même si ce n’était que 1-0. Après deux rencontres, seulement, c’est pas mal. Avant le match contre Charleroi, Karel (Geraerts) nous a dit : «Il n’y a que trois joueurs qui sont partis : Nielsen, Undav et Mitoma.» Et encore, Mitoma n’était pas tout le temps titulaire, il y avait aussi Lapoussin à gauche. Karel a insisté : «Les gars, ce sont seulement trois joueurs.» Il nous a regardés et il a dit : «Lui est resté ; lui est resté ; lui aussi, etc. On a plus de qualités qui sont restées que parties.» On l’a pris comme ça. Il y a des nouveaux et on garde une bonne équipe pour enchaîner.»
Donc, refaire une saison aussi réussie que la dernière, à savoir le top 2, c’est possible ?
«Ouf, ça… Vu les dépenses réalisées par Gand et l’Antwerp notamment, ça va être dur. Pour y arriver, il faudra gérer l’enchaînement des matchs, tourner la page entre la Coupe d’Europe et le championnat. Et espérer ne pas avoir trop de blessures car notre noyau n’est pas le plus grand.»
Le club s’est pas mal renforcé cet été, tout de même. C’est le signe d’une ambition ?
«C’est positif. Il y aura des malades, des blessés, des suspendus, donc il faut de la concurrence. Elle pousse tout le monde vers le haut. Il fallait bien un joueur en plus à chaque poste pour gérer les trois compétitions. Si on se qualifie pour les barrages de Ligue des champions, on aura vingt-neuf rencontres ; deux matchs par semaine jusqu’à la Coupe du monde. C’est énorme. Et si le coach ne vous met pas dans les 18 pour un match, il ne faut pas s’énerver; il faudra montrer à l’entraînement que vous méritez d’en être la semaine d’après.»