Retour sur les années de Karel Geraerts à Charleroi: une machine à la mentalité excellente
L'actuel T1 de l'Union a passé deux saisons au Sporting Charleroi, où il a laissé d'excellents souvenirs à tous.
Publié le 29-07-2022 à 06h00
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Au milieu du mois d’août 2014, le ciel est bien gris au-dessus du Pays Noir. Après trois défaites de rang, Charleroi se fait accrocher en toute fin de rencontre par Waasland-Beveren (2-2) lors de la quatrième journée de championnat. Une nouvelle désillusion pour l’équipe d’un Felice Mazzù qui demande à son patron des renforts rapides. "Nous avons été paralysés par la peur de gagner, explique alors Mehdi Bayat, l’administrateur-délégué du club. Si le coach désire des renforts, nous allons voir ce qu’il est possible de faire."
L’arrivée d’un expérimenté
Moins d’une semaine plus tard, la direction carolo passe des paroles aux actes en officialisant l’arrivée d’un joueur expérimenté au long CV : Karel Geraerts, qui était sans contrat et s’était pour la première fois de sa carrière entraîné seul, signe à Charleroi. "Karel va nous apporter son expérience, sa grinta, sa mentalité flamande, commentait Felice Mazzù qui avait perdu Ederson et Kumedor dans son milieu du jeu. C’est un travailleur qui ne rechigne pas à la tâche et qui peut guider ses partenaires dans les moments plus difficiles."
Formé à Genk, le Limbourgeois a goûté au plus haut niveau à Bruges avant d’exploser au Standard durant trois saisons et de porter à 20 reprises le maillot de l’équipe nationale belge. De retour en Venise du Nord, le milieu de terrain allait jouer le haut du tableau durant quatre saisons tout en participant à plusieurs rencontres d’Europa League, une compétition qu’il pourrait retrouver cette saison en tant qu’entraîneur avec l’Union… "Magré son gros CV, il est arrivé avec beaucoup d’humilité, se souvient Mehdi Bayat. C’était un profil parfait pour Charleroi d’autant qu’on avait besoin d’un mec de vestiaire."
"C’était un joueur d’expérience qui a réussi à rapidement s’intégrer dans un groupe avec une grosse communauté francophone, explique Damien Marcq, son compagnon dans le milieu du jeu. Il est arrivé comme un papa qui était là pour nous encadrer et parfois nous canaliser. Sur le terrain, il réussissait à apporter une certaine rigueur qu’il manquait parfois à l’équipe."
Une machine sur le terrain
Rapidement, Geraerts se fait une place dans le onze de base de Mazzù et enchaîne les titularisations, jusqu’à une blessure aux ischios au début du mois de janvier 2015. "Je lui disais souvent qu’il ressemblait plus à un joueur allemand que belge, sourit Martos qui appartient aujourd’hui à AE Prat, un club espagnol de 4e division. C’était une véritable machine surtout en termes de précision et de finition. Peu importe s’il y avait de la pression ou non, il arrivait tout le temps à exécuter le geste parfait. Il ne lui fallait pas cinq tirs pour mettre un goal : tu lui donnais cinq occasions, il te mettait cinq buts. En plus de cela, il était très intelligent tactiquement. Son défaut ? Disons que sa vitesse n’était pas sa qualité première… À Charleroi, il était en fin de carrière et était plus lent qu’avant."
Alors que le Sporting finit par participer aux play-off 1 et se qualifier pour les barrages européens, Geraerts ne parvient pas à retrouver une place de titulaire. Durant sa deuxième et dernière saison au Sporting, il prendra plus souvent place sur le banc ou en tribunes que sur le terrain. "Un jour, je l’ai pris à part en lui expliquant qu’à cause de l’énorme concurrence à son poste, il allait parfois devoir se contenter d’un rôle de remplaçant, expliquait il y a peu Felice Mazzù. ‘Coach, je suis là pour l’équipe’, m’avait-il répondu. Ce jour-là, je me suis dit qu’il était le premier que j’allais aller chercher si je devais composer un jour mon staff."
Geraerts a alors 33 ans, comprend que son rôle a changé et l’accepte sans sourciller. "Il était vraiment là pour le groupe, lance Cédric Fauré, actuellement à la recherche d’un banc en Belgique pour continuer son parcours d’entraîneur principal. Même s’il ne jouait pas tout le temps, il était respecté et tout le monde l’écoutait quand il parlait. Ce n’était pas le genre à râler quand il devait s’asseoir sur le banc. Même s’il savait qu’il n’allait pas être titulaire le week-end, il donnait tout aux entraînements avec un vrai professionnalisme."
"Professionnel est le mot qui le caractérise le mieux, renchérit Martos.Il avait une mentalité excellente qu’il soit titulaire, remplaçant ou en tribunes. Quand il ne jouait pas, il donnait beaucoup de conseils à ses coéquipiers : ‘Javi, cet attaquant est gaucher et très rapide, il vaut mieux défendre de cette manière’.Il travaillait comme un chien car c’était un gagnant."
Sur le terrain, quand Mazzù fait appel à lui, Geraerts répond présent lors d’une saison que Charleroi termine par une défaite face à Genk qui l’empêche de se qualifier pour les barrages européens. Dans un rôle de récupérateur, avec des joueurs comme Diandy ou Ndongala autour de lui, l’ancien Brugeois reste une valeur sûre. "Ce n’était pas nécessairement un meneur d’hommes mais c’était le premier à aller au pressing ou à aller tacler son adversaire dans les pieds, se rappelle Marcq. Autant il pouvait être discret en dehors du terrain, autant il était le premier à enfiler son bleu de travail quand il le fallait. Il sentait aussi qu’il était en fin de carrière et qu’il allait devoir parfois jouer des bouts de match. Cela reste un exemple pour les nouvelles générations."
Des regrets sur la fin
À la fin de la saison 2015-2016, Geraerts décide de ne pas prolonger l’aventure à Charleroi. Un choix qui lui reste encore en travers de la gorge plusieurs années plus tard. "Charleroi avait envie de me proposer un an de contrat supplémentaire mais mentalement j’étais fatigué, explique-t-il. J’aurais dû accepter de prendre ce rôle dans l’ombre mais j’ai décidé d’arrêter et je le regrette encore aujourd’hui…"
Officiellement retraité au début de l’année 2017, l’ancien Diable rouge décide rapidement de passer de l’autre côté de la ligne de touche avec une première expérience d’adjoint à l’Union avant de reprendre les rênes de l’équipe il y a presque deux mois. "Il y a des joueurs qui, par leur manière d’être et de comprendre le football, ont tout pour devenir entraîneur, confie Martos. C’était le cas de Geraerts mais aussi de Nico Penneteau à Charleroi. Karel avait une manière très correcte de gérer le vestiaire et une bonne communication avec des coéquipiers. J’espère qu’il arrivera au top car c’était un excellent joueur mais surtout une excellente personne."
"Beaucoup de joueurs veulent devenir coach mais peu y arrivent, conclut Fauré. Il a eu un bon maître avec Mazzù et emploie une méthode similaire à Felice. Il faudra désormais qu’il se démarque par son style de coaching."
Avec comme deuxième baptême du feu la réception ce vendredi de Charleroi. Un club au sein duquel il est très difficile de trouver quelqu’un de négatif à l’encontre de Geraerts…