Les cinq moments clés de la saison du Club Bruges, champion de Belgique pour la troisième fois de rang
Alors que le champagne coule à flots du côté de Bruges, l’heure est déjà aux premiers bilans. Comment le Club s’est-il accaparé une saison qui tendait pourtant les bras à l’Union ? Plusieurs matchs se sont révélés cruciaux. Nous en avons pointé cinq.
Publié le 15-05-2022 à 15h42 - Mis à jour le 15-05-2022 à 15h43
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C’était le 17 juillet dernier, une éternité déjà. Bruges entamait sa saison contre Genk lors de la Supercoupe. Une victoire 3-2 qui voyait le Club soulever un trophée dès sa première rencontre. Cinquante matchs plus tard, les Blauw en Zwart ont remporté le championnat et pourront profiter d'une dernière apparition au Jan Breydel pour étrenner leur nouveau titre. Pourtant, entre ces deux extrémités qui feraient presque passer la saison pour un long fleuve tranquille, Bruges a souffert.
Retour sur les cinq moments qui ont fait basculer le cours d'une saison du côté de la Venise du nord.
1er Aout - Union - Club Bruges 0-1: Mignolet bien là
On ne joue que la deuxième journée de championnat, le match chez le promu unioniste n’a absolument rien du tournant de la saison. Pourtant, la victoire dans la douleur donnera le ton des autres affrontements. Mais plus encore que le résultat, Bruges bénéficie du retour de Mignolet, déjà auteur de grands arrêts, pour dégoûter une première fois les attaquants saint-gillois. Blessé au genou depuis la fin de saison dernière, Big Sim’ avait dû quitter le groupe des Diables après la victoire contre le Portugal à l’Euro pour se rétablir.
Une opération a même été évoquée mais en concertation avec les médecins de Bruges, il a décidé de ne pas passer sur le billard, ce qui l’aurait fait rater une grosse partie de la saison. Un choix judicieux quand on connaît la suite: encore fébrile en début de championnat, l’ancien de Liverpool n’a fait que monter en puissance jusqu’à ces playoffs où il n’a pas encaissé le moindre but. Sans faire injure à Senne Lammens, le gardien deuxième gardien d’à peine 19 ans qui avait assuré l’intérim entre les perches lors les deux premiers matchs, le retour rapide de Mignolet a eu le don de rassurer toute l’équipe.
24 novembre - Club Bruges - Leipzig 0-5: au repos forcé
A quelque chose malheur est bon. Pourtant, à l’issue de cette déroute européenne face aux Allemands, le positif était très difficile à trouver. Après le quatre sur six inespéré lors des deux premiers matchs de Ligue des Champions, le Club avait l’occasion de sécuriser la troisième place pour être reversé en Europa League, conforté par la victoire à Leipzig au match aller. Le retour sur terre a été brutal. Mais au-delà de la déception de ne pas passer l’hiver au chaud en Coupe d’Europe, l’absence de matchs supplémentaires a fait du bien au Club.
Personne n’a oublié la saison précédente, marquée par le gros coup de moins bien de l’équipe lors de la deuxième partie de saison, laissant même Genk revenir à égalité de points à l’issue des playoffs. Certes, le Covid avait joué un rôle non-négligeable mais le contraste avec l’exercice en cours est trop flagrant pour en faire la seule explication. En 2022, Bruges n’a connu qu’une seule fois la défaite en championnat, pour treize victoires. Des chiffres qui ressemblent aux standards de l’Union au début de saison mais qui ont été réalisés quand les points comptent double.
26 décembre - Cercle Bruges - Club Bruges 2-0: un nouveau départ
"C’était une surprise pour tout le monde". Toujours aussi honnête en interview, Simon Mignolet ne parle pas de la défaite au Cercle mais bien du départ de Philippe Clément. Son dernier match sur le banc du Club est révélateur de la dynamique négative qui commence à s’installer. Ce jour-là, Noa Lang résume à lui tout-seul le mal-être brugeois en étant exclu pour deux gestes de mauvaise humeur, loin du niveau auquel il avait presté la saison précédente. Après plusieurs jours de négociations, Philippe Clément mettait les voiles vers Monaco.
D’ordinaire, le départ d’un coach en plein milieu du championnat est de nature à déstabiliser tout un groupe. Mais dans le cas du divin chauve, le timing se révèle opportun, comme le confirme Mignolet: "C’est un pas en avant pour lui et peut-être le bon moment pour le Club Bruges et l’équipe. Car ensuite, nous avons été plus dominants en championnat. Peut-être qu’une sorte de routine s’était installée. La dynamique et l’engouement n’étaient plus les mêmes avec le club et les supporters lors du premier tour. Parfois, c’est nécessaire de changer, pour tout le monde."
L’AS Monaco et Alfred Schreuder ne le contrediront pas.
6 février - Club Bruges - Gand 1-2: chantier en cours
Son titre de champion, Bruges le doit également à son mercato hivernal. Peu (pour ainsi dire aucune) d’équipes en Belgique peuvent se permettre de se renforcer de la sorte en attirant des joueurs au rendement aussi important comme Odoi, Buchanan, Skov Olsen et même Adamyan dans une moindre mesure. C’est aussi à cela qu’on reconnaît l’ampleur de la domination brugeoise sur le football belge.
Le puzzle ne s’est évidemment pas assemblé en une fois. A l’image des débuts hésitants de Schreuder, les premiers matchs post-mercato avaient des airs de rencontres de pré-saison. Contre Gand, le coach néerlandais a pu compter sur tous ses transfuges pour la première fois. De quoi déboucher sur quelques ajustements tactiques étonnant, à l’image de Denis Odoi qui finit la rencontre en ayant joué à quatre positions différentes. La défaite qui en résulte est la dernière subie en championnat. Dès la semaine suivante contre Charleroi, Skov Olsen commençait à gonfler ses chiffres (5 buts et 8 assists). A l’image de Buchanan sur l’autre flanc, le Danois a apporté sa capacité à faire la différence en un-contre-un, libérant du même coup Noa Lang.
8 mai - Union - Club Bruges 0-2: la chance du champion
Certains tournants ne se mesurent qu’au moment de faire le compte à la fin de la saison. Quand Dante Vanzeir a manqué son penalty, tout Saint-Gilles comprend instantanément les conséquences qui peuvent en résulter. Surtout quand Hans Vanaken surgit de la tête pour ouvrir le score vingt minutes plus tard. Refaire l’inventaire de toutes les occasions unionistes lors des quatre rencontres face à Bruges cette saison serait inutile. Celle-ci reste sans doute la plus douloureuse et la plus chère.
Pour Bruges, ces 20 minutes ont tout changé dans ces playoffs, d’un potentiel retard de six points à un retour sur la plus haute marche du classement, pour la première fois depuis le 3 octobre. La chance de l’Union était passée, le Club avait son sort entre les mains. Les grands clubs n’ont pas l’habitude de louper des balles de match pareilles. Bruges a conclu à sa première occasion.