Sergio Gomez, le latéral d'Anderlecht : « Verbeke me prend en exemple ? C'est que je fais du bon boulot »
Le joueur du Sporting s'est longuement livré à nous lors d'une interview.
Publié le 06-05-2022 à 18h11 - Mis à jour le 07-05-2022 à 06h03
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Sa main droite tremblote légèrement au moment d’ouvrir sa bouteille d’eau. Un geste qui laisse transparaître une certaine tension. Sergio Gomez n’est pas un grand fan de l’exercice de l’interview et pourtant, il répond à toutes les questions avec le sourire et en ponctuant ses phrases de multiples "bueno" et d’un mot pour son équipe. "Mon anglais va de mieux en mieux mais pas assez pour tenir une discussion", sourit-il.
Peu importe la langue, le latéral fait dans la sobriété et met l’équipe avant lui. Il rougit et sourit quand on souligne son niveau de jeu. À la moindre question piège, il s’arrête, réfléchit et répond avec une dose d’humour. Best of.
Sa blessure
Un coup franc aurait pu lui coûter sa fin de saison. Sur la pelouse de Courtrai, Gomez a quitté le terrain, blessé. Il a ensuite joué au courage la finale de Coupe. Sur une jambe, même. "Mais je me sens beaucoup mieux. Je récupère petit à petit. Je m’entraîne bien avec le groupe et j’espère pouvoir jouer à fond dimanche. J’ai encore des douleurs mais c’est logique et certainement lié au fait que j’ai joué beaucoup de matchs avec Anderlecht et avec les U21 espagnols."
Les soucis semblent toutefois le gêner plus qu’il l’avoue. Après la rencontre contre Bruges, il s’est allongé sur le terrain et s’est tenu les abdominaux. "C’est logique après un effort si conséquent, rassure-t-il. Il y a toujours des douleurs après un tel match. J’aurai peut-être un peu mal dans les rencontres à venir mais je veux jouer jusqu’au bout. Ce seront les matchs les plus importants de la saison. Je veux aider l’équipe même si j’ai un peu mal."
À Anderlecht, on voit cela comme un signe de fidélité: s’il joue avec une petite blessure, c’est qu’il ne pense pas à un transfert. "J’ai un contrat ici et je veux pouvoir jouer la meilleure compétition possible la saison prochaine. Je ferai tout pour que nous ayons un bon ticket européen. Que ce soit la Champions League ou la Conference League."
Son avenir
Avec un passé au FC Barcelone et à Dortmund, la Ligue des champions est ancrée dans l’ADN de Sergio Gomez. Mais il risque de devoir attendre encore un peu s’il veut la disputer sous le maillot mauve.
"Je suis comme tous les joueurs. J’espère atteindre ce niveau un jour. Je ne sais pas si ce sera possible cette saison avec Anderlecht mais je crois que l’équipe grandit. Si on parvient à garder beaucoup de joueurs de l’équipe actuelle, nous serons encore meilleurs. Et je pense qu’on pourra décrocher un ticket pour la Champions League et retrouver le niveau que le club avait dans le passé."
Problème, Anderlecht va perdre des cadres. À commencer par ses deux attaquants. "Même si je pense qu’il serait intéressant pour eux de rester une saison de plus", glisse discrètement l’Espagnol.
Car il sait qu’il fait partie de l’équation. S’il est bien vendu cet été, il permettra à Anderlecht d’acheter quelques joueurs. Il hésite, rigole et répond: "Demandez à Peter (Verbeke, le CEO)."
Un éclat de rire qui n’empêche pas de lui poser la question qui nous taraude: veut-il rester à Anderlecht la saison prochaine?
"Oui, dit-il avec franchise. La vérité est que je me sens bien ici. J’ai envie d’aller au bout de mon contrat mais je ne sais pas quelles sont les options que le club aura pour moi. Cela ne dépend pas toujours de moi. La qualification en Champions League ou en Conference League n’aura pas d’impact sur mon choix."
Sa valeur et son importance
En moins d’un an, la valeur de Sergio Gomez a plus que triplé, passant de trois à dix millions d’euros selon Transfermarkt.
"J’ai toujours eu confiance en moi et en mes qualités, affirme-t-il. Je savais que si un club me donnait l’opportunité de me montrer, j’allais la saisir. Le club m’a directement mis en confiance. Je voulais montrer le niveau que je pouvais avoir. J’espère prouver que je suis encore meilleur que ça dans les années à venir."
Il rejette par contre la pression liée à son nouveau statut et répète qu’il n’est "pas le seul joueur important" de l’équipe et que des jeunes "comme Arnstad et Kana ont récemment montré de belles dispositions et continueront à le faire".
Il ne peut, par contre, pas nier être devenu l’exemple du recrutement 2.0 prôné par l’équipe de Peter Verbeke. Il laisse un long blanc que brise l’attaché de presse du club en lui demandant avec humour s’il n’a pas trop chaud.
"Je vois cela comme une preuve que je suis en train de faire du bon travail. Puis, cela me motive à donner le maximum et à poursuivre mon évolution pour être meilleur la saison prochaine."
Son année 2022
Avant la trêve hivernale, Sergio Gomez comptait 6 buts et 13 passes décisives. En 2022, il n’a donné que deux assists. Une statistique qui ne l’effraie pas pour autant.
"Je ne m’attendais pas à avoir de telles statistiques et je suis surtout fier d’avoir aidé l’équipe à prendre des points. Au fil du temps, les équipes font plus attention à moi et s’adaptent. On doit attaquer d’autres zones, trouver d’autres espaces. Le plus important est qu’on soit restés unis. Nous sommes une bonne équipe qui est capable d’attaquer de beaucoup de manières différentes."
Les spécialistes affirment d’ailleurs que s’il est moins présent offensivement, c’est parce qu’il s’est développé défensivement.
"Oui c’est vrai. Notre coach insiste beaucoup sur cet aspect de mon jeu à l’entraînement. Il m’aide beaucoup en match, à l’entraînement et lors des séances de vidéo. Il est patient, il sait que ce n’est que ma première année à ce poste. Je suis mieux aligné avec mes équipiers. Je dois être bien en phase avec eux pour être unis quand on défend. J’ai aussi progressé dans les un contre un. Quand je suis attaqué, je suis mieux en place pour bloquer mon adversaire. Je me rends compte que mon évolution défensive est presque plus importante que mes assists."
Son erreur face au Standard
Seul gros point noir de sa saison: sa mauvaise passe en retrait face au Standard qui a offert à Dragus le but du 1-1 en début d’année. "Bel assist, hein?, blague-t-il. Je me sentais mal car c’était un match important pour nous et pour les supporters. Ce qui m’a fait le plus mal est que nous avons perdu deux points sur une erreur. Heureusement, nous avons pu nous qualifier pour les play-off au bout du compte. C’était le plus important."
Un doute était né après ce Clasico: Gomez va-t-il se relever de son erreur? Kompany avait vu juste en soulignant "la grosse mentalité" de son joueur.
"Le caractère est très important pour moi. J’avais joué beaucoup de matchs et j’avais engrangé beaucoup de confiance. Kompany m’en a aussi beaucoup insufflé. C’est très important pour moi de me sentir en confiance. Tout le club m’a soutenu après cette erreur. Je savais qu’il nous restait beaucoup de matchs à disputer. Ce n’était que ma première grave erreur. Je ne pouvais pas baisser les bras."
Le FC Barcelone
L’interview s’est déroulée au lendemain de la qualification du Real Madrid pour la finale de la Ligue des champions. En tant qu’ancien du Barça, Gomez reste attentif aux matchs de l’ennemi historique de son club formateur.
"Ici, il est difficile de cacher qui je soutenais (NDLR: Manchester City). Je viens de la Masia et mon agent est le frère de Pep Guardiola (NDLR: le coach de City). Après, j’ai surtout profité du match comme tout fan de football. Et je ne suis pas un anti-Real. Je suis du genre à penser qu’il faut aimer le club familial mais aussi le club pour lequel tu joues. Pour le moment, toute ma famille est archi-fan d’Anderlecht et suit tout du club."
Il continue de suivre le Barça de près, même si la saison n’a pas été simple. "Xavi a ramené de la stabilité et un style de jeu très clair. Il donne leur chance aux jeunes. C’est une clé au Barça. Il y a beaucoup de talents mais il faut leur donner une chance de jouer."
Chance qu’il n’a jamais obtenue mais qu’il ne désespère pas de saisir plus tard dans sa carrière. "J’ai passé huit ans à Barcelone. Et ce n’est pas facile d’y rester si longtemps car chaque année, on te met les meilleurs joueurs du pays dans les pattes. Je ne l’ai jamais caché: y jouer un jour reste un de mes rêves."
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