Union et Club Bruges, même objectif mais pas les mêmes moyens: De Ketelaere vaut plus que le 11 unioniste à lui seul
La valeur du 11 brugeois, recruté à coups de millions contrairement à celui de l’Union, vaut aujourd’hui quatre fois celle du leader.
Publié le 05-05-2022 à 06h00 - Mis à jour le 06-05-2022 à 09h37
Si l’histoire de l’Union Saint-Gilloise est extraordinaire, ce n’est pas seulement parce que le club bruxellois est en passe de rafler le titre la saison même de sa remontée en D1. C’est aussi parce que l’équipe construite ne l’a pas été à coups de millions, mais grâce à un recrutement économe et bien ciblé. Une véritable leçon pour la concurrence.
Bien sûr, le Petit Poucet de D1A, au budget de 12 à 13 millions € seulement, est la propriété d’un Tony Bloom dont la fortune est estimée à 1,5 milliard d’euros. Mais la RUSG n’a pas affolé le marché belge des transferts lors de son arrivée en D1A. Au point que le onze qui affrontera Bruges dimanche a pu être constitué en dépensant à peine 2,3 millions €… contre un peu plus de 40 millions à son rival.
Mais, forcément, la valeur de ces joueurs a bien grimpé. L’Union devrait faire un retour sur (léger) investissement spectaculaire, lors des prochains mois. En nous appuyant sur le site de référence Transfermarkt, mais également sur l’étude du CIES* sur les valeurs des joueurs sortie cette semaine et qui tient compte des huit facteurs (âge, durée du contrat, statut d’international, niveau du club, performances, etc.) et en ajustant ces montants avec l’aide d’agents au courant des prix du marché, nous arrivons à une équipe dont la valeur actuelle peut être estimée à un peu plus de 35 millions €.
"L’Union réalise quelque chose d’assez unique et pas seulement au niveau belge", explique Raffaele Poli, du CIES. "Voilà une équipe qui déjoue complètement les pronostics et même si elle termine deuxième, ce sera un exploit. On remarque aussi que le fait d’avoir l’appui d’un grand club anglais, lui permet de disposer d’un Mitoma ou d’un Kozlowski qui sont des joueurs en devenir sur lesquels Brighton ne compte pas encore. Il y a une vraie réflexion sur la façon de faire, un vrai business plan, mais aussi de l’argent, derrière; il ne faut pas l’oublier."
"Le CIES estime la valeur de l’ensemble du noyau brugeois à 186 millions €, nous explique Raffaele Poli, contre 56 millions € pour le noyau de l’Union Saint-Gilloise."
Focus sur les bonnes affaires à venir que devraient faire l’Union et le Club… et l’énorme différence entre les deux équipes.
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Union St-Gilloise
Les joueurs «bankable» sont rares
Trois des plus grosses cotes du noyau bruxellois n’appartiennent pas à l’Union, puisque Mitoma, Kozlowski et Undav sont prêtés par Brighton. Le buteur germano-turc a déjà ramené un montant record en étant vendu en janvier aux Seagulls pour environ 7 millions €.
Parmi les joueurs du noyau qui pourraient rapporter gros, deux noms se détachent: Casper Nielsen et Dante Vanzeir. Le médian danois, qui a impressionné cette saison, avait été acheté pour 500000 € à Odense en 2019 et vaut dix fois plus aujourd’hui. "Seulement" 5 millions?
"Oui, dans la mesure où il a déjà 28 ans, ne dispose plus que de deux ans de contrat et n’a encore jamais été international danois à proprement parler", nous explique cet agent.
"Mais s’il devient bien international, cela fera augmenter nettement sa valeur", insiste Raffaele Poli.
Dante Vanzeir, lui, représente un investissement intéressant, puisqu’il est Diable rouge et n’a toujours que 24 ans. Transféré de Genk contre 150000 € seulement (plus bonus), il est estimé aujourd’hui à près de 6 millions €.
En avril, l’Union a levé l’option peu onéreuse qui figurait dans le contrat de Lazare Amani, prêté par Charleroi. L’Ivoirien devrait représenter une belle affaire. Après quatre mois de belles prestations, sa valeur atteint les 2,5 millions €… et poursuivra sa progression s’il confirme bien. À 24 ans, il n’est plus tout jeune, mais peut encore être revendu. Même constat pour Loïc Lapoussin, qui a 26 ans, lui, et avait été acquis gratuitement après son passage à Virton. Il ne lui reste qu’un an de contrat, ce qui empêchera l’Union de demander des sommes folles à un club candidat.
Anthony Moris, lui aussi, est arrivé gratuitement de Virton. À 32 ans, il n’est pas encore un "vieux" gardien, mais est à un tournant de sa carrière puisqu’il lui reste un an de contrat plus une autre année en option. S’il venait à partir, l’Union pourrait exiger au moins 1,5 million €.
Koki Machida a des airs de bonne affaire, lui aussi. Prêté pour dix-huit mois par Kashima Antlers, il deviendra propriété de l’Union si le club lève l’option à un million dont il dispose. Il reste jeune pour un défenseur (24), a montré de belles choses et vaut déjà 2 millions €. Sa cote devrait continuer à monter.
En défense, Jonas Bager est un cas particulier (voir par ailleurs), alors que Christian Burgess semble déjà un peu vieux, du haut de ses 30 ans, pour prétendre à un transfert qui ramènerait gros à l’Union, même s’il pourrait intéresser un club de Championship et que ceux-ci ont de l’argent.
Club Bruges
Une jeunesse au gros potentiel à la revente
Contrairement à l’Union, le Club s’appuie sur une équipe où quelques jeunes promettent de rapporter gros. Certains ont déjà coûté un beau montant, mais l’investissement devrait en valoir la peine. On pense notamment à Skov Olsen, qui a coûté 7 millions €, mais est déjà évalué par Transfermarkt à 10 millions € et par le CIES à 26 millions! Pour fixer un tel chiffre, l’institut suisse s’appuie en partie sur le profil et le jeune âge du joueur, qui, à 22 ans, est déjà un international danois régulier.
Autre candidat à un transfert à gros prix: Noa Lang, qui, il ne faut pas l’oublier, n’a toujours que 22 ans. Acheté 6 millions € à l’Ajax, il en vaut 22 selon Transfermarkt et carrément 40 selon le CIES. Le Club aurait en tête l’idée de battre le record du transfert le plus cher de D1 avec l’international néerlandais, soit plus de 30 millions €. L’intérêt de clubs des grands championnats a déjà été concret pour lui. Il est sous contrat jusqu’en 2025, ce qui obligera le club acheteur à débourser une grosse somme.
Charles De Ketelaere est évidemment le plus grand potentiel brugeois, à cet égard. "Sa cote sur le marché est énorme", nous dit cet agent. Le Diable rouge de 21 ans, sous contrat jusqu’en 2024, est déjà suivi par de grands clubs. Transfermarkt l’estime à 30 millions €, mais le CIES, qui s’appuie davantage sur son potentiel, vu son jeune âge, l’évalue à 40 millions €. Une valeur qui, à elle seule, équivaut à celle du onze de base de l’Union.
Tajon Buchanan, arrivé en janvier en provenance de New England Revolution contre 6 millions €, en vaut déjà 9 pour Transfermarkt et 15 selon le CIES. Il faut dire que le jeune Canadien, international A à vingt-deux reprises, est sous contrat jusqu’en 2025 et présente, à 23 ans, un beau potentiel à la revente.
Clinton Mata et Hans Vanaken, qui ont tous les deux 29 ans, ont fait le choix de rester et prolonger à Bruges dans le passé. On peut se demander si un club d’un grand championnat viendra les chercher en sachant qu’il ne sera plus possible de les revendre avec une plus-value. Si c’était malgré tout le cas, on peut estimer leur valeur à 6 et 14 millions €.
* Le CIES, est un Observatoire international du football basé à Neuchâtel, en Suisse.