Union St-Gilloise: une préparation physique atypique, mais qui fonctionne à merveille
Bien loin de flancher sur le plan physique malgré une approche atypique, l’équipe de Mazzù fait encore la différence grâce à sa condition durant les playoffs.
- Publié le 04-05-2022 à 06h00
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La remarque, pleine de bienveillance, vient de Greg Vanderidt, l’entraîneur du Beerschot, juste après la phase classique: "J’aime beaucoup l’Union et le travail de Mazzù; j’espère qu’ils seront champions, mais je crains que leur physique ne soit trop juste lors de ces six derniers matchs, vu l’intensité des playoffs."
Les doutes ont été nombreux au sujet de la condition d’un promu au noyau moins large que d’autres, depuis le début de l’épopée bruxelloise. Mais la façon dont Teddy Teuma est ses équipiers sont montés en puissance contre Anderlecht puis à l’Antwerp, au point de se créer cinq occasions franches dans les vingt dernières minutes, accrédite le travail du staff des Jaune et Bleu.
Pourtant, l’approche n’est pas la plus courante. Elle est même franchement atypique, car à l’Union, la qualité est privilégiée à la quantité. De loin. Contrairement à la majeure partie des équipes, les séances ne sont jamais doublées en journée, à quelques exceptions près. "Au début, je trouvais ça assez surprenant par rapport à ce que j’ai connu ailleurs, reconnaît Anthony Moris. J’étais même sceptique, mais j’ai directement adhéré, parce qu’on donne tout sur la séance du jour."
Une analyse appuyée par Thibaut Meyer, le préparateur physique des Unionistes depuis cette saison. "Plutôt que de regarder le nombre de séances, ce qui nous intéresse, c’est la charge qu’on y applique. On a opté pour une seule, très intense, de deux heures, où les joueurs doivent se donner à fond. Vous savez, parfois, quand il y en a une deuxième l’après-midi, les joueurs ont tendance à être dans la réserve sur la première."
"On ne calcule pas, reconnaît Moris. Et, de toute façon, il y a le GPS avec lequel on s’entraîne pour vous rattraper si vous n’avez pas couru assez. Dante (Vanzeir) est d’ailleurs souvent celui qui a droit à quelques séances de course supplémentaires à la fin de l’entraînement", sourit-il.
Et puis il y a ces fameux deux jours de congé, voire trois, accordés par Mazzù à même la pelouse; un rituel désormais célèbre et qui fait rire les joueurs après les victoires, ou les beaux matchs nuls, comme dimanche passé. Voilà une autre pratique qui casse les codes. "Je dois dire que j’ai découvert cette façon de faire cette année", poursuit le préparateur, qui officiait à Eupen la saison passée, mais a aussi été actif au Paris FC ou encore à Nancy. "Le principe de ces pauses qui permettent de recharger les batteries fonctionne. Les joueurs reviennent avec une énergie positive. Mais, attention, quand on dit qu’il y a deux jours de congé, ce n’est pas tout à fait exact. Seuls les titulaires ne s’entraînent pas à J + 2, les remplaçants bien. Et ils viennent de toute façon au club pour des soins, bains froids et autres massages de récupération."
En contrepartie, il faut répondre présent dès la reprise, le mercredi. "On sait qu’on doit rendre la confiance que le coach nous accorde avec ces congés en étant à 100% dès le premier entraînement, explique Anthony Moris. On doit directement mettre de l’intensité pour préparer le match suivant. À mi-saison, un joueur que je connais d’un autre club m’avait avoué qu’ils en étaient déjà à plus de 200 séances d’entraînement depuis le début de l’année et qu’ils étaient lessivés. Cela peut user mentalement et amener à un point de non-retour avec l’entraîneur."
Plus de 200 sprints à haute intensité à l’Antwerp
Au-delà de ces grands principes, les résultats unionistes et, surtout, le contenu des deux premiers matchs des playoffs valident l’approche. "On était parti en stage en Espagne à la fin de la phase classique pour préparer les playoffs de façon optimale, explique Thibaut Meyer. Ici, les signaux sont toujours au vert. Les performances physiques des joueurs ne sont pas en baisse, malgré une intensité qui est bel et bien supérieure à la phase classique."
Face à l’Antwerp, les Unionistes ont couru 114,4 kilomètres, contre 112,9 à l’adversaire, d’après les statistiques officielles de Stats Perform. Mais c’est surtout au niveau des sprints à haute intensité que la différence se marque le plus: 205 côté bruxellois, contre 184 pour le Great Old. Oui, l’Union semble bien prête à enchaîner deux finales en quatre jours face au Club Bruges.