Le père de Kristian Arnstad revient sur l'évolution de son fils : « Il sera le vrai Kristian après 10 000 heures d’entraînement »
Roar Arnstad, le père de Kristian, revient sur les 18 derniers mois de la carrière de son fils.
- Publié le 02-05-2022 à 18h13
- Mis à jour le 02-05-2022 à 18h47
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4 octobre 2020. D’un côté, Kristian Arnstad, 17ans. En face, Ruud Vormer, 32 ans, et Hans Vanaken, 28 ans et deux Souliers d’or. Les débuts du jeune joueur d’Anderlecht se sont transformés en cauchemar. Dans un Anderlecht qui a sombré (3-0), le Norvégien n’a pu maintenir la tête hors de l’eau.
Un cadeau empoisonné? Pas aux yeux de Kompany qui a lancé cette phrase devenue une de ses plus célèbres punchlines de coach: "Arnstad aura une plus belle carrière que les 21 autres acteurs sur le terrain."
Un pari risqué en parlant d’un gamin qui vivait son premier match. Mais si Kompany avait en fait raison?
Après sa bonne montée au jeu sur le terrain de Courtrai dans un match difficile, Arnstad a reçu sa chance durant près de 90 minutes face au Club Bruges. Une démonstration qui lui a valu le titre d’homme du match.
"Je n’ai malheureusement pas pu venir au match", nous a envoyé par message dimanche soir Roar Arnstad, le père du joueur. Quelques heures plus tard, la voix est claire malgré le manque de sommeil. "J’ai peu dormi tant la rencontre était excitante", sourit-il.
Il a pris du muscle… et des centimètres
La famille Arnstad s’est réunie autour de la télévision pour observer Kristian. "Nous étions super fiers de lui. On connaît les coulisses de l’histoire. Nous savons à quel point il n’est pas simple de passer de jeune joueur prometteur au plus haut niveau. Il a travaillé dur tous les jours."
Et ça se voit. Au niveau de sa carrure, notamment. "J’ai du mal à me souvenir du poids qu’il a pris mais il est désormais à 73 kilos pour 1,74 mètre. Il a d’ailleurs pris quelques centimètres depuis son premier match, fin 2020. Il n’avait pas terminé sa croissance. C’était encore un jeune; il est désormais devenu un adulte."
Arnstad a surtout impressionné chez les espoirs depuis le début de saison. Il a marqué, donné des assists et aidé les jeunes Mauves à valider leur ticket pour la D1B la saison prochaine. Son développement parmi des joueurs de son âge a été crucial et lui a permis de passer un nouveau palier.
Au club, plusieurs personnes disaient de lui qu’il avait un talent fou mais aussi une tendance à trop vouloir en faire. Gourmand dans l’âme, il avait parfois tendance à forcer l’un ou l’autre geste.
Des habitudes qu’il a parfois encore, comme lorsqu’il décide de s’enfoncer dans la défense de Bruges au lieu de glisser le ballon à un équipier. Ces moments font office d’exception plus que de règle.
La grinta en lui
Arnstad a le sens du travail et du sacrifice. Les 18 derniers mois ont été marqués par des moments de frustration. S’échauffer avec l’équipe avant de devoir observer le match en tribune. Le moral en prend un coup.
Pour son père, les moments difficiles n’ont fait que le rendre meilleur. "Il a su rester très calme. Il sait qu’il a encore beaucoup de choses à montrer et a toujours respecté les choix de Vincent Kompany. Il possède une grosse mentalité. Il voulait être prêt le jour où il obtiendrait sa chance. Et il a fait le job."
Il lui a fallu dix minutes pour se mettre dans le rythme. Entre les U21 et les Champions play-off, deux éléments font la différence: l’intensité et le temps de réflexion. Il a ensuite osé balancer quelques tacles à des joueurs largement plus expérimentés que lui.
"C’est naturel chez lui, sourit son père. Il est né avec cette grinta."
Il a ensuite pu sortir sa panoplie de gestes techniques. Dont un double contact qui a certainement rappelé au public du Lotto Park les mouvements de certains artistes du passé récent. "Il a un arsenal technique assez large, analyse son père. Il a plus ou moins tout en lui."
Il ne veut toutefois pas résumer son fils à quelques crochets. "Il a un profil assez complet qui me fait penser que le ciel est sa limite. Il a les qualités pour atteindre les sommets. Il a une grosse endurance, une bonne passe et vous verrez bientôt qu’il peut être létal dans et en dehors du rectangle. Il n’est pas passé loin de son premier but (NDLR: sur une frappe placée bien repoussée par Simon Mignolet). Sa facilité à marquer est l’une de ses grandes forces."
Roar Arnstad n’attend pas la question suivante et enchaîne avec une anecdote. "Il devait être en U8 à l’époque et il a réalisé une saison folle. Assists et buts réunis, il avait atteint la barre des 175."
Anderlecht ne lui demande pas d’avoir de tels chiffres chaque année. Juste de devenir le nouveau Yari Verschaeren. Une version 2.0 et améliorée du numéro 10 du RSCA. "Ils ont des profils assez proches", disait Kompany après le match. Un défi de taille qui n’effraie pas le Norvégien.
En négociations pour sa prolongation
Arrivé en grande pompe à Anderlecht avec l’étiquette de prodige, il a toujours été programmé pour réussir. La situation n’est pourtant pas simple pour un gamin habitant loin de son pays natal et ses parents. "Heureusement, il vit dans une chouette famille d’accueil (NDLR: présente au stade). Il prendra logiquement son appartement l’été prochain pour avoir son indépendance. Il a toujours été très mature pour son âge. Il s’est forgé cette maturité à force d’enchaîner les matchs avec l’équipe nationale norvégienne où il s’est souvent vu offrir le rôle de capitaine. Il a aussi été en test dans de grands clubs comme Manchester United. Ces expériences lui ont permis de beaucoup apprendre."
C’est toutefois à Anderlecht qu’il veut percer. S’il n’a pas encore prolongé son contrat (2023), il aimerait poursuivre l’aventure à Bruxelles. "Le projet de l’époque nous avait convaincus et Vincent Kompany lui apporte beaucoup. Il a rendu Kristian meilleur. ."
Le club souhaite avancer rapidement sur le dossier de sa prolongation et lui faire signer un bail de longue durée. Selon nos informations, les discussions sont en cours. "Donnez-lui deux ans, prévient son père. Il aura 20 ans et ses 10000 heures d’entraînement (NDLR: une expression venant d’une étude des années 90 considérant qu’un sportif maîtrise sa discipline après ce cap symbolique). Il aura pris l’expérience nécessaire à son développement. Là, vous verrez le véritable Kristian Arnstad."