Sur la route avec Anthony Moris, le gardien de l’Union St Gilloise : « Je me lève à 6h30, ma voiture est mon bureau »
On a fait la route avec le gardien de l’Union, entre son domicile à Ans et le centre d’entraînement de Lierre.
Publié le 30-04-2022 à 06h00 - Mis à jour le 30-04-2022 à 11h09
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120 kilomètres de route aller, 120 retour. Environ trois heures de voiture chaque jour de travail: Anthony Moris avale les kilomètres entre son domicile liégeois (Ans) et le centre d’entraînement unioniste de Lierre (Anvers). Alors on lui a proposé de covoiturer, pour discuter de la saison de l’Union, de la revanche qu’il prend sur son début de carrière et de l’hygiène de vie qu’il s’impose, aussi. Départ à 6h55. En route.
"Chez les Moris, on se lève tôt, explique-t-il. À 6h35 pour moi et à 6 heures pour ma femme qui s’occupe de notre fille de quatre ans le matin. Puis elle part travailler près de Modave, à 40 minutes de chez nous, dans les ressources humaines. En me levant, j’ai aussi le traditionnel bisou du matin de ma fille."
Le rendez-vous est fixé à Lierre à 9h pour petit-déjeuner avec les équipiers et démarrer l’entraînement à 10h. "Mais je vise 8h20-30, pour pouvoir manger à l’aise et être en salle de fitness dès 9h", explique le gardien qui fêtait ses 32 ans vendredi.
Forcément, avec la route, les obstacles le ralentissent parfois. "Il y a de gros travaux à Lierre, donc je prends l’autoroute Liège-Anvers et pas la E40." Mais ne comptez pas sur le natif d’Habay pour être approximatif sur l’heure d’arrivée. "Je n’ai jamais payé une seule amende de retard de ma carrière. Nos horaires sont plutôt light, donc je me dois d’être à temps. Faire la route, c’est un choix familial car mon épouse, que j’ai rencontrée sur les bancs de l’école et avec qui je suis en couple depuis mes seize ans, a beaucoup voyagé au fil de ma carrière et avait envie de travailler, pas juste de s’occuper d’un enfant à la maison. Donc je dois assumer cela et arriver à l’heure. J’ai été éduqué comme ça. Quand j’ai eu dix ans, j’ai accepté une proposition du Standard, mais j’étais trop jeune pour aller à l’internat à Liège, alors mon père, puis mon grand-père me conduisait tous les jours. Et mon grand-père refusait que j’arrive en retard."
Avec, déjà 130 km au compteur. "La route, au final, je m’y suis habitué. La voiture est mon bureau. Pourtant, j’avais toujours l’habitude de dire qu’un footballeur devait habiter à un quart d’heure de son lieu de travail, donc j’avais déménagé à Liège à 18 ans chez les beaux-parents de ma femme qui ont eu la gentillesse de m’héberger, puis à Flémalle (à quelques kilomètres de Sclessin), puis à Malines et à Virton. Quand je suis venu à l’Union, je suis retourné à Malines. Mais en fin de saison passée, on a fait le choix familial de rentrer sur Liège car notre fille allait entrer à l’école."
«Je vois peu ma famille vu mon rythme de vie»
Dans la voiture, il a ses rituels. La radio, notamment, qu’il écoute entre Vivacité et Bel RTL. "J’aime me tenir informé. J’ai aussi l’habitude d’appeler mon grand frère à l’aller une à deux fois par semaine. Il habite près d’Habay et travaille au Luxembourg… mais met plus d’1h30 pour faire 50 kilomètres. Pourtant je suis quelqu’un qui déteste les coups de fil à rallonge. Je vois peu ma famille – j’ai quatre frères et une sœur – vu mon rythme de vie, entre les entraînements, les matchs de club et ceux avec le Luxembourg."
Après l’entraînement de 10h à 11h30 et le repas de midi au club, Anthony Moris est de retour dans sa voiture à 13h et à la maison vers 14h20. "Je sieste toujours en rentrant. C’est l’entraînement invisible. Puis je vais cherche ma fille à l’école. C’est une chance de pouvoir le faire parce qu’on s’entraîne un seule fois par jour à l’Union."
Et si les fameux jours de congé octroyés par Mazzù sont devenus célèbres, cela ne veut pas dire grasse matinée, pour le gardien. "Non, jamais. J’éprouve tellement de plaisir à me lever pour conduire ma fille à l’école. Même ma femme me dit que je suis un papa assez envahissant (rires)."
Quand on est sportif professionnel et qu’on se lève à 6 heures du matin, les soirées sont plutôt courtes. "J’en suis désolé pour ma femme, mais on ne sait jamais regarder de série ou de film ensemble sinon je m’endormirais au milieu. Je suis au lit à 22h15 maximum. Et même pour les demi-finales de Ligue des champions, il n’y a pas d’exception. Je suis monté à 3-2, mardi soir et j’ai appris le score de City-Real mercredi matin. Il me faut mes 8 heures de sommeil par nuit et 9h30 les veilles de match."
On verra si le deuxième enfant, attendu pour juillet, bousculera les habitudes.
Les règles d’hygiène ne concernent pas que le sommeil. L’alcool aussi est strictement réglementé. "J’aime prendre un verre à l’occasion et j’ai fait des études de sommelier. J’avais déjà l’habitude de ne plus rien boire deux jours avant les matchs et ici, avec le rythme que je mène et le retour en D1, je veux que mon physique soit encore plus au top. Sur une semaine, je vais juste m’octroyer un jour ou deux où je peux boire un verre en fonction des congés."
8h26, nous voilà au centre d’entraînement. "Je petit-déjeune toujours d’un kiwi, de deux tartines de confiture à la fraise, d’un yogourt, d’un café et d’un jus d’orange… auxquels je rajoute des œufs la veille et le jour du match."
Le petit-déjeuner des champions? On le saura dans trois semaines.
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