Nouveau stade du Sporting Charleroi: plus que 1215 fois dormir
Tandis que le permis pour le nouveau stade devrait être rentré pour fin de semaine, nous avons visité le site, à Marchienne-au-Pont.
Publié le 06-04-2022 à 07h00
Mardi 15 mars, vers 10h. Marchienne-au-Pont. Le ciel gris ne dénote pas au-dessus de ce site chargé d’histoire, entre le récent rond-point de la rue de Mons et la Sambre, où, dès 1834, la société Aciéries et Minières de la Sambre Nord (AMS Nord) y installa des hauts-fourneaux et fours à coke, jusqu’en 1970.
"Depuis 2006, un centre de traitement des scories (NDLR: résidus métallurgiques) issues de l’industrie sidérurgique occupe une grande partie du site", rappelait en septembre 2021 la Société publique d’aide à la qualité de l’environnement (SPAQuE).
Le va-et-vient est régulier. Un camion, benne chargée, quitte l’esplanade où sera érigé le nouveau stade du Sporting de Charleroi. Aujourd’hui, elle ressemble encore à un vaste terrain vague abandonné. On se sent tout petit devant ces buttes de gravats et de déchets qu’il faut évacuer.

La «Porte Ouest»
L’érection du stade –que la direction du club avait longtemps souhaitée à Gosselies– est une aubaine pour la Ville, qui a poussé pour le site de Marchienne-au-Pont. Le stade représente en effet le projet central du plan "Porte Ouest" cher au bourgmestre socialiste Paul Magnette. Un plan dont l’objectif est d’insuffler une nouvelle dynamique à cette entrée sur Charleroi mais qui nécessite, en amont, une fameuse dépollution. Qui coûte cher. En temps et en démarches administratives.
Il y a plusieurs mois déjà, la SPAQuE a entrepris deux campagnes de forages pour analyser les sols, les eaux souterraines, et soumettre la meilleure méthode pour les assainir. Elles sont financées par le plan Marshal, ont déjà commencé, et devraient s’achever fin 2023. Un ruisseau sous-terrain qui va se jeter dans la Sambre a aussi posé problème. Il devra être dévié ou condamné.
Le Covid a également retardé toute une série de marchés publics avec, comme conséquence, un retard global qui avoisine actuellement au bas mot les six mois. Charleroi n’entamera donc pas la saison 2024-2025 dans sa ZebrArena – nom actuel mais qui devrait céder au naming, plus rentable –, mais plutôt la suivante. Plus que 1215 fois dormir, environ. Si le stade est terminé avant l’été 2025, des événements pourraient y être organisés en guise de répétitions générales.
Un toit inédit
Nous continuons la visite. À pied, sur un asphalte neuf, direction le sud-ouest du site. Un pont surplombant la Sambre a déjà été construit grâce aux Fonds européens de développement régional (Feder). Il offrira un accès supplémentaire et devra notamment absorber une partie de l’afflux de véhicules se rendant au stade. Une vaste zone de parkings est également prévue sur le site (voir photo).
La Région wallonne a prévu 18,7 millions € pour les commodités (accès, parking…)
Une pancarte renseigne que le marché pour l’assainissement des sols sous cette voirie de désenclavement a été attribué pour un montant de 1,45 million euros TVAC. Plus largement, la SPAQuE nous indique que la Région wallonne a prévu une enveloppe de 18,7 millions d’euros qui serait principalement dédiée aux commodités entourant le stade (accès routiers, égouttage, parking…).

Le Sporting a, lui, budgétisé la construction du stade à proprement parler entre 60 et 65 millions d’euros, financés en fonds propres et amortis en 30 ans, selon les prévisions. Les sociétés Besix (construction) et Belfius (banque), déjà partenaires du club, sont également impliquées dans le projet.
Pour l’instant, même les esprits les plus créatifs peinent à imaginer ici l’implantation de l’édifice confié au bureau d’architectes Mariotti&associés, basé à Metz (France). Mais les dernières maquettes dévoilées font rêver.
On y voit un stade ultramoderne, doté d’un toit inédit en Europe, transparent et permanent; et d’une capacité variable selon le type d’événements qui s’y dérouleront. Car si les matchs du Sporting représenteront évidemment l’activité majeure sur place – avec une assistance maximale de 20000 spectateurs –, l’enceinte sera multi-usage. Il est prévu qu’elle puisse accueillir des spectacles, dont des concerts, grâce à une tribune amovible derrière l’un des buts qui laissera place à une grande scène. Ce qui augmentera légèrement la capacité à environ 22000 places.
Des contacts avec le géant Live Nation ont été noués pour une collaboration. On tablerait sur une quarantaine de dates par an, avait estimé l’administrateur délégué du Sporting, Mehdi Bayat, en septembre 2019.
À pied et en bateau
On jette un œil en contrebas du pont. Le halage doit permettre une mobilité douce pour se rendre au stade. L’idéalisme pousse dirigeants et politiques à également imaginer une halte en bateau. Pourquoi pas.
On repart vers le rond-point. De l’autre côté de la route, on aperçoit la station de métro "Moulin". Elle offrira une énième alternative d’accès.
D’ici là, des centaines d’autres camions chargés auront emprunté le rond-point. Le Sporting souhaitait rentrer le permis pour fin mars. Ce sera finalement pour ce vendredi 8 avril au plus tard. La construction du stade en elle-même ne devrait pas débuter avant début 2024, – le parking et l’esplanade suivront –. Mais elle annonce en tout cas un avenir plus radieux que la météo de ce mardi-là.