Karel Geraerts: "Je vois plus souvent Felice que ma femme"
Karel Geraerts est un entraîneur adjoint heureux, à l’Union. Il explique sa complicité avec Felice Mazzù.
Publié le 18-03-2022 à 07h03
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Karel Geraerts n’est pas du genre à compter ses heures. L’entraîneur adjoint de Felice Mazzù, qui habite à Bruges, démarre à 6 heures du matin pour rallier le centre d’entraînement de l’Union, à Lier. Bien souvent, la nuit est déjà tombée quand il rentre chez lui après une grosse journée de travail et presque deux heures de route au retour.
Mais le jeu en vaut la chandelle et les fruits du travail sont bien visibles. Comme quand, fin janvier, Casper Nielsen offrait la victoire dans le derby face à Anderlecht sur une phase préparée en semaine par Geraerts. À trois journées de la fin de la phase classique, l’ancien joueur de Bruges et du Standard détaille son travail d’adjoint, sa relation avec Mazzù et ses aspirations pour le futur.
Son rôle d’adjoint
On a beaucoup parlé de vous après le but de Nielsen sur phase arrêtée face à Anderlecht. Quel est votre rôle dans la préparation d’un match?
Je m’occupe souvent des phases arrêtées : je regarde quand des espaces sont laissés par les adversaires et quand il est possible de profiter d’une situation. Je prépare alors des idées de combinaisons qui sont toujours discutées avec tous les membres du staff. Notre analyste Sandro Salamone fait, lui, un gros travail d’analyse sur l’adversaire. D’autres membres du staff s’y intéressent aussi et Sandro rajoute les remarques dans sa compilation. Nous communiquons tout le temps. Sur chaque domaine, on pose des questions et on donne son avis.
Le but de Nielsen à Courtrai est aussi venu d’une de vos analyses?
Oui, j’avais vu qu’ils laissaient un espace devant le grand rectangle. J’ai avancé cette solution aux joueurs, qui l’ont bien intégrée et qui l’ont ensuite parfaitement exécutée. Ils sont très ouverts aux solutions qu’on leur propose. Et c’est très plaisant quand ils réussissent sur le terrain une situation de but travaillée pendant longtemps durant la semaine.
Quel est votre rôle durant les rencontres? On vous voit souvent venir parler à l’oreille de Mazzù.
J’écoute tout ce que les membres du staff disent sur le banc et je filtre ce qui est important avant d’aller le partager avec Felice. Quand je vais lui parler, cela peut être une suggestion, une remarque ou un point tactique en particulier. En fonction de la situation, on décide alors d’agir ou non. Avant les rencontres, j’essaye de toucher les joueurs en trouvant les bons mots au bon moment pour qu’ils soient motivés et concentrés dès qu’ils montent sur le terrain. Parfois, il faut avancer un long discours et parfois il ne faut rien dire du tout.
Quelles sont vos grandes forces en tant qu’adjoint?
Le fait d’avoir été un ancien joueur professionnel m’aide au quotidien. Je sais ce qu’ils vivent sur le terrain, face à la presse, face aux supporters et je comprends certaines de leurs réactions dans des situations bien précises. Je pense aussi être quelqu’un de fidèle. Je suis très reconnaissant envers Felice, qui m’apprend beaucoup et qui me respecte énormément. Quand je me sens respecté, je fais pareil.
Sa relation avec Mazzù
Malgré les seize ans d’écart, vous semblez très proches l’un de l’autre…
Felice est plus âgé que moi sur papier, mais il est encore très jeune dans sa tête. Il a bien évolué avec le temps et est très moderne. C’est quelqu’un de très respectueux et très ouvert. L’aspect humain est primordial pour moi. J’avais eu une bonne relation avec Thomas Christiansen (NdlR : l’ancien entraîneur de l’Union), mais celle avec Mazzù est très particulière. Nous avons une grande confiance l’un envers l’autre, ce qui est assez rare dans le monde du football.
Quelle relation entretenez-vous en dehors des heures de travail?
Nous avons un groupe WhatsApp avec les membres du staff dans lequel nous échangeons régulièrement. Il nous est arrivé d’aller manger avec nos femmes respectives, mais nous essayons quand même de passer le peu de temps qu’il nous reste en dehors du football avec nos familles respectives. D’autant que j’habite à Bruges et qu’il habite du côté de Charleroi. Mais je peux vous dire que je vois plus souvent Felice que ma femme (rires).
Mazzù expliquait récemment qu’il avait déjà pensé à vous comme adjoint lors de votre époque commune à Charleroi, quand vous étiez encore joueur…
Quand je suis arrivé à Charleroi, j’avais discuté avec Felice et avec Mehdi Bayat. Mon rôle était d’aider l’équipe sur le terrain mais aussi en dehors. Je savais que je n’étais pas venu pour être un titulaire indiscutable. Mazzù m’avait expliqué la situation, je l’avais facilement acceptée et cela lui avait plu. Dans ma tête, les choses étaient claires : j’étais là pour le groupe et pas pour ma personne.
Le rôle d’entraîneur principal
Peut-on s’attendre à vous voir entraîneur principal dans les prochaines années?
Je répète souvent que tout peut aller très vite en football, de manière positive mais aussi négative. Actuellement, je me sens très bien en tant qu’adjoint de Felice et je sais que je peux encore beaucoup apprendre à ses côtés. Mais je sais aussi que j’aurai confiance en moi-même le jour où on me demandera de devenir entraîneur principal quelque part. C’est un objectif, mais je ne veux pas aller trop vite.
Peut-on dire qu’il est plus facile d’être entraîneur adjoint qu’entraîneur principal?
C’est clair qu’un adjoint a moins de responsabilités. Les choix se discutent entre tous les membres du staff, mais c’est le T1 qui prend la décision finale. Il y a beaucoup plus de pression, mais ce n’est pas pour cela que c’est invivable. Si tu n’aimes pas vivre avec la pression, parler à la presse ou devoir faire des choix, il ne faut pas devenir entraîneur principal. Il faut vivre le football à fond pour l’être.