Mykha, l'Ukrainien du Sporting d'Anderlecht, prie pour ses parents
Avec le soutien du Sporting, l’Ukrainien Bohdan Mykhaylichenko affiche son professionnalisme. Tout en souffrant en silence.
Publié le 09-03-2022 à 07h05
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Bohdan Mykhaylichenko (24 ans), l’arrière gauche ukrainien d’Anderlecht, est en train de vivre les émotions les plus extrêmes de sa jeune carrière de footballeur. Tandis que la guerre déclarée par la Russie à son pays entraîne des centaines de morts par jour, l’arrière latéral est acclamé par le public anderlechtois et chouchouté par ses équipiers.
Avant le début de l’invasion, Mykha avait d’autres soucis, d’ordre sportif ceux-là. Transféré de Luhansk – une région de l’est du pays, où les combats les plus intenses font rage – l’arrière gauche a été relégué sur le banc des réservistes depuis l’arrivée de Sergio Gomez. Son bilan de la saison 2021-2022, toutes compétitions confondues? Réserviste à 32 reprises et 5 places de titulaire, dont 3 au poste d’arrière droit où, comme gaucher, il ne se sent pas à l’aise.
Mykha n’a donc pas souvent eu à se réjouir cette saison. Vu qu’il est international (6 capes) et que son ex-club, le Zorya Luhansk, disputait la Coupe d’Europe, il était venu à Anderlecht pour jouer. En janvier, il a demandé à pouvoir quitter le Sporting – il y avait de l’intérêt d’autres clubs – mais Anderlecht a refusé, vu que Vincent Kompany n’a déjà pas beaucoup d’alternatives pour ce qui est des arrières latéraux.
En interne, le brave Mykha n’a jamais cherché la polémique. En partie en raison de sa connaissance limitée de l’anglais, il est décrit comme un garçon discret qui préfère garder ses problèmes pour lui. Quand la guerre a éclaté, il a continué à se comporter de façon professionnelle, même si les nouvelles en provenance de son pays ont évidemment eu un énorme impact sur lui.
La femme de Mykha habite avec lui en Belgique mais ses parents sont encore en Ukraine. Ils habitent près de l’aéroport international Boryspil, à 40 kilomètres du centre de Kiev. L’aéroport a été une des premières cibles des Russes, au début de la guerre, mais entre-temps, ce quartier n’a plus trop été visé. Jusque-là, ses parents ont fait le choix de ne pas quitter le pays, contrairement aux quelque deux millions d’Ukrainiens qui ont déjà fui le pays.
Comme toujours quand un de ses joueurs connaît des problèmes privés, Anderlecht essaie de le soutenir au mieux. Après avoir ouvert la marque en tout début de match contre Eupen, Amir Murillo est allé embrasser Mykhaylichenko sur le banc, suivi par Refaelov et Ashimeru. Et puis, il y a eu cette ovation touchante à la 85e, quand Mykha a pu remplacer Gomez sous les chants assourdissants du public. Dimanche, contre Ostende, il a été préféré à Sardella pour remplacer Murillo, suspendu. Là aussi, son nom a été scandé à plusieurs reprises.
Mykha a fortement apprécié les encouragements du public – il l’a montré en applaudissant en retour – mais il n’est pas aussi expressif que le Gantois Bezus, par exemple. Ses émotions, il parvient à les canaliser.
14 851€ de recettes provisoires pour la vente des maillots
Il a également approuvé le geste du Sporting qui vend aux enchères les maillots portés lors de la demi-finale retour d’Anderlecht face à Eupen – avec le drapeau ukrainien sur la poitrine – et dont la recette sera intégralement versée à SOS Villages d’Enfants, qui vient en aide aux enfants et aux familles en difficulté en Ukraine.
Ce mardi, la recette provisoire était de 14 851€. Le maillot de Zirkzee (825€) est le plus populaire, devant celui de Gomez (800€), Mykhaylichenko (775€), Verschaeren et Refaelov (725€).
Mykhaylichenko fait sans doute des dons de son côté, mais il est bien trop modeste et discret pour en faire part au grand public. Comme sur un terrain de football, il préfère apporter sa pierre à l’édifice tout en demeurant dans l’ombre.