Qui est Valentine Ozornwafor, le défenseur de Charleroi frappé au visage par Vanzeir?
Gernot Rohr, qui a lancé le Nigerian en équipe nationale, estime que c'est un garçon adorable.
- Publié le 22-02-2022 à 07h26
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Les projecteurs se sont braqués sur lui à "l'insu de son plein gré". Il aurait aimé occuper le devant de la scène pour des raisons sportives mais c'est à cause du coup de poing adressé par Dante Vanzeir que toute la Belgique connaît désormais Valentine Ozornwafor.
Les spectateurs du Mambourg avaient déjà mis une image sur ce nom depuis l’été dernier ou plutôt dans les faits à partir du 19 décembre. Arrivé dans les dernières heures du mercato, le joueur prêté par Galatasaray a dû patienter quatre mois avant d’effectuer ses grands débuts au Royaume pour un baptême de 19 minutes provoqué par la blessure de Bessile.
"Val a été patient. Il a débuté avec un retard physique, l’avait défendu Edward Still à la veille du match face au Club Bruges. Or, les exigences dans le football ne se retrouvent pas uniquement dans le volume ou sur la condition de fond. L’intensité constitue un point indispensable pour répéter les sprints. Il a énormément travaillé là-dessus."
Une adaptation au jeu belge compliquée
Le Brabançon ne semblait pourtant guère convaincu par le Nigérian, optant même pour une défense à quatre inhabituel avec le jeune Lokembo et sans Ozornwafor face à OH Louvain alors que le secteur défensif comportait pléthore d’absences ce jour-là.
"Ses réflexes défensifs n’étaient pas toujours bien dirigés. Il fallait perfectionner la position de son corps qui le plaçait en difficultés. Une fois que cela a été réglé, on a dû l’intégrer au jeu collectif avec et sans ballon. On le savait quand on l’a recruté. Nous étions prêts à assumer que son adaptation dure des mois."
S’il a forcément mal vécu de devoir attendre aussi longtemps sa chance, Ozornwafor est resté fidèle à son caractère. Doté d’une gentillesse innée, le joueur de 22 ans est apprécié par le vestiaire même s’il est assez timide et discret.
Le "Super Eagle" a profité de la trêve hivernale et du coup de moins bien de Stelios Andreou pour s’installer dans le onze de base et pour ne plus le quitter jusqu’au coup de poing du Diable rouge. L’ex-Genkois n’a pas supporté le tirage de maillot du carolo et a perdu ses nerfs.
Juste avant, Ozornwafor s’était accroché avec Lazare après un duel physique engagé. Ces caractéristiques de battant livrant des batailles âpres et rudes mais toujours à la régulière trouvent leur source dans une jeunesse loin d’être facile, marquée par la pauvreté. "Parfois, je n’avais rien à manger après les matchs. J’ai commencé à jouer pieds nus", nous confiait-il fin décembre.
Pour sortir de ce marasme social encombrant, le jeune Valentine est conscient que le ballon rond représente la plus belle opportunité pour changer de statut. À l’académie d’Enyimba où les formateurs le façonnent, un éducateur joue un rôle important dans son développement.
"Un coach a cru en moi. Je commettais des erreurs. Il ne cessait de me crier dessus. Je croyais qu’il me détestait mais il voulait en fait faire ressortir le meilleur de moi-même. Je l’ai compris bien après mais il a été déterminant dans mon parcours. C’est là où j’ai pris conscience de mon potentiel."
Galatasaray s’en aperçoit lors d’un tournoi en Pologne disputé par le défenseur central. Gernot Rohr le constate plus vite que les entraîneurs du club turc et d’Almeria. Le technicien franco-allemand lui offre ses premiers pas en sélection nationale alors qu’il n’a pas disputé la moindre minute chez les professionnels. "C’est un élément que j’apprécie beaucoup. C’est un gaucher qui dispose de nombreuses qualités surtout à la relance et dans le jeu long mais aussi physiquement grâce à sa grande taille. Il peut compter sur un avenir prometteur."
Un garçon attachant et adorable
Depuis son domicile en France, l’ancien sélectionneur du Nigeria apprend avec stupéfaction l’incident qu’a subi son ancien protégé. "Je vais directement prendre de ses nouvelles auprès de lui. C’est regrettable. Valentine est un garçon adorable. Il est un homme intègre aux qualités humaines indéniables."
Fervent croyant, le Zèbre devrait pardonner à Vanzeir son geste insensé même s’il n’a pas encore repris l’entraînement ce lundi comme l’a prétendu l’Unioniste. "Je suis désolé si je n’ai pas pu prendre tous vos appels. Je vais bien et je suis encore fort. Merci pour vos prières et vos marques d’encouragement", a-t-il posté ce dimanche à sa sortie d’hôpital après avoir perdu connaissance à deux reprises sur la pelouse du Mambourg.
Le numéro 25 du Sporting souhaite tourner la page pour continuer à enchaîner les prestations sur le terrain. Pour que son nom ne soit pas assimilé durant toute sa carrière en Belgique à la frasque de Vanzeir comme l’a vécu de manière contrainte et forcée Krist Porte avec Gilles de Bilde.
Avec ses qualités intrinsèques, ce ne serait que justice.