4 questions autour d'Amir Murillo, le talisman d'Anderlecht
Dimanche, Amir Murillo retrouve Genk, le seul club belge qui lui a fait connaître la défaite cette saison.
Publié le 17-02-2022 à 06h26
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Genk a une particularité unique cette saison: le Racing est le seul club belge à avoir battu Anderlecht avec Amir Murillo titulaire. C’était fin août, juste après l’élimination européenne et le transfert avorté du Panaméen au Spartak Moscou. Près de six mois plus tard, les Limbourgeois se dressent à nouveau face au Sporting et, sauf blessure de dernière minute, Murillo sera dans le onze de base. Restera-t-il le porte-bonheur des Mauves? Ce n’est pas la seule question qu’on peut se poser à propos du back droit.
Est-ce un hasard qu’il soit le talisman? NON
Du simple au triple entre Murillo (1862 minutes) et son dauphin (699 minutes), en termes de minutes jouées sans être battu cette saison au Sporting. Hasard ou pas? On peut préciser que le Panaméen n’était pas titulaire lors des deux défaites contre le leader unioniste mais il est impossible de ne pas lier l’absence de Murillo et le résultat final. Pour deux raisons.
D’abord, les doublures au poste de back droit ne sont pas au niveau. Le gaucher Mykhaylichenko, déjà moins bon au départ, devient encore moins performant quand on le place sur son mauvais pied. Et Sardella joue avec tellement peu de confiance qu’il n’a jamais pu s’exprimer lors de ses rares sorties. Affirmer que le Sporting joue à dix quand Murillo est absent serait exagéré mais l’idée est là quand même.
Le constat a une seconde conséquence : Gomez est moins dangereux quand Murillo n’est pas de l’autre côté. L’adversaire peut plus facilement se concentrer sur les percées de l’Espagnol quand le Panaméen est absent. Sur les six matchs loupés par Murillo en championnat cette saison, Gomez n’a marqué qu’un but (sur penalty) et donné une passe décisive. Loin de la moyenne de ses stats.
Mérite-t-il autant de compliments que Gomez? NON
L’explosion de Gomez à gauche éclipse un peu la belle saison de Murillo à droite. Mais, malgré ses stats de quasi-invincibilité, il serait erroné de mettre le Panaméen au niveau de l’Espagnol. Les chiffres prouvent que Gomez est plus performant. Offensivement mais aussi défensivement.
Dans une capsule amusante diffusée en début d’année, le RSCA opposait Murillo et Gomez sur une série de thèmes. À la question : qui est le meilleur défenseur des deux, l’index de Gomez et de Murillo ont pointé le back droit. Sans hésitation. Les données data disent pourtant plutôt l’inverse. Hormis les duels aériens où Murillo fait valoir son gabarit, l’Espagnol récupère plus, remporte plus de duels et perd moins souvent le ballon. La différence n’est pas immense mais suffisamment significative dans un secteur où l’ancien médian de Barcelone et Dortmund a quasi tout à apprendre.
Offensivement, Gomez est aussi au-dessus, sans surprise cette fois. Outre les buts (5 contre 1) et les assists (10 contre 4) en championnat, il réussit plus souvent ses dribbles et ses passes. Le tout en en envoyant plus de deux fois plus de centres.
Le RSCA doit-il tenter de le conserver? NON
Vendredi passé, Murillo a fêté son 26e anniversaire. Ce qui fait déjà de lui le sixième joueur de champ le plus âgé du groupe. Un cap qui ressemble à un tournant. S’il reste à Anderlecht au-delà de cette saison, il deviendra plus difficile de le vendre à un bon prix. Le business du foot moderne apprécie modérément ceux qui s’approchent doucement mais sûrement de la trentaine.
À Neerpede, l’idée n’est de toute manière pas de le conserver après cette saison. Murillo aimerait un nouveau défi l’an prochain. Il le voulait déjà pour cette saison, mais le RSCA avait refusé au dernier moment son transfert au Spartak Moscou. Parce que cela tombait la même semaine que les départs de Sambi Lokonga et de Nmecha. La direction ne voulait pas envoyer un mauvais signal aux supporters en pleine campagne d’abonnement. "Il était très déçu, reconnaît Edgaro Ruben Carles Cal, son agent. Mais il a fini par tourner le bouton et il le prouve avec une très bonne saison."
Si le Sporting avait osé dire non à la belle offre russe, c’est aussi parce que Murillo avait prolongé son contrat jusqu’en 2025 quelques mois plus tôt. "On sait qu’il aura encore de la valeur cet été", nous expliquait Peter Verbeke il y a quelques semaines. Mais le mercato estival 2022 pourrait bien être la dernière fenêtre pour espérer une grosse plus-value sur un garçon arrivé de MLS il y a deux ans pour 877 000€. Ce qui n’est pas négligeable vu l’état des finances du club.
Peut-il viser plus haut que le championnat russe? OUI
Le Spartak Moscou reviendra-t-il à la charge cet été pour Murillo? Peut-être mais pas sûr que l’actuel neuvième du championnat russe soit vraiment séduisant pour le Panaméen. "Est-ce qu’Amir aimerait jouer dans un des grands championnats d’Europe? Bien sûr mais il sait que ça ne sera possible qu’en étant le meilleur back droit de Belgique", précise son agent. Est-ce le cas? À part le Brugeois Mata, personne n’est meilleur que Murillo et il n’est pas impossible qu’un club allemand ou anglais (il entre dans les critères de recrutement post-Brexit) tente le coup.
Reste à savoir ce que privilégiera Murillo. Avant de prolonger à Anderlecht, il n’était pas dans le top 10 des plus gros salaires. Et avant ça, il ne gagnait pas beaucoup d’argent en MLS. À 26 ans, il sait que le moment est venu de signer le plus gros contrat de sa carrière, celui qui doit rendre son après-carrière plus confortable. Et en la matière, les Russes peuvent avoir des arguments séduisants.