Smail Prevljak (Eupen) est l'invité du samedi : "Oui, j'ai parlé avec Anderlecht"
Interview à cœur ouvert de Smail Prevljak, le buteur d’Eupen. "J’ai marqué 32 buts? C’est trop peu…"
Publié le 05-02-2022 à 07h36
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On nous l'avait décrit comme étant un garçon timide et réservé qui parle à peine l'allemand. "Pas un très bon client pour une interview." Or, notre entrevue avec Smail Prevljak (26 ans) nous a agréablement surpris. Entre les deux matchs contre Anderlecht, le buteur d'Eupen nous a accueillis chaleureusement au Kehrweg et nous a donné assez de matière pour une excellente interview. En allemand parfait
Le penalty offert par le Var
Tout d'abord l'actualité, le 2-2 contre Anderlecht en Coupe et le penalty tardif accordé à Anderlecht par le Var. Prevljak. "Notre T2 (NdlR : Kristoffer Andersen, le fils de l'ex-Anderlechtois Henrik) m'avait dit qu'il y avait penalty. Je suis donc rentré chez moi en étant résigné. Mais entre-temps, les messages affluaient sur mon portable de gens qui disaient que c'était un scandale. J'ai allumé la télévision et je n'en croyais pas mes yeux. C'était penalty, ça? Est-ce que la faute de l'arbitre était telle que le Var devait intervenir? Pourquoi est-ce que l'arbitre n'a pas été regarder l'écran?"
"Après le match, on était tous tristes. Maintenant, on en rigole déjà un peu. Beaucoup de joueurs ont une capture d’écran de la phase sur leur portable. Mais bon, on a montré qu’on pouvait rivaliser avec Anderlecht. Tout reste possible au retour."
L’intérêt d’Anderlecht
Avec un peu de chance, Prevljak se serait retrouvé dans le camp adverse. Il nous était revenu qu'il était une des cibles d'Anderlecht pendant le dernier mercato. Prevljak, un peu surpris. "Euh… Oui, cette information est correcte. J'ai parlé avec quelques personnes d'Anderlecht. Mais le deal ne s'est pas fait. Les raisons, je les garde pour moi. Ce n'est pas grave. Je suis bien à Eupen, j'ai encore un an et demi de contrat."
Sans doute que le prix de transfert était l’obstacle principal. Eupen a payé le montant record de 2 millions pour Prevljak et aurait probablement voulu récupérer un montant supérieur.
Par contre, Anderlecht le charme. "J'aime la philosophie de Kompany. C'est le meilleur football de Belgique. Et le jeu de pressing, je le connais bien. Au Red Bull Leipzig et ensuite à Salzbourg, on ne faisait que ça." La Serie A le passionne aussi. "J'aime le football tactique. Le match de jeudi, par exemple, est intéressant à analyser, avec deux styles de jeu différents."
32 buts à Eupen
L'intérêt d'Anderlecht n'est pas étonnant. Prevljak est un vrai renard de surface. "Combien de buts j'ai marqué depuis mon arrivée à Eupen, il y a exactement deux ans? Euh… 35? La bonne réponse est 32? Cela ne me satisfait pas. Je veux marquer plus que cela. Mon job est de marquer."
Prevljak est comme un aimant dans le rectangle adverse : il attire tous les ballons. "Vous savez pourquoi j'ai un long nez?", rigole-t-il. "Je sens où les ballons vont arriver."
Haaland, son ami Red Bull
Prevljak est arrivé à Leipzig quand il avait 18 ans. "Le club venait de monter de D4 en D3. Je me demandais dans quel petit club j'allais débarquer. Jusqu'au moment où j'ai vu l'école des jeunes. Et les entraînements étaient incroyables. En D4, le club parlait déjà de participer à la Ligue des champions."
À Salzbourg, l'autre club de Red Bull, il a reçu plus de temps de jeu et il a gagné quatre titres et trois Coupes. En 2019-2020, il était en concurrence avec un certain… Erling Haaland. "Dommage que je me sois blessé en début de saison. On n'a jamais pu jouer ensemble."
Par contre, en déplacement au LASK, Haaland est monté au jeu pour Prevljak. "On était et on est encore amis. Oui, on se contacte souvent. Dortmund n'est pas loin d'Eupen. On s'était dit qu'on s'enverrait un maillot. Je lui en ai envoyé un d'Eupen. Lui, il m'en a envoyé quatre de Dortmund."
Prevljak confirme que Haaland est un phénomène. "Même à 19 ans, il attachait énormément d'importance à tout. À la nourriture, à la boisson et à la… couleur rouge. Il avait un écran rouge sur son portable, il mettait des lunettes avec des verres rouges, il avait des lumières rouges à la maison. Parce que cela fatiguait moins ses yeux."
Dzeko, son ami bosnien
En équipe nationale, il est entouré par deux autres vedettes, Edin Dzeko et Miralem Pjanic. "C'est un plaisir de jouer en attaque avec Dzeko. Il attire deux à trois défenseurs sur lui. Moi, je suis comme une souris qui court autour de lui et qui profite des espaces."
Son jour de gloire, il l'a connu au Kazakhstan. "On a gagné 0-2 en octobre et j'ai marqué les deux buts. Hélas!, on est éliminés pour la Coupe du monde au Qatar."
Devenu papa à distance
Le 23 décembre dernier, Prevljak est devenu papa pour la première fois. La naissance a été stressante. "Le jour de notre match de Coupe à Malines, ma femme m'envoie : 'Tu vas devenir papa dans deux ou trois heures.' Je lui ai supplié d'attendre. Et je me suis demandé si je devais rentrer au pays ou si je devais jouer à Malines. J'ai décidé de jouer et de rentrer le lendemain matin. Ma femme était d'accord et m'a dit : 'Marque un but pour ton fils et pour moi'. J'avais du mal à me concentrer sur le football, mais j'ai fait ce qu'elle a dit en marquant deux fois. On a gagné 1-3."
Le lendemain, Smail est arrivé en retard pour la naissance. "Mais je me devais d'aider l'équipe, je suis un professionnel. Peut-être que sinon, on n'aurait plus été dans la Coupe. Maintenant, on a encore des chances de jouer la finale."