Au Standard, Cafaro a placé la barre très haut
Excellent et décisif depuis son arrivée au Standard, le Français de 24 ans a de multiples cordes à son arc pour rester au top.
Publié le 04-02-2022 à 18h48
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Il peut se lire beaucoup de choses, au travers d’une célébration de but. Celle de Mathieu Cafaro, les deux bras ouverts, donne l’impression d’un joueur qui a envie de prendre son envol. À 24 ans et après plusieurs mois compliqués à Reims, le Français semble avoir trouvé, à Sclessin, un terrain propice à l’éclosion de son talent. Avec deux buts en quatre rencontres et un impact évident sur le jeu des Rouches, le milieu a placé la barre très haut grâce à plusieurs éléments. Décryptage.
Il connecte l’équipe
Ce qui frappe d’emblée lorsqu’on voit Mathieu Cafaro jouer, c’est son aisance technique. "Il l’avait déjà laissée apparaître en Ligue 2 puis lors de la remontée de Reims en Ligue 1", explique Swann Borsellino, le consultant d’Eleven, qui suit assidûment le championnat français. "Grâce à de solides prestations face à l’OM (deux assists), à Monaco (un but) ou au PSG (un but), il a rapidement attiré l’attention. Il avait dynamité les offensives de son équipe."
Son coach de cette époque rémoise, David Guion, abonde dans ce sens. "Mathieu est un joueur capable d’amener de l’intensité dans une rencontre, avec ou sans ballon, grâce à ses appels. Il a une qualité rare : il joue constamment vers l’avant."
La Pro League a déjà pu s’en rendre compte en quatre matchs seulement. "Cafaro, c’est un joueur qui peut connecter une équipe", ajoute Alex Teklak. "Il me fait un peu penser à Franck Berrier. Il aime se déplacer à l’intérieur du jeu pour être celui sur lesquels ses équipiers vont s’appuyer, avec qui ils vont combiner. Il est sécurisant dans sa prise de balle, il sait orienter le jeu, il voit les espaces libres. Et par sa morphologie, il évite constamment le contact, ce qui le rend insaisissable. Il n’est ni costaud ni rapide mais il a de la vitesse d’exécution. Il joue en première intention et ne surcharge pas inutilement son jeu."
Des caractéristiques pas forcément adaptées à un championnat physique et direct comme la Ligue 1 ("il a plutôt un profil de joueur de Liga espagnole, avec beaucoup de finesse", note Teklak). Mais qui semblent convenir au jeu du Standard.
"Qu’il ait trouvé si rapidement sa place et ses repères, c’est tout à son honneur", précise Luka Elsner. "Il se sent bien donc il joue bien. Et c’est à lui de tout faire pour maintenir ce niveau."
Il a un pied droit chirurgical
Au-delà de ce style de jeu tout en mouvement, Mathieu Cafaro a une qualité unique : un pied droit chirurgical. "On parle souvent de patte gauche pour les gauchers. Lui, il l’a à droite", sourit Swann Borsellino. "Il a une belle passe, une belle frappe et de l’instinct. Il frappe de loin, il ose des choses. Il a une capacité à vite dégainer en rentrant sur son pied droit, un peu comme le faisait, toutes proportions gardées, Arjen Robben à gauche."
Son pied droit, Cafaro en a fait une arme en mouvement comme à l’arrêt. "Il est capable de déposer des galettes", enchérit Teklak. "On l’a vu donner quelques superbes ballons face à Malines. Dont un coup franc très dangereux juste derrière la défense."
Il a aussi donné quelques bons corners. "Avec moi, il donnait tous les coups de pied arrêtés", indique Guion, qui est le coach qui a le plus souvent eu Cafaro sous ses ordres (à 87 reprises). "On sait qu’il peut se passer pas mal de choses une fois qu’il se positionne derrière le ballon. Mais il a besoin de sentir qu’on a confiance en lui, et pas d’avoir deux ou trois coéquipiers autour du ballon en même temps que lui."
Il est très polyvalent
S’il joue médian gauche depuis qu’il a rejoint le Standard, Mathieu Cafaro peut aussi évoluer à droite et dans l’axe du jeu. "Moi aussi, je l’utilisais principalement à gauche", indique David Guion. "Car il est capable de frapper avec toutes les surfaces du pied. Mais je l’ai aussi utilisé à droite quand il y avait besoin d’écarter la défense adverse, pour profiter de sa capacité à centrer sans déborder. Mais c’était par nécessité plus que par envie du joueur."
Et dans l’axe? "Il manque un peu de body et de culture tactique pour évoluer à cette position. Il doit travailler son dos au but", continue Guion.
Alex Teklak lui, serait curieux de voir Cafaro dans ce registre sous le maillot rouche. "Je le verrais bien jouer en numéro 8 avancé. Mais il faut un équilibre autour de lui, avec Raskin et Bokadi."
Avec le retour de Selim Amallah, c’est principalement à gauche que semble se dessiner l’avenir de Cafaro au Standard. "Sur papier, l’association Cafaro-Amallah-Donnum est sexy", ne cache pas Swann Borsellino. "D’autant que l’aptitude de Cafaro à rentrer dans l’axe pour combiner libère le flanc pour Alexandro Calut."
Avec qui les premières associations ont été intéressantes. "On s’entend bien avec Mathieu. Il m’aide, il me parle et il fait son boulot défensif. Mais on doit encore acquérir des automatismes", précise le jeune latéral des Rouches.
Il est en progrès physiquement
Le principal doute après la signature de Mathieu Cafaro, c’était son état physique. "Pour être bon, c’est un joueur qui a besoin d’être en pleine possession de ses moyens", prévient David Guion. "À Reims, certaines blessures l’ont un peu gêné." Et cela s’est ressenti sur le niveau de jeu du Français.
Pour un joueur qui a très peu joué durant la première partie de saison, il livre déjà des prestations honorables. "Mais Mathieu doit encore se développer physiquement", indique Luka Elsner. "Face à Malines, il a un peu baissé de rythme après l’heure de jeu et son rendement s’est un peu affaibli en fin de match. Son second souffle a un peu de mal à arriver. Mais il va encore franchir un palier sur le plan athlétique."
Il doit trouver la régularité
S’il fallait pointer le défaut de Mathieu Cafaro, ce serait sans aucun doute l’irrégularité. "Il a débuté assez jeune sous mes ordres, à 21 ans, et il n’avait pas encore la capacité d’être constant et régulier", précise David Guion.
"Cafaro a été victime de l’émergence de bons joueurs à Reims, qui étaient tous plus réguliers que lui", détaille Swann Borsellino.
Mais le Français de 24 ans semble sur la bonne voie pour corriger cela. "Il a pris de la maturité et ce transfert dans un grand club, où il y a de grandes attentes, ne peut que lui faire du bien", note David Guion.
Mais il faut aussi être mesuré. Régularité ne veut pas dire qu’il faut attendre de Cafaro qu’il continue de performer au rythme d’un but tous les deux matchs. "Le Standard n’a pas recruté un Ballon d’or", caricature volontairement Swann Borsellino. "Ce n’est pas un gars qui va marquer 10 buts et 10 assists comme peut le faire Xavier Mercier, par exemple. Mais il a toutes les caractéristiques de la bonne recrue." Un statut à confirmer.