Dussenne et Bodart répondent à nos questions: «Doutez de nous mais pas du coach»
Arnaud Bodart et Noë Dussenne ont répondu à dix questions cash sur la crise liégeoise.
Publié le 06-01-2022 à 07h07
On ne va pas vous mentir : aucun Rouche ne voulait être le premier à s’asseoir devant la presse en 2022, parce que les déclarations de certains joueurs se sont retournées contre eux ces derniers mois.
Pour éviter qu’un Liégeois porte seul le poids de la crise sur ses épaules, c’est un duo qui s’est présenté. Il était composé de deux des personnalités du vestiaire : Arnaud Bodart et Noë Dussenne. Deux gars qui n’ont pas leur langue dans leur poche. Cela tombe bien : on a eu l’idée de leur poser 10 questions cash et volontairement provocatrices.
1. Le Standard en D1B, c’est possible?
Arnaud Bodart : "Non. Ce n’est pas envisageable du tout, après 100 ans en D1. Même si la saison est compliquée, on a montré de belles choses à certains moments. Dès qu’on va enchaîner deux victoires, la machine va repartir."
Noë Dussenne : "J’ai déjà joué le maintien dans ma carrière, avec Mouscron notamment. On avait 9 points de retard sur l’avant-dernier à dix matchs de la fin et on a réussi à se sauver. Et on avait une équipe moins forte que le Standard actuel."
2. Vous êtes le pire du XXIe siècle, cela vous fait quoi?
Bodart : "Cela nous pique car en début de saison, c’était tout simplement inimaginable."
Dussenne : "Mais pour le moment, c’est la réalité et on doit y faire face. Cela ne fait pas plaisir d’entendre ça et on doit s’en servir pour créer un esprit de révolte. La situation actuelle nous touche, il ne faut pas croire l’inverse. Mais il faut repartir d’une feuille blanche et penser positif. On a tout en main pour changer les choses."
3. Anderlecht puis le Club Bruges en guise de reprise. Vers un 0 sur 6?
Bodart : "N’a-t-on pas fait nos meilleurs matchs de la saison face aux grosses équipes? À l’Antwerp, au Club Bruges, contre Genk."
Dussenne : "Peut-être que ce sont ces matchs-là, où les transitions sont importantes, qui nous réussissent mieux. Quand on fait le jeu, comme à OHL ou contre Zulte, on se fait piéger. On est la meilleure équipe sur le terrain et on perd sur la seule occasion adverse. Il n’y a rien de plus frustrant. C’est comme draguer une fille pendant cinq heures au bar et la voir partir avec un autre en fin de soirée…"
4. Le groupe manque de qualité?
Bodart : "Nos joueurs seraient-ils au Standard si c’était le cas? On manque de confiance, pas de qualité."
Dussenne : "La plupart des joueurs du groupe ont déjà prouvé qu’ils en avaient, des qualités. Mais on doit travailler la cohésion d’équipe, se tirer les uns vers les autres."
Bodart : "On a tellement envie de bien faire et de ne pas faire d’erreurs… qu’on en fait. On réfléchit trop à bien faire les choses. Mais à chaque fois qu’on encaisse, on prend un coup sur la tête. Enfin, on prenait. Car cela va changer en 2022."
5. L'équipe manque-t-elle de leaders et de personnalité, comme le dit Luka Elsner?
Dussenne : "Si le coach le dit, il a certainement raison. Il veut des gars sur qui on peut compter quand ça devient difficile, qui peuvent remettre les choses en place quand ça ne va pas, montrer l’exemple, s’énerver. Des joueurs comme ça, on n’en a pas assez."
Bodart : "C’est quoi des leaders? Chacun réagit différemment. Je préfère le mot enthousiasme. Et ce sont surtout les buts qui donnent confiance et amènent de l’enthousiasme."
6. Les matchs à huis clos, sans la pression des supporters, vont-ils libérer les joueurs, et les jeunes en particulier?
Dussenne : "Pas spécialement. On sait que nos fans sont déçus mais on a besoin d’eux. Si on gagne deux ou trois matchs d’affilée, ils seront de nouveau derrière nous."
Bodart : "Ce n’est pas mieux sans nos fans. Le match contre Zulte, c’était moche sans supporters. Le foot, ce n’est pas ça. Et pour les jeunes, c’est pareil. Ils n’ont qu’une envie quand ils jouent devant leurs parents à l’Académie : évoluer dans un stade de Sclessin rempli."
7. La situation financière du club vous inquiète-t-elle?
Dussenne : "On se concentre sur le terrain et on n’est pas spécialement au courant… mais on lit des articles. On a vu que le club avait perdu 19 millions d’euros. On sait qu’il y a l’incertitude autour de l’investisseur. C’est sûr qu’on se demande parfois ce qu’il se passe, comme tout employé d’une société qui ne va pas bien. On sait que le club n’a pas, pour le moment, la capacité de faire venir deux ou trois top-joueurs sur un claquement de doigts. Donc la solution doit venir de nous. Cela nous responsabilise encore plus."
Bodart : "Il ne faut pas oublier que dans un club, tout tourne d’abord autour des joueurs. On ne va pas se dire qu’on commencera seulement à jouer le jour où le président aura trouvé un investisseur."
8. L'entraîneur change souvent, le directeur sportif aussi. Les jeunes jouent puis ne jouent plus. Vous voyez une cohérence dans ces changements?
Dussenne : "Nous, on n’a pas de nouvelles ni d’emprise là-dessus. Ici, on a été informés que Régi (Goreux) reprenait le rôle de Nicaise."
Bodart : "Sur le terrain aussi, on doit trouver de la stabilité. Par exemple, j’ai beaucoup joué avec Noë devant moi la saison passée donc des automatismes se sont créés. Je suis plus à l’aise quand il est là que quand on joue avec deux jeunes (Ngoy et Al-Dakhil), comme à Malines. Et ce n’est pas une critique pour les jeunes. Ils ont des qualités indéniables. N’est-ce pas mieux de les épargner dans la situation actuelle, pour leur rendre service? C’est aux joueurs plus expérimentés de prendre leurs responsabilités."
9. Le bilan comptable du coach (10/30) est plus faible que celui de Leye (13/30). Luka Elsner est-il l'homme de la situation?
Dussenne : "Clairement. À 100 %. Même les remplaçants ne diront pas le contraire. Le coach fait tout pour ses joueurs, il sait nous tacler quand ça va mal mais aussi appuyer sur le positif. Il est un peu… victime de la situation. C’est un grand coach et un grand monsieur. S’il y a des gens à mettre en doute, c’est nous. Mais pas le coach. Les erreurs de concentration, les poteaux, les loupés, ce ne sont pas les siens. Parfois, on se dit “Mer..”, parce qu’on joue avec la carrière de quelqu’un, au final. Mais s’il y en a bien un à dédouaner, c’est lui."
Bodart : "Il nous parle tout le temps, il nous intègre dans les décisions et il est à l’écoute. C’est quelque chose que je n’avais pas vraiment encore connu ici."
10.Est-ce que les joueurs du Standard sont trop payés par rapport à leurs performances?
Dussenne : "C’est quoi être trop payé? Allez demander à Mignolet qui gagne trois millions. Qui est trop payé, au Standard?"
Bodart : "Dans la société actuelle, personne ne va dire qu’il est trop payé. Et le monde du football est un monde à part."
Dusssenne : "Et on a tous des primes en fonction de nos performances. Mais il faut bien comprendre que tout le monde a un objectif en arrivant au Standard : marquer des buts pour un attaquant, faire des clean sheets pour un gardien. Un gars qui vient ici et qui se contente de son salaire, ça ne peut pas marcher. Tout le monde veut performer. Tout le monde est ambitieux. Que ce soit pour aller en équipe nationale, pour décrocher un beau transfert comme Hugo (Siquet). Quand on est joueur de foot, on est un battant. Personne ne veut stagner."
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