Les Zèbres retiennent les leçons

À Sclessin, une fois l’orage du premier quart d’heure passé, les Zèbres ont démontré une gestion de match particulièrement intéressante. Preuve qu’ils savent retenir certaines leçons. Leur entraîneur aussi.

La sérénité mentale

Malgré un faible Standard et une redoutable efficacité offensive, les Carolos auraient pu se retrouver déboussolés par l’enjeu, par la tension débordante des tribunes et l’interruption du match à l’heure de jeu. Edward Still avait anticipé ce contexte hostile et orienté sa causerie : "On avait évoqué toutes les distractions qui pourraient survenir. Que ce soit le public mais aussi l’arbitrage, les déclarations dans la presse, le port du masque…"

Durant les dix minutes d’arrêt, dimanche, dans l’intimité du vestiaire, il a activé le levier du souvenir récent pour rassurer ses joueurs. "On est resté calmes et sereins, sans nécessairement beaucoup se parler. On voulait surtout éviter le scénario du match à Seraing", confiait Joris Kayembe.

L’exemple n’est pas anodin. Lors de ce déplacement au Pairay, le 22 octobre, la rencontre avait été interrompue. Déjà à l’heure de jeu. Déjà à 0-3. Et déjà par des supporters adverses furax.

"À Seraing, malgré la victoire, on était déçus parce que les trente minutes suivant la coupure n’avaient pas été suffisantes (NdlR : heureusement pour Charleroi sans conséquence avec une victoire 1-3). On ne voulait pas recommettre les mêmes erreurs", a raconté Edward Still. "L’objectif était, cette fois, de garder la même volonté d’aller vers l’avant tout en conservant la même discipline et la même rigueur défensive. C’était un test et on l’a relativement bien géré."

Un nouveau jalon sur le chemin du développement collectif.

L’intelligence tactique

Un match n’est pas l’autre. Un adversaire n’est pas l’autre. Mais force est de constater que l’approche tactique de ce choc wallon a été plus mature de la part du Sporting. Plus prudente, aussi.

En semaine à l’entraînement, Still prépare et répète plusieurs plans de jeu. Il sait son groupe intelligent et capable de variétés. "Ce n’est pas parce que ce sont les onze mêmes joueurs sur le terrain qu’on joue de la même manière. L’adversaire est surpris, doit s’adapter, et c’est à nous de le punir quand on en a l’occasion", résumait en substance Marco Ilaimaharitra à la mi-temps au micro d’Eleven.

Le système était différent. L’approche aussi. Plutôt que d’actionner un pressing homme contre homme sur tout le terrain comme il l’avait tenté à plusieurs reprises ces dernières semaines, notamment contre Malines et Anderlecht, Still a dans un premier temps choisi une attitude plus contrôlée – ou attentiste, c’est selon. Pour contrer les forces liégeoises? Évidemment. Mais aussi, sans doute, car il se souvenait de son entame trop ambitieuse – et trop naïve –, en 3-4-3 à l’Union SG, punie par une lourde défaite (4-0). Une erreur qu’il avait assumée et dont il s’est visiblement souvenu.

Il a expliqué sa volonté différente en bord de Meuse, avec un 3-5-2 en possession aux allures de 3-6-1 voire de 5-4-1 à la perte du ballon : "On voulait laisser certains joueurs du Standard en possession dans certaines zones du terrain. Plus globalement, pouvoir varier la pression et notre comportement d’un match à l’autre, ou au cours d’un même match, c’est très intéressant." Leçon retenue. Avec mention.