Christine Schréder a eu peur ce dimanche à Sclessin: "J’ai vu la horde se rapprocher et j’ai vite quitté le stade"
Christine Schréder, la journaliste qui officiait en bord terrain pour Eleven lors de Standard-Charleroi dimanche, nous raconte ce qu’on n’a pas vu à la télé.
Publié le 06-12-2021 à 18h35
:format(jpg):focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/B3ZDBMLQLVCFJBYQPTJQKJ6PSM.jpg)
La fin du choc wallon dimanche soir était chaotique. A Sclessin, bien sûr, mais aussi pour tous les téléspectateurs. Au moment de l’envahissement massif du terrain, Eleven a rapidement pris la décision de ne plus montrer les images et de passer sur la dernière rencontre du week-end, Malines-Genk. Juste avant la coupure, on a entendu le commentateur Benjamin Deceuninck et son consultant Philippe Albert demander à Christine Schréder, la journaliste en bord terrain, de vite se mettre à l’abri. Puis plus rien. Elle nous raconte la suite.
La dernière fois qu’on vous a entendu en direct dimanche, c’était pour dire que vous ne vous sentiez plus en sécurité. Que s’est-il passé ensuite?
"A Sclessin, on est situé en bas de la T4, là où il y a les supporters adverses notamment. On a donc eu le temps de voir venir toutes cette horde de personnes cagoulées qui envahissait le terrain. On m’a dit à l’oreillette d’aller me mettre à l’abri quand ces gens se rapprochaient et j’ai quitté le stade. Je suis resté en dehors jusqu’à l’arrivée de police."
Quand vous dites au micro que vous ne sentez pas en sécurité, on détecte de la peur dans votre voix.
"Il y avait un peu de peur, oui, mais ce trémolo, c’était surtout du ras-le-bol, de la désolation. J’étais déjà en studio pour les matchs arrêtés Eupen-Union et Standard-Eupen. Et maintenant ça, encore pire. C’est plus d’incidents en quelques semaines que sur mes dix autres années dans les stades en tant que journaliste. J’étais au Clasico de la honte en 2019. Je pensais ne plus jamais revivre ça mais ça se multiplie et ça s’aggrave. On ne connaissait pas les intentions de ces gens en montant sur la pelouse. Heureusement, on a vite compris qu’ils étaient là pour provoquer les Carolos, pas se battre avec le premier venu."
Les téléspectateurs ont été surpris de ne plus retrouver Sclessin après une page de pub lancée.
"Oui, c’est le choix fait par Eleven. J’ai demandé ce qu’on faisait quand je suis revenue dans le stade et il a été décidé de donner la priorité au foot, donc à l’autre match. Benjamin, Philippe et moi avons quand même dit au revoir aux téléspectateurs mais ça n’a pas été diffusé apparemment. J’ai dit au revoir face caméra avec mon sac au bras, prête à partir. Je n’avais jamais fait ça de toute ma vie..."
Des gens étaient inquiets dans votre entourage?
"Oui, j’ai reçu bien plus de messages que d’habitude. Mon fils m’a demandé si j’allais bien. J’ai rassuré tout le monde. Finalement, j’ai même pu faire les interviews d’après-match, mais seulement une fois le stade totalement vide. Sur la route du retour, je n’arrêtais pas de me dire: 'Tout ça pour ça...' Ils ont agi comme une guérilla. Mais une guérilla se bat pour une cause. Là, c’est quoi la cause? Ce sont quelques gars qui prennent l’amour du foot des autres en otage. Ce n’est pas de la frustration collective par rapport au Standard, juste de la frustration individuelle de quelques personnes, sur d’autres choses que le foot, et ils le font payer à tout un stade."
Sur le même sujet
Dossiers