"Il a été écarté sans la moindre explication" : Issa Tapsoba revient sur les derniers mois compliqués de son frère au Standard
Issa Tapsoba revient sur les derniers mois compliqués de son frère, qui revit depuis la dernière trêve internationale.
Publié le 23-10-2021 à 06h23
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«Je peux devenir le buteur dont le Standard a besoin. J'en ai les qualités.» La déclaration est forte, le ton soutenu. Ce 27 novembre 2020, peut-être un peu naïvement, Abdoul Fessal Taspoba affiche ses ambitions après avoir inscrit son premier but sous le maillot rouche (c'était en Europa League face au Lech Poznan).
Après ce match, il ne sera titularisé que neuf fois. À 19 ans (aujourd’hui 20), le Burkinabé est en apprentissage, voire en post-formation. L’été dernier, malgré un profil différent des autres attaquants du noyau, il apprend qu’il ne fait plus partie des plans de Mbaye Leye et qu’il peut partir. Ostende se manifeste mais finalement, la direction liégeoise, Alexandre Grosjean et Benjamin Nicaise, s’opposent au départ.
Tapso est finalement repris, in extremis, par Mbaye Leye pour le déplacement à Zulte où il s’érigera en sauveur, offrant les trois points, sur le buzzer, à son coach. Une nouvelle fois décisif la semaine suivante après sa montée au jeu contre l’Antwerp (un assist pour Dragus), le jeune attaquant disparaît ensuite des radars.
«Il ne suffit pas de bien prester le week-end, il faut aussi être consistant en semaine», s'était justifié Mbaye Leye, questionné sur l'absence de Tapsoba après le succès à Seraing. «J'ai lu cela mais ce sont de fausses excuses, lance Issa, le frère du joueur. Je lui ai directement demandé s'il manquait d'implication et mon frère m'a répondu qu'il s'entraînait toujours de la même façon. La réalité, c'est que l'ancien coach avait ses préférences. Il ne voulait pas toucher au duo Klauss-Muleka et mon frère était passé quatrième dans la hiérarchie derrière Dragus.»
«Abdoul subissait la situation»
Petit à petit, Tapsoba est mis de côté au point de prendre part aux mêmes séances que les bannis. «Il a été mis à l'écart du groupe et s'entraînait avec les autres joueurs non repris comme Dussenne, Carcela ou Lestienne. Le tout, sans aucune explication», enchaîne Issa.
Réservé, désireux de ne pas faire de vague, Tapsoba se tait. «Il subissait la situation. C'est un garçon calme, discret. Il n'a pas demandé au coach pourquoi il le snobait. De notre côté, durant la trêve internationale, nous avions sollicité une entrevue avec le directeur sportif mais nous avons appris que Benjamin Nicaise était écarté. Tout ce temps, on a continué à encourager Abdoul en l'exhortant à perfectionner ses points faibles, à travailler dur et à faire en sorte d'inverser la tendance.» Au sein du noyau, au même titre que pour celle de Noë Dussenne, la mise à l'écart du jeune de 20 ans n'était pas comprise. «Personne ne savait pourquoi il était mis à l'écart. Mon frère parle beaucoup avec Collins Fai; ce dernier le soutient énormément. Lui non plus, il ne comprenait pas mais il lui disait de patienter et de ne rien lâcher. C'est ce qu'Abdoul a fait car il a du caractère.»
«J’aurais été fou de cracher sur un joueur comme Tapsoba»
Après la déroute à Malines du 1er octobre, Tapso prend directement la direction du Burkina Faso pour honorer une cinquième sélection. Malgré un temps de jeu famélique, Kamou Malo le convoque. «Ce n'était pas un problème pour nous, confie le sélectionneur du Burkina Faso. Nous connaissons les qualités de ce joueur. Contrairement à d'autres, nous n'avons pas de problèmes de riches; je serais fou de cracher sur un joueur comme ça. Ici, on a pris le problème à l'envers en se disant : pourquoi ne pas redonner vie au garçon en sélection pour qu'il soit remis en lumière aux yeux de son club?»
C'est ce qui a été fait puisque le Standardman a inscrit trois buts en deux affrontements successifs face à Djibouti, dont un doublé. «Après ces deux matchs, je lui ai dit : «Si avec ces performances, ton coach ne daigne toujours pas t'accorder de l'importance, alors tu dois partir.» Mais le sort en a décidé autrement, un nouveau coach est arrivé et il lui a fait directement confiance. Le résultat : un nouveau but pour Tapsoba.»
C'est lors du rassemblement avec le Burkina Faso que Tapsoba a appris le limogeage de Mbaye Leye. «C'était un soulagement pour lui, il s'est dit que les cartes allaient être redistribuées et qu'il aurait à nouveau une chance de prouver qu'il a sa place. Dès son retour, Luka Elsner l'a félicité pour ses prestations avec son équipe nationale et il lui a accordé sa confiance», lance Issa Tapsoba.
Le break international rebooste un gamin de 20 ans qui ne demandait qu'à briller. «Abdoul Fessal a toujours fait parler de lui en bien sur le terrain mais aussi en dehors de celui-ci, constate Kamou Malo. Lorsque je suis arrivé à la tête de l'équipe nationale, il m'a été confié la tâche de rajeunir l'équipe. L'arrivée de Tapsoba dans la sélection s'inscrivait dans cette lignée. C'est un garçon poli, réservé, timide, parfois même un peu trop à mon goût. Mais sa timidité ne l'accompagne fort heureusement pas sur le terrain où il devient un vrai lion.»
«Il est une bénédiction pour un coach»
En sélection comme au Standard, le Burkinabé ne fait pas de vague. «Pour un coach, ce garçon est une bénédiction. Il ne réclame jamais rien. Quand il est arrivé en sélection, je lui ai dit qu'il allait devoir être patient et surtout qu'il saisisse sa chance lorsqu'elle se présentera et il l'a fait. En sélection, les places sont chères mais il a réussi à se faire sa place à la force de son travail et non de lobbying.» Au pays, on aspire à une seule chose en ce qui concerne le Rouche. «D'abord, qu'il ne se blesse pas et ensuite, qu'il reste dans cette dynamique. Il doit profiter de cette bonne passe pour frapper fort. S'il continue de la sorte, il pourra pousser la porte d'un plus grand championnat. C'est tout ce que je lui souhaite», conclut le sélectionneur du Burkina Faso.