Gomez, l'Espagnol qui séduit Anderlecht : "Via son frère, Pep m’a conseillé Anderlecht"
L’ancien Barcelonais Sergio Gomez est monsieur assist au Sporting. Rencontre.
Publié le 23-10-2021 à 07h14
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AFKJC5HEUJDITLUXW43GFTC64U.jpg)
«Ma place dans le vestiaire? La voici, entre Murillo et Magallan.»
Anderlecht a eu la bonne idée d’entourer sa petite perle espagnole Sergio Gomez (21 ans) par ses deux autres joueurs hispaniques, afin que le produit du FC Barcelone se sente bien dans sa peau à Bruxelles.
Jusqu’à présent, cela semble être le cas. Auteur de cinq assists et deux buts, le petit arrière gauche est une des révélations d’Anderlecht. Et même s’il a côtoyé les plus grandes stars au monde, comme en témoigne son compte Twitter, on n’a pas aperçu le moindre caprice de vedette tout au long de notre interview, faite en espagnol.
Une chose est sûre : Gomez est un vrai amateur de foot. «Regardez-moi ce beau terrain», lâchait-il après notre entretien depuis une des loges, pendant que la pluie et le jardinier rendaient la surface de jeu encore plus attrayante.
Pourquoi Dortmund?
«Je n’ai pas reçu de proposition du Barça; c’était dur de percer»
Transféré de Barcelone à Dortmund pour 3 millions quand il avait 17 ans (les Allemands ont utilisé une clause dans son contrat), Gomez était considéré comme «un des plus grands talents de son âge» par le directeur technique Michael Zorc.
Mais finalement, il n'a reçu que 7 minutes de jeu en Bundesliga. «La barrière de la langue n'est pas la raison principale, dit Gomez. Il y avait beaucoup de concurrence et le coach a fait d'autres choix. Je n'ai pas regretté mon aventure à Dortmund. J'aurais aussi pu aller à Liverpool, par exemple, mais le projet de Dortmund, avec des jeunes comme Christian Pulisic (à 16 ans), Aleksander Isak (à 17 ans) et Jadon Sancho (à 17 ans) me semblait le meilleur. J'y ai appris beaucoup. Oui, j'ai aussi croisé Michy Batshuayi. Il est un peu fou (rires).»
Barcelone n'était pas content de voir partir Gomez à 17 ans. «C'est normal, mais je n'ai pas reçu de proposition concrète du Barça. Ce n'est pas évident de percer en tant que jeune. Vu les circonstances actuelles (NDLR : les problèmes financiers), les jeunes comme Pedri et Gavi reçoivent leur chance. Je suis content pour eux.»
Pourquoi Anderlecht?
«J’ai toujours eu confiance en mon agent, Pere Guardiola»
Anderlecht a pu l'avoir pour environ 1,5 million. «Quand Peter Verbeke a appelé mon agent Pere Guardiola, ce dernier s'est informé auprès de son frère Pep pour en savoir plus sur Anderlecht et sur Kompany. Pep lui a conseillé de venir au Sporting; cela a été la bonne décision. Ici, je reçois du temps de jeu.»
«J'ai pleine confiance en Pere, qui est mon premier agent. Dernièrement, il a réglé des tickets pour PSG – City (2-0). Non, je n'ai pas su parler avec Pep. Je ne lui ai parlé qu'une fois, lors d'un amical entre City et Dortmund à Chicago (0-1 pour les Allemands).»
Les stars du Barça
«On croisait Messi et Neymar sur le parking : ils étaient sympas»
Impossible, pour Sergio Gomez, de donner une interview sans parler des huit saisons qu’il a passées à La Masia, le centre d’entraînement du FC Barcelone. Et à juste titre, il en est fier, vu qu’il a mis des dizaines de photos sur son compte Twitter.
Celles qui tapent le plus à l'œil sont évidemment les photos avec Neymar, Messi, le trio Suarez-Messi-Neymar et Iniesta. «Notre Académie jouxtait le centre d'entraînement de l'équipe A. Quand on avait de la chance, on les croisait sur le parking. Messi, Neymar et les autres : ils étaient très aimables. Et la photo avec le trident est unique. C'est le meilleur trident de l'histoire du club.»
Iniesta, lui, est le surnom qui était donné à Sergio Gomez pendant sa carrière barcelonaise. « Tout simplement parce que je jouais à sa position, même si j'avais le numéro 10, sourit Gomez. En jeunes, on vous donne le surnom du joueur qui joue à votre poste en A. Mais je n'ai pas la prétention de dire que je suis aussi bon que lui, loin de là. Je me souviens d'un discours qu'Iniesta était venu faire dans l'académie, vu qu'il a aussi été formé par le club. Nous étions admiratifs – il est une légende en Espagne depuis qu'il a marqué le but de la victoire en finale du Mondial 2010 – mais nous pensions surtout à la photo qu'on pourrait prendre avec lui par après (rires).»
Champion avec l’Espagne
«J’ai été élu deuxième meilleur joueur, derrière Phil Foden»
Ses prestations les plus remarquables, il les a livrées en équipe nationale. Gomez a remporté les Euro U17 et U19 et a été finaliste du Mondial U17. «À cette Coupe du monde en Inde, j'avais été élu deuxième meilleur joueur, après l'Anglais Phil Foden. C'est à l'issue de ce tournoi que Dortmund me voulait absolument. On avait une terrible équipe, notamment avec Ferran Torres de City.»
La semaine passée, Gomez a refait parler de lui en Espagne avec trois buts et un assist en trois matchs avec les U21. Son terrible but contre l'Irlande du Nord après une formidable combinaison a fait le buzz sur les réseaux sociaux. «Ce n'était pas le plus beau but de ma carrière, mais c'est vrai que la construction était jolie. Vincent Kompany m'a félicité à mon retour mais il y a ajouté que je devais désormais me concentrer sur Anderlecht.»
Autre constat : il a pu donner deux penaltys, alors qu'il n'avait plus été repris pendant deux ans. «Il s'agissait des premiers penaltys que je donnais depuis que j'étais professionnel.»
Sa famille de footeux
«Je suis fier de mon frère : c’est un bon commentateur de foot»
Si Gomez est où il est maintenant, c'est grâce à sa famille. «À commencer par mon grand-père. C'est lui qui m'a conduit à mon premier club, Trajana, et ensuite à l'Espanyol Barcelone, avant que je rejoigne le FC Barcelone. Maintenant, il a environ 90 ans. Il est dans un home et est un peu malade. Hélas!, il n'est pas en état de venir me voir jouer à Anderlecht, mais ma maman lui explique tout.»
Son papa et son frère ont habité avec Sergio Gomez à Dortmund. «Du moins, pendant les cinq premiers mois.»
Ruben, son frère, n'est pas n'importe qui en Espagne. Il est commentateur de foot à la télé. «Il doit commenter les matchs d'autres grands joueurs, il ne doit pas parler de moi. Il n'a donc pas de soucis à être objectif (Rires) Sauf pendant la finale du Mondial U17… Je suis fier de lui. C'est un bon journaliste.»
Maintenant, Gomez vit seul dans le centre de Bruxelles, mais sa famille et sa copine lui rendent de temps en temps visite. Visiblement, Gomez est un bon cuisinier. «J'ai appris à faire des choses basiques comme des pâtes et du poulet…»
Sa saison actuelle
«34 sprints contre Valence, c’est plus que les 33 contre Bruges»
Gomez reste sur une saison assez moyenne à Huesca, où Dortmund l’a prêté pendant deux saisons. Après avoir participé à la promotion vers la Primera Division, il n’a été titulaire que 4 fois et est monté au jeu 25 fois en D1, la saison passée.
Son premier match comme titulaire était au Real Madrid (4-1) d'Eden Hazard. «Je jouais sur l'autre flanc qu'Eden. J'avais Marcelo comme adversaire direct. Après le match, j'ai échangé mon maillot avec Kroos. Je n'ai pas joué souvent, mais je suis devenu plus mature en tant que footballeur.»
Anderlecht en a profité, parce qu'il est titulaire indiscutable dans l'équipe de Vincent Kompany. Son seul mauvais match, il l'a joué à Vitesse. Ses courses offensives font penser au style de jeu de Jordi Alba. Contre Bruges, il a fait 33 sprints. «Ce n'est pas un record. J'en ai fait 34 contre Valence, avec Huesca. Raman, Ashimeru et Amuzu sont également rapides. Amuzu est le numéro 1, je crois. Mon frère a dit que je n'étais pas si rapide, avant? Il ment! (Rires)»
À Saint-Trond, Sergio a montré ses capacités de botteur de penalty. «Je n'ai pas hésité à frapper quand Refaelov n'était plus sur le terrain. Oui, j'ai tiré en pleine lucarne. Je me suis dit que le gardien avait vu que j'avais frappé dans l'autre coin avec l'Espagne.»
Par contre, il a eu du mal comme arrière droit, à Stayen. «C'est vrai que j'avais aussi joué à droite avec l'Espagne, mais à une position plus offensive. Quand "El Mister" (NDLR : l'espagnol pour entraîneur) m'a demandé si je voulais dépanner au poste d'arrière droit à Anderlecht, j'ai accepté, même si c'était la première fois. Tout pour l'équipe.»