Luka Elsner (Standard) se confie: «J'ai senti un groupe qui a soif de changements»
Le nouveau T1 des Rouches, Luka Elsner, veut ramener le plaisir au centre du projet.
Publié le 13-10-2021 à 07h37
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C’est malheureusement presque devenu une tradition en octobre à Sclessin. La salle de presse du stade était comble pour l’intronisation d’un nouveau coach, Luka Elsner. L’ancien T1 de Courtrai a pris ses fonctions lundi accompagné par son nouveau T2, Will Still. Heureux d’être là, le Franco-Slovène de 39 ans, qui a signé pour deux ans, est impatient de relever ce qui est à ce jour le plus grand défi de sa carrière.
Luka Elsner, quelles sont vos premières impressions?
Je voudrais avant tout remercier Bruno et Alexandre pour l’accueil et la confiance accordée. Je suis évidemment enthousiaste à l’idée de devenir coach du Standard, qui offre une aventure difficile à vivre ailleurs. Il s’agit là du plus grand club que j’ai entraîné dans ma carrière. Je rejoins ce projet avec envie, force et énergie mais également en connaissance de cause. Je suis conscient des difficultés rencontrées par le club, mais j’ai à cœur, avec mon staff, si ce n’est de résoudre tous les problèmes de suite, d’au moins susciter un espoir et avancer de manière comptable tout en construisant quelque chose de fort. Il n’y aura pas d’excuse mais que des solutions pour gagner des matchs. On doit avant tout retrouver le plaisir, celui de venir au stade, de voir un Standard conquérant.
Tout s’est passé assez rapidement.
Nous avons eu un entretien assez long avec Bruno Venanzi et Alexandre Grosjean. On a parlé de nos visions, le club a présenté son projet et je me suis vite reconnu dans la manière de fonctionner. J’ai de suite senti une connexion intéressante. On a saisi qu’on était en phase et en capacité de travailler ensemble et, en 48 heures, tout était réglé.
Pourquoi avoir décidé de rejoindre un Standard en crise?
Il y a la situation momentanée mais aussi la globalité du projet du club. Ici, on peut vivre des émotions fortes, une aventure exceptionnelle. J’avais une envie profonde de travailler dans ce club et cela a été renforcé par le sentiment de compatibilité rapidement ressenti avec les dirigeants. Je connais évidemment la situation et, avec mon staff, à force d’abnégation et de travail, on peut changer les choses.
Vous débarquez d’ailleurs avec deux adjoints en plus de Will Still.
C’est exact. Serge Costa, avec qui j’ai travaillé à Amiens et Courtrai, officiera en tant que T3 et sera assigné au développement individuel des joueurs. Léo Djaoui nous rejoint également en tant que troisième préparateur athlétique. C’était important, à ce moment de la saison, d’arriver avec des gens qui me connaissent et qui sont capables de diffuser mes idées et principes. Renaat, Kevin et Jean-François seront également des éléments clés.
Avez-vous senti un groupe meurtri par les dernières semaines?
Quand on enchaîne les événements négatifs, cela marque les esprits, mais en foot on a la possibilité de rebondir chaque semaine. Le groupe doit retrouver plaisir à venir au centre d’entraînement. On prend du plaisir en étant sérieux et en gagnant des matchs. J’ai senti un groupe en demande et qui a soif de changements. Les joueurs ne sont pas abattus.
Compte tenu de la situation, seuls les résultats primeront au début?
On a besoin de points et, si on doit les gagner à l’énergie, à la motivation et au courage, on le fera tout en s’attachant à travailler sur les chantiers les plus importants. À mes yeux, il s’agit de la manière et des moments où on encaisse nos buts. La gestion des phases arrêtées défensives est tout aussi importante, tout comme le fait de savoir marquer rapidement en contre. Avec le staff, on a mis en place un calendrier sur le court, le moyen et le long terme. Le but sera d’être dangereux de manière régulière.
Les compteurs sont-ils remis à zéro au niveau des joueurs?
On a un noyau assez conséquent. Les situations de William Balikwisha et d’Aleksandar Boljevic seront adaptées aux besoins de l’équipe. Mon arrivée ne modifie par contre pas la situation de Maxime Lestienne. Quant à Mehdi Carcela et Noë Dussenne, ils repartent avec un chemin vierge d’obstacle, mais je ne fais ici aucune promesse. Ce sera au mérite et charge à eux d’apporter un plus à l’équipe pour qu’on engrange des points.
Courtrai a très mal pris votre départ et s’est fendu d’un communiqué plutôt cinglant.
Nous avons eu des discussions cordiales lorsque j’ai annoncé ma décision. D’une part, il y a une situation sportive qui veut que le Standard soit un très grand club et, d’autre part, je ne comprends qu’à moitié ce communiqué car, quand vous avez un coach qui présente peu de protections dans son contrat comme c’était mon cas, c’est évidemment plus facile de s’en séparer après une série de mauvais résultats, et là on ne parlera pas d’éthique ou de morale. Je me suis investi à 100 % dans ce projet, mais la vie d’un coach est faite d’événements inattendus.
Quelle identité voulez-vous donner à votre nouvelle équipe?
Un jeu offensif qui nous permet de nous procurer des occasions et, avec l’aide du public, étouffer l’adversaire. Notre jeu de position doit nous permettre d’être dangereux. C’est un chantier qui prendra du temps. Peut-on, à court terme, déjà amener plus de vitesse dans notre jeu et nos attaques? Je m’y attelle. Mais cela ne peut se faire que sur base d’une bonne assise défensive. Voir le Standard jouer rapidement vers l’avant, c’est ce que tout le monde attend.
Vous l’avez dit: le Standard a besoin de points. Cela commence par la réception d’OHL samedi.
J’attends qu’on se mette en condition pour gagner. Il y a plusieurs façons de le faire, comme avoir un groupe uni, des gars qui se battent pour chaque ballon, qui veulent faire les efforts pour les autres et qui ont envie de se dépasser. Je veux aussi que personne ne pense que, sous prétexte qu’on vient d’arriver, on a un petit totem d’immunité. C’est faux.
Le noyau liégeois compte énormément de jeunes. Cela vous a motivé dans votre prise de décision?
Cela m’a stimulé, oui. J’ai toujours apprécié travailler avec les jeunes joueurs. J’aime les aider à se former, à faire en sorte qu’ils se rapprochent du top niveau. J’espère donc les aider à progresser sur chaque détail de leur jeu et je leur demande une chose : d’être ouverts et de ne pas se prendre pour un produit fini car ce n’est le cas de personne dans ce groupe.