Moris: «On ne reconnaît pas assez nos mérites et ça me dérange»
Anthony Moris, le portier de l’Union, évoque ses matches en sélection, le très bon début de championnat de l’Union et le sien aussi.
Publié le 11-10-2021 à 06h00
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Troisième du classement général après dix journées, à un petit point du leader eupenois, l’Union Saint-Gilloise est la bonne surprise de ce premier tiers de championnat en Pro League. Elle présente de surcroît la meilleure différence de buts (+ 11) et aligne la défense la moins perméable de la série, avec seulement 9 buts encaissés. Anthony Moris, son portier, n’y est évidemment pas étranger. L’Habaysien, de retour en D1 A trois ans après y avoir vécu une première expérience en dents de scie, entrecoupée par de graves blessures, affiche désormais une sérénité et une assurance qui impressionnent. Et qu’on ressent également dans toutes ses déclarations.
Anthony, ce classement de l’Union après un petit tiers de la phase classique, il est au-delà de vos espérances?
Non. Quand on a l’habitude de gagner, comme on l’a fait la saison passée, on s’installe dans une spirale positive. Et celle-ci a été renforcée par notre entame de championnat. Un succès à Anderlecht, une défaite de justesse et imméritée contre Bruges, cela donne de l’énergie et conditionne la suite. Ici, tout le monde tire à la même corde et adhère aux idées du coach.
Votre bilan actuel est mérité selon vous?
On devrait même compter davantage de points selon moi. Contre Bruges et l’Antwerp, on méritait mieux. Avec ces quelques unités supplémentaires, nous serions seuls en tête.
Et l’appétit vient en mangeant?
On veut rester le plus haut possible, bien sûr, mais cela ne change pas nos ambitions initiales pour autant. On veut juste essayer de confirmer ce qu’on vient de montrer, même si certains pensent que ce ne sera qu’un feu de paille.
«On nous compare au Beerschot de l’an passé, mais c’est tout à fait différent»
Cela doit vous arranger qu’on pense ainsi et vous enlever une part de pression?
Au contraire, ça me dérange. On ne reconnaît pas nos véritables mérites, on ne respecte pas le travail accompli depuis un an et demi avec ce groupe. On nous compare au Beerschot de l’an passé, qui, après un retour remarqué en D1 A, connaît à présent une période très compliquée. Mais c’est tout à fait différent. Le Beerschot se reposait sur des individualités et désormais, c’est plus dur parce que Tissoudali a rejoint Gand tandis qu’Holzhauser marque le pas. La force collective est plus importante dans nos rangs.
Dans moins de deux semaines, vous affronterez Eupen. Un choc pour le moins inattendu?
Ce serait bien si c’était toujours considéré comme un choc en avril, mais le classement aura certainement évolué d’ici là. Anderlecht monte en puissance, Bruges trouve peu à peu la bonne carburation entre ses matches de Coupe d’Europe. Il y a Genk aussi. Les play-off faussent un peu la première partie de championnat parce que plusieurs équipes savent qu’il importe surtout d’arriver en forme après la trêve de Noël. Et puis on verra aussi comment nous allons digérer les inévitables blessures et suspensions.
Les montants de D1 B se comportent très bien à l’échelon supérieur ces deux dernières années. Parce que la différence n’est plus si marquée?
Si, elle reste très importante selon moi. Avec tout le respect que j’ai pour une équipe comme le Lierse, on n’affronte pas d’adversaire aussi faible cette saison. Aucun match n’est simple.
«Nos attaquants parcourent 10 km par match»
Et pour un gardien, cela nécessite encore davantage de concentration?
Pour l’ensemble du secteur défensif plutôt. Et j’ai cette chance que l’assise défensive de l’Union est particulièrement solide. En toute modestie, je pense que mon jeu au pied contribue à nous mettre dans une position confortable. En trouvant des partenaires à distance, je peux éviter que l’adversaire revienne par vagues.
Personnellement, vous avez le sentiment d’être bien mieux armé que lors de votre précédent passage en D1 A?
De toute évidence, oui. Mais encore une fois, seul, je n’y arriverais pas. Regardez le travail de harcèlement de nos attaquants! Ils parcourent régulièrement 10 km par match et ce sont souvent des courses à haute intensité.
Les regards ont changé pour ce qui vous concerne?
Oui, je pense. Mes prestations en équipe nationale du Grand-Duché y sont pour quelque chose. En 42 sélections, j’ai livré plusieurs bons matches, face à des adversaires de haut niveau (NDLR: le Portugal de Ronaldo par exemple) et affronter de telles équipes m’a aidé aussi à m’améliorer. Par ailleurs, mes graves blessures à Malines m’ont changé en tant qu’homme. J’ai appris à relativiser, à ne plus me prendre la tête dans les périodes difficiles. Je gère mieux les moments chauds. Je connais davantage mes qualités aussi. Je ne vais plus, par exemple, m’aventurer dans une sortie aérienne si elle s’avère trop risquée. J’ai beaucoup appris au contact de Jean-François Gillet à Malines. On parle quand même d’un gars qui compte plus de 500 matches de Serie A. Et mon passage à Virton m’a fait du bien également. J’y ai retrouvé du temps de jeu, j’ai repris goût à ce qui fait la beauté du foot. Parce que le foot, ce ne sont pas seulement des entraînements, mais avant tout cette cerise sur le gâteau que sont les matches.