ANALYSE | Le Standard se cherche de la constance
Les Rouches ont bien débuté la saison (10/15), mais la difficulté sera d’enchaîner, pour maintenir le bon cap. Comment faire?
- Publié le 24-08-2021 à 07h18
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/JJTZTT6Q6RF4NHAYFCJPFW3CAI.jpg)
Vendredi soir, quelques minutes après le succès du Standard contre Ostende (1-0), Mbaye Leye était interrogé sur le fait d’être provisoirement leader du championnat.
L’entraîneur a eu cette réponse, pleine de sagesse : «La saison passée, une équipe avait dix-neuf points sur vingt et un, mais elle n’a pas disputé les play-off. C’était Charleroi. Je sais comment est ce championnat, et il vaut mieux attendre le mois de mars pour faire les bilans.»
Dans le foot d’avant-Covid, le mois de mars était le point de bascule vers les play-off. Désormais, on fait les comptes un mois plus tard.
C’est un détail, évidemment, mais tout le monde a compris l’idée de Leye. Il cherche la régularité, avant la performance à court terme. Les deux succès, sans encaisser, au Beerschot puis contre Ostende, sur le même score (1-0) et avec un scénario similaire (la différence est venue du banc), peuvent-ils permettre de tracer un chemin?
Le temps le dira, mais le rappel de l’histoire récente peut toujours servir. La saison passée, avant la blessure de Zinho Vanheusden contre Ostende, le 1er novembre, les Rouches étaient installés dans le Top 4 (ils étaient troisièmes).
Si les Liégeois restent attentifs à certains points, et ne souffrent pas trop d’absences (de joueurs et dans le jeu), ils ne devraient pas trop se perdre sur la route des play-off, d’ici au mois d’avril.
Garder une défense solide
Le Standard a terminé deux matchs sans prendre de but. Ce n’est pas exceptionnel, puisqu’il l’avait déjà fait la saison passée, la dernière fois datant d’une séquence en avril (0-4 à Eupen le 9 puis 3-0 contre le Beerschot le 18).
Mbaye Leye s’est félicité de la solidité défensive de son équipe, «qui a montré du caractère à la fin». Il a pu aussi compter, avec Arnaud Bodart, sur un gardien qui gagne des points. À Zulte-Waregem, il a été décisif à 0-1; au Beerschot, il a repoussé le penalty de Holzhauser à 0-1; contre Ostende, il est sorti à propos dans les pieds d’Ambrose, à 0-0.
Est-ce un hasard, ou l’effet du changement? Le passage à une défense à quatre donne aussi l’impression qu’il y a plus de stabilité. Sissako et Laifis ont été costauds dans les duels, il leur reste à travailler certaines relances, pour éviter de se mettre en difficulté.
Le milieu à trois, avec Cimirot, Bastien et Raskin n’est pas un gage de réussite à la construction, mais il permet au moins d’avoir du monde dans le cœur du jeu, pour gêner la construction adverse. L’arrivée de Daouda Peeters va également permettre de densifier un peu plus le secteur, pour protéger la défense.
Enchaîner en déplacement
La victoire au Beerschot, la deuxième de suite loin de Sclessin, avait rappelé que le Standard n’est pas un grand voyageur.
Ce sont justement deux déplacements qui s’offrent à lui, à l’Union ce samedi, puis à Seraing, après la trêve internationale (12 septembre). La dernière fois que les Liégeois avaient gagné trois rencontres d’affilée en championnat, c’était en octobre-novembre 2014. Cela date, et donne une idée de la portée de la performance éventuelle.
Enchaîner les victoires en déplacement, chez deux promus, confirmerait que cette équipe est capable de bien s’exporter.
Elle est jeune, surtout, et c’est une difficulté supplémentaire pour aller chercher la régularité. Le travail du staff, cette semaine, sera aussi de garder les esprits calmes, et éviter tout excès d’enthousiasme alors que le mercato va fermer ses portes.
La clôture du marché des transferts reste une période délicate, entre les envies de départ de certains, et les craintes de devoir rester des autres.
Une mentalité à entretenir
Mbaye Leye l’a rappelé en une phrase, l’air de rien, vendredi soir : «Le match amical contre Rochefort a été un moment important dans notre préparation.»
Les Rouches avaient concédé une sévère défaite en ouverture de la préparation (1-3), fin juin, et ils sont quelques-uns à avoir disparu du paysage : Shamir, transféré; Lestienne, Carcela, Dussenne et Boljevic, en attente, voire Fai, qui n’a plus disputé une minute depuis le premier match de la saison contre Genk.
L’entraîneur liégeois axe souvent son discours autour de la mentalité. Après les deux dernières victoires, outre les éléments tactiques, il a rappelé sa satisfaction de voir le jusqu’au-boutisme de son groupe.
À Sclessin, les Rouches savent qu’ils peuvent être portés par le public, ils l’ont senti contre Ostende, s’ils affichent la bonne mentalité. Mais pour ceux qui l’ignorent, la ferveur locale peut aussi être un enfer, quand ça ne tourne pas, et Leye n’a pas manqué de le rappeler : «Dans une ville que tout le monde connaît, il faut poursuivre le travail, car on sait que les choses peuvent changer très vite.»
C’était à la fois une manière de prévenir ses joueurs, mais aussi d’alerter le public, que tout ne sera pas toujours parfait.
Un banc à soigner
Le Standard a marqué ses sept buts, depuis le début de la saison, en deuxième mi-temps, et souvent après l’heure (6/7).
Sur les sept réalisations, cinq sont venues des pieds de remplaçants : Tapsoba a marqué le but de la victoire à Zulte Waregem (1-2); Amallah a offert un but à Muleka contre l’Antwerp alors que Dragus a marqué contre l’Antwerp, puis a donné la passe décisive pour Klauss au Beerschot (0-1) et celle pour Amallah contre Ostende (1-0), à la réception d’un coup franc provoqué par Rafia.
Mbaye Leye avait aligné la même équipe de départ contre les Ostendais que face aux Anversois, cinq jours plus tôt. L'idée paraissait claire : mettre la pression pendant une heure, avant de profiter du sang frais des entrants. «On demande beaucoup d'efforts à nos trois médians(Bastien, Raskin et Cimirot), et ils ont besoin de relais pour maintenir le niveau, sur la durée d'un match.»
Le profil des joueurs qui entrent au jeu est également différent, puisque Dragus joue plus vers l’avant, en un temps, que Dönnum, qui aime avoir le ballon dans les pieds pour initier ses actions.
La recette ne sera pas toujours efficace, et la concurrence installée dans le noyau modifiera l’identité des remplaçants, après le mois d’août. Un premier élément sera intéressant à surveiller, à l’Union, ce samedi : le Standard débutera-t-il la rencontre avec la même équipe de départ que lors de ses deux succès? Tant qu’il garde la constance dans les résultats…