ANALYSE | A Anderlecht, personne ne sprinte plus que Benito Raman
La recrue estivale du RSCA a couru au-delà de 25 km/h plus souvent que tous les autres joueurs de Pro League lors de la 4e journée.
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Publié le 18-08-2021 à 06h51
Benito Raman va peut-être devoir considérer changer le nom à l’arrière de son maillot pour y faire floquer «Bolt» en hommage à l’homme le plus rapide de la planète.
À force de retenir ses frasques plus que son jeu, le monde du football belge avait presque oublié la capacité du Gantois à répéter les efforts. Une qualité qu’il a encore développée en Bundesliga. Dans un championnat où l’effort physique est mis sur un piédestal, Raman a augmenté son volume de course pour en faire une réelle force.
Son retour en Belgique a été marqué par de bons premiers matchs et par une énorme débauche d’énergie. Raman n’est pas là que pour boire un verre avec les supporters après le match, il est là pour faire des bornes en sprintant.
Il court sans compter et plus que les autres
«Je ne dose pas mes efforts.» Benito Raman a annoncé la couleur dans notre édition de samedi. Il a répondu sur le terrain du Cercle en ne refusant aucune course, même quand le ballon semble perdu. Ce qui lui a valu quelques belles occasions, faisant parler sa vitesse face à la lenteur de la défense brugeoise.
Son record personnel de sprints (25 km/h au moins) – qui est également celui de la Bundesliga – est de 53 sur un match. Il n’en était pas bien loin ce dimanche avec 41 sprints pour un total avoisinant les 500 mètres.
Personne ne fait mieux en Pro League. Lior Refaelov, sorti du terrain au même moment, a, par exemple, réalisé plus de quatre fois moins de sprints que lui (10).
Le seul à pouvoir le tutoyer est Noa Lang avec 38 courses à très haute vitesse dimanche soir. Sauf que le Néerlandais du Club Bruges a joué 90 minutes. Raman a passé 15 minutes de moins sur la pelouse et a même terminé avec de légères crampes. Logique, vu sa préparation incomplète.
Au sein même du club, l’attaquant n’a pas de concurrence et personne ne fait mieux en moyenne cette saison que lui. Seuls Amir Murillo et Sergio Gomez, les deux latéraux à qui il est demandé de beaucoup dédoubler, ont des stats proches des siennes (et encore sans jamais le dépasser) en termes de sprints et de courses à haute intensité (au-dessus de 20 km/h). Précision importante : les deux backs jouent 90 minutes quand lui sort toujours du terrain avant la fin de partie.
À titre d’exemple, Raman a parcouru aux alentours de 1 500 mètres à haute intensité face au Cercle.
Il n’est, par contre, ni le plus rapide ni celui qui parcourt le plus de distance. Ces titres sont squattés par Hannes Delcroix (34,66 km/h) et par le marathonien Kristoffer Olson. Le médian suédois a, par exemple, approché les 13 kilomètres au Jan Breydel.
Benito Raman est resté bloqué à 9,2 kilomètres. Reporté sur 90 minutes, il aurait dépassé les 11 bornes. Une distance plus que convenable à son poste. En vitesse de pointe, il a été jusqu’à 34,07 km/h.
Le staff est ravi
Vincent Kompany n’a pas besoin qu’il s’époumone à courir longtemps. Il préfère voir son numéro 9 répéter les courses à haute intensité pour créer le danger.
Le coach comme le staff sont ravis de ce que montre actuellement le joueur. Dans ses efforts, mais également dans son attitude. Qualifié de parfois difficile à canaliser, Raman s’est posé en travailleur et en exemple.
Le principal intéressé est d’ailleurs satisfait de ce qu’il parvient à montrer sur le terrain. Autant en termes de travail que de mentalité.
«Benito amène de la maturité et sa capacité à être dangereux sur des situations qui partent de rien», dit Vincent Kompany avant d'ajouter que son expérience pourra aider Joshua Zirkzee dans son développement.
Raman n’hésite d’ailleurs pas à beaucoup communiquer avec son jeune équipier afin que leur paire évolue de match en match.
L’attaquant n’est pas non plus avare en travail et Vincent apprécie cela. Avec Raman, il sait qu’il peut mettre en place son contre-pressing. Récupérer des ballons «gratuits» et très tôt après la perte de balle est inhérent au style du coach VK. Raman récupère en moyenne plus d’un ballon par match dans ce genre de situation.
Il apporte également une touche novatrice aux Mauves. La saison passée, seul Lukas Nmecha était réellement capable d’amener de la profondeur au jeu. Et encore, l’Allemand, lassé d’être sevré de ballons, préférait décrocher pour tâter du cuir.
Raman est un pur joueur de rupture qui ne cesse d’appeler en mouvement et souvent déjà lancé. Avec des joueurs de qualité sur les flancs (Gomez a déjà fait parler son talent à la passe), Anderlecht peut profiter de ses appels en profondeur.
Manque d’efficacité
Un attaquant doit marquer des buts. La seule réalisation du numéro 9 – un ballon poussé au fond depuis la ligne de but et considéré comme un goal volé à Francis Amuzu – n’est pas suffisante pour le contenter.
Raman est bien conscient qu’il doit passer à la vitesse supérieure sur sa feuille de statistiques. Il aurait pu signer son deuxième but lors de la sortie loupée de Thomas Didillon. Son essai a échoué sur le montant puis l’arcade (précision apportée par le gardien du Cercle).
Ce manque de réalisme s’explique en partie par les nombreuses courses qu’il a à effectuer au cours d’un match. La tentative utilisée en exemple s’est produite en fin de partie et les jambes remplies d’acide lactique. Il a d’ailleurs été remplacé dans la foulée.
À Anderlecht, on ne s’inquiète pas pour autant des quelques occasions manquées par Raman. Il est arrivé HS moralement et a dû prendre la préparation en cours de route.
Cela explique en partie son total de buts attendus qui s’élève, sur les trois derniers matchs à 1,7 sur ses trois dernières rencontres. Raman aurait dû marquer au moins une fois. Il n’y est pas parvenu.