Une journée avec Will Still, coach du Beerschot et plus jeune entraîneur de l’histoire de la Pro league
Si l’humilité, la passion et la détermination étaient les secrets du succès, nul doute que nous retrouverons Will Still à la tête d’une équipe du top européen très prochainement.
Publié le 18-03-2021 à 11h55
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Il y a deux mois jour pour jour, après le départ de Losada, les dirigeants du Beerschot décident de confier les rênes de l’équipe à Will Still et faire de lui le plus jeune entraîneur de l’histoire de la Pro League.
En effet, à seulement 28 ans, et armé d’un CV plus qu’impressionnant pour son âge, Will Still est propulsé sur le siège d’entraîneur principal et s’apprête à écrire une nouvelle page dans son parcours professionnel. Bien connu dans le BW pour avoir notamment porté les couleurs du RJ Wavre, de Grez-Doiceau et encore à ce jour celles de Wavre Limal, Will Still revient avec nous sur ses premières semaines en tant que T1 et les défis qui l’attendent.
Will, quel bilan pouvez-vous tirer de ces premières semaines à la tête de l’équipe?
Je pense que dans l’ensemble c’est plutôt positif. Je suis assez satisfait sur le plan sportif, même s’il y a toujours moyen de faire mieux. Les gens oublient vite d’où l’on vient. Lorsque j’ai repris le groupe, on restait sur un 0/24, il était urgent de stabiliser l’équipe surtout d’un point de vue défensif et nous y sommes parvenus. Mais il reste encore beaucoup de travail à fournir pour continuer à faire grandir cette équipe.
Comment avez-vous pu gérer ce passage de l’ombre en tant qu’adjoint à la lumière comme T1?
Mon rôle au sein du groupe n’a pas vraiment changé. Je donnais déjà à l’époque de Losada quasi 80% des séances d’entraînements. Seuls les choix tactiques et finaux lui revenaient. Du coup, cela n’a pas été trop compliqué de faire la transition au niveau des joueurs car ils avaient l’habitude de mes méthodes et de mes approches. Maintenant c’est à moi d’assumer mes choix et les résultats de l’équipe tant au niveau des supporters que de la presse. Mais cela ne me pose pas trop de problèmes. Je ne m’expose pas trop, je préfère que l’on parle de l’équipe, du club, des joueurs et des résultats plutôt que de moi.
Et au niveau de la pression, comment la ressentez-vous?
Je suis assez serein par rapport à la pression. On a la particularité dans ce club d’avoir des supporters très exigeants et critiques, mais j’en suis conscient et je m’adapte à cette réalité. De plus, dans ce contexte de Covid, où les restos sont fermés, et où il n’y a pas de cinéma ou de théâtre, le foot est à la une de tous les sujets. J’ai la capacité à relativiser et surtout je sais que je me donne à 100% dans ce que je fais, ce qui ne laisse pas beaucoup de place à la pression.
Selon vous, qu’elles sont vos qualités en tant qu’entraîneur?
Je suis honnête avec mes joueurs. Si j’ai des choix à faire, je les fais, mais je reste transparent avec eux. Il n’y a rien de pire pour un joueur que de sentir qu’on le baratine. Un choix implique une vérité derrière et je veux toujours la partager. Je pense avoir aussi une bonne communication et surtout une grande positivité. En tant que joueur, j’ai toujours eu beaucoup de mal à accepter la critique. Du coup, je m’efforce aujourd’hui, lorsque j’ai un commentaire plus négatif à faire, de le transformer en quelque chose de constructif, et je pense que cela plaît aux joueurs. Le message passe toujours dans ce contexte et cette façon de faire donne l’envie au joueur concerné de donner les 10 ou 15% supplémentaires que l’on attend de lui.
J’ai étudié et énormément bossé pour arriver là où j’en suis. J’espère que ça pourra inspirer d’autres à se lancer
Et vos défauts?
Je sais qu’on me parle souvent de mon manque d’expérience. Je le compense en essayant de proposer de nouvelles choses et de nouvelles visions. Cela fait sept ans que je suis dans le monde pro et je joue au foot depuis toujours, donc je ne pense pas toujours manquer d’expérience. Sinon je suis extrêmement mauvais perdant (rires). Je ne supporte pas perdre. Même si le contenu est bon, je m’en fous, si je n’ai pas les trois points, ça m’énerve!
Avez-vous déjà des vues sur votre avenir?
Pas vraiment. J’ai appris que dans le monde du foot, il était important de vivre au jour le jour car tout peut très vite basculer dans le bon comme dans le moins bon. Je donne le meilleur de moi-même au cours de chacune de ces journées. C’est la meilleure façon de donner envie aux gens de vouloir travailler avec moi. J’ai toujours voulu faire ce métier et je me suis donné les moyens d’y arriver. Je ne suis pas un ancien pro qui est devenu coach à la fin de sa carrière. J’ai étudié et énormément bossé pour arriver là où j’en suis et tout cela joue bien entendu sur l’entraîneur que je suis aujourd’hui. Je sais d’où je viens et j’espère que mon parcours pourra inspirer d’autres à se lancer dans cette voie.

malgré des journées déjà remplies de foot, ne peut se passer d'encore y jouer. Actif à Wavre-Limal en P2, il éprouve ce besoin de chausser les crampons pour se vider la tête. «J'ai besoin de jouer. Cela me permet de me vider la tête, car sinon même quand je rentre chez moi, je pense encore Beerschot. Je dois pouvoir débrancher à un moment. Sans ça, je pense que je deviendrai dingue. Inconsciemment, le football a toujours eu une immense place dans ma vie, et j'aime trop ce sport que pour ne plus y jouer moi-même.»
Une parfaite échappatoire donc qui permet aussi à Will de conserver une vie sociale, dans un contexte sans pression ni prise de tête. «Le fait de continuer à jouer aussi me permet de rigoler un bon coup et de ne plus penser à ce sérieux et au rôle de T1 que je peux avoir. Et puis physiquement, j'en ai besoin. J'ai besoin de me dépenser. À Limal, chacun a le loisir d'être qui il a envie d'être et tout le monde est uniquement là pour prendre du plaisir. «


Il est 6 h 45 quand Will Still prend la route au départ d’Ottignies. Il arrive au stade 1 heure plus tard au stade du Beerschot.
Le soir, c’est vers 17 h 30 qu’il reprend la route pour rejoindre son domicile.
Le travail de bureau

À 8 h, préparation de la séance d’entraînement du matin avec le staff.
À 14 h, retour dans le bureau pour préparer la séance du lendemain, analyser le jeu de l’adversaire et s’entretenir avec les joueurs.
Le travail au terrain

À 10 h se déroule une séance vidéo ou des entretiens avec les joueurs. À 10 h 45, préparation du terrain d’entraînement pendant que les joueurs sont aux soins ou en séance de réveil musculaire. La séance matinale débute à 11 h 15 pour se terminer à 13 h.
Bon à savoir
Son CV
2014-2015 :Saint-Trond – Analyste vidéo de Yannick Ferrera
2015-2016 :Standard de Liège – Assistant de Yannick Ferrera
2016-2018 :SK Lierse – Assistant de David Colpaert et Fred Vanderbiest. 9 matchs en tant que T1 (7 victoires, 1 nul, 1 défaite)
2018 -:Beerschot VA – Assistant de Stijn Vreven et d'Hernan Losada. T1 depuis janvier 2021.
Son palmarès
Champion en Proximus League avec Saint-Trond (2014-2015)
Coupe de Belgique avec le Standard de Liège (2015-2016)Champion en Proximus League
(D1B) avec le Beerschot (2019-2020)
Sur le gril
Son meilleur souvenir :«Chaque titre remporté est un immense souvenir. C'est pour ce genre de chose qu'on fait ce métier. Avec une saveur particulière pour la Coupe de Belgique remportée avec le Standard en 2016.»
Son parcours scolaire :Kiné pendant 4 mois, puis départ pour l'Angleterre pour y suivre deux ans d'études 100% foot.
Son club de rêve : «Ma famille et moi sommes des fans de West Ham. Donc pour l'ensemble de ces souvenirs je rêve de coacher un jour ce club.»
Combien de matches visionnés par semaine?«Je regarde en moyenne entre huit et dix matchs par semaine. Je préfère Eleven à Netflix (rires).»