Charleroi, un leader de D1 A à l’accent virtonais
Le Sporting de Charleroi, qui partage la tête de D1 A avec le FC Bruges, peut compter sur quelques anciens Virtonais dans ses rangs.
Publié le 10-11-2020 à 09h25
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Karim Belhocine, le T1; Frank Defays, son adjoint, Dorian Dessoleil, le capitaine, et Lucas Ribeiro, joker offensif. Sans oublier David Henen, récemment parti à Grenoble. Le Sporting de Charleroi n’a jamais compté autant d’anciens Virtonais dans ses rangs. Et ça lui réussit plutôt bien puisqu’il fait la course en tête en Jupiler League. On en parle avec Frank Defays, coach de l’Excelsior de 2011 à 2018. Et désormais T2 chez les Zèbres, le club où il a fait l’essentiel de sa carrière comme joueur.
Frank Defays, si on vous avait dit que Charleroi serait en tête au tiers du championnat, vous l’auriez cru?
En fait, on ne s’est jamais vraiment posé la question. Le leitmotiv de Karim Belhocine depuis son arrivée, c’est «match après match». On fonctionne comme ça, sans se poser de questions et sans se fixer de limites.
Vous aviez déjà rencontré Karim Belhocine avant de devenir son adjoint?
Deux ou trois fois, notamment quand il officiait à Courtrai. Mais nous n’avions jamais évoqué l’idée d’une éventuelle collaboration. L’an passé, je m’apprêtais à reprendre avec le Racing Luxembourg quand j’ai reçu un appel de Mehdi Bayat et ça a commencé comme ça.
Et si on vous avait dit, il y a trois ans, que vous alliez devenir entraîneur-adjoint…
Avant de vivre un épisode un peu compliqué à Mouscron, cela ne faisait pas partie de ma réflexion. Puis j’ai été trois mois à l’arrêt et cela a commencé à cogiter. Le passage à Luxembourg n’a pas été simple non plus, puis est venue l’offre du Sporting. Travailler avec Karim, vu son vécu, sa carrière, c’était forcément tentant. Notamment sur le plan de l’apprentissage. J’ai quitté le foot pro en 2009, j’y suis revenu en 2018. Plus les années passent et plus vous vous éloignez d’un foot pro qui a beaucoup évolué. J’avais besoin de redécouvrir certaines choses et ce job d’adjoint me le permet.
Long terme
Un job que vous envisagez sur le long terme?
À l’heure actuelle, je ne pense à rien d’autre puisque le projet du Sporting s’inscrit justement sur du long terme.
Avec les autres ex-Virtonais du Sporting, vous parlez souvent de l’Excelsior?
Je ne vais pas dire que c’est un sujet quotidien et récurrent, mais cela arrive, oui.
Qui en parle le plus?
Moi, je pense. Sans doute parce que j’y suis resté plus longtemps. Je constate une chose, tous ceux qui connaissent et me parlent de l’Excelsior en parlent en bien. Guy Blaise m’avait dit que Virton, c’est un peu comme chez les Ch’tis. Tu pleures en arrivant, mais aussi en partant. Il avait raison.
Révélé à Virton la saison passée, Lucas Ribeiro a débarqué à Charleroi cet été. Loïc Lapoussin n’était-il pas également dans le collimateur des Zèbres?
Son nom a été cité en effet, il a circulé dans la presse, mais sans plus. Au sein du staff, il n’en a jamais été vraiment question. Je ne dis pas que le profil du joueur n’est pas intéressant, mais un transfert est avant tout effectué en fonction des besoins de l’acquéreur.
«On ne s’est pas trop planté»
Virton, c’est un club qu’on suit d’un peu plus près que les autres du côté de Charleroi?
Je ne dirais pas ça, mais j’avoue que lorsque j’officiais en Gaume, et à partir du moment où l’Excelsior avait besoin de réussir quelques bons transferts sortants pour équilibrer ses comptes, j’ai régulièrement renseigné le Sporting sur des profils intéressants avant que le reste de la D1 A s’y intéresse. Un jour, Mehdi Bayat m’a demandé qui était, selon moi, le meilleur joueur de D2, je lui ai répondu qu’il avait été formé chez lui puisqu’il s’agissait de Dorian Dessoleil. Mais il n’y a pas eu que lui. J’ai aussi mentionné Antunes, Emond, Croizet ou encore Randriambololona. À tel point qu’un jour, un scout de Charleroi m’a avoué qu’il craignait de voir débarquer toute l’équipe de Virton au Sporting. Certes, Charleroi n’a pas enrôlé tous ces joueurs, mais quand on voit leurs carrières, on se dit qu’on ne s’est pas trop planté à l’époque.

Son évolution depuis Virton:«L'homme, avec son éducation, est resté le même. Footballistiquement et physiquement, il a évolué, exploitant tout le potentiel qu'on avait deviné en lui. Il est complet et hyper-régulier.»
Meneur:«C'est un leader, comme il l'était déjà à Virton. Pas par la voix, mais par son jeu et son attitude sur le terrain.»
Sélectionnable?«C'est difficile d'être objectif dès lors que je le côtoie au quotidien. Personnellement, je dirais oui, mais il faut se mettre à la place du sélectionneur qui a beaucoup de choix. Je peux comprendre qu'il préfère un joueur de Premier League à un de Charleroi.»
Charleroi jusqu'au bout?«Difficile à dire. On quitte quand même plus vite un club qu'il y a quelques années. Il est capitaine ici, et très respecté. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne partirait pas pour aller n'importe où. Il lui faudrait un beau challenge.»
Sur Karim Belhocine: «Je profite de son vécu»

«Il est arrivé pour prendre la succession de Felice Mazzu, un challenge très compliqué. Une première difficulté qu'il a surmontée avec brio puisque ce fut la saison de tous les records pour Charleroi. Et on aurait peut-être fait mieux encore si la saison avait pu aller à son terme. Nous sommes sur la même longueur d'ondes et je profite de son vécu en tant que joueur et coach. Il a été champion de Belgique, il a été T2 et T1 du plus grand club de Belgique et, à ses côtés, je découvre pas mal de choses, notamment en matière de foot offensif, d'animation du jeu. Dans l'ensemble, on a un staff qui vit très bien, où chacun respecte parfaitement son rôle.»
Sur Lucas Ribeiro: «L’accent sur le travail défensif»

Le petit gaucher brésilien est monté sept fois au jeu depuis son arrivée, au début de cette saison (5 en championnat, 2 en Europa League). Il a délivré deux assists. «Il a dû gommer un petit retard physique en arrivant, dès lors qu'il avait été privé d'entraînement à Virton. Il a beaucoup travaillé et travaille encore beaucoup, malgré une petite interruption due au Covid. Techniquement, on connaît ses qualités. J'ai l'impression qu'il va presque plus vite balle au pied que sans ballon, mais il doit mettre l'accent sur son travail défensif. Vous connaissez les exigences de Karim dans ce domaine… Mais il progresse, il commence à avoir des réactions rapides en perte de balle. Il a un bel avenir s'il confirme.»
Sur David Henen: «Il a bien fait de partir»

À 24 ans, le Belgo-Togolais cherche toujours à exploiter au mieux le potentiel qui avait fait de lui un des jeunes les plus prometteurs en Europe. Arrivé en 2018 à Charleroi, il n'a jamais pu se défaire de son rôle de joker. Il a rejoint Grenoble début octobre. «Un garçon attachant, que j'ai vraiment apprécié lors de son passage à Charleroi, dit Defays. Il a des qualités techniques et athlétiques hors normes, mais il ne parvient pas à les exploiter totalement. Est-ce un manque de réflexion, un souci de concentration? Comme s'il considérait toujours le foot comme son hobby, alors qu'il est pourtant très pro au quotidien. On a mis beaucoup d'énergie pour l'aider à réussir et je pense qu'il a bien fait de partir pour accumuler les minutes de jeu d'ailleurs. Si le déclic se produit, il fera mal.»