Une fusion entre Mouscron et Courtrai sérieusement envisagée
Dans l’attente de solutions pour obtenir sa licence, l’Excel, via son président, a remis le dossier d’une fusion sur la table.
Publié le 17-04-2020 à 19h49
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«Est-ce que la ville veut encore un club de football en D1A?» Par cette question lors de la présentation de Philippe Saint-Jean, nommé coach ad interim début février, Patrick Declerck avait, comme il le fait lors de chaque sortie médiatique, laissait entendre qu’une fusion était importante pour la survie de l’Excel. Ces derniers jours, le président hurlu en a remis une couche dans la presse néerlandophone en parlant d’un projet avec Courtrai auquel Roulers pourrait également se greffer.
Une nouvelle qui, forcément, n’a pas été accueillie avec le sourire du côté des fans. C’est un euphémisme. «Une fusion est inévitable pour nous. Il y a trop de clubs dans notre région. Courtrai et Zulte ne fusionneront pas mais pourquoi ne pas imaginer un rapprochement entre Mouscron et Courtrai, a tenté d’expliquer Declerck, d’origine courtraisienne – tiens, tiens -, avant de nuancer quelque peu ses propos plus tard dans la journée. Ce ne sera pas possible pour la saison prochaine mais on doit y penser.»
«Rester le KV Kortrijk»
Tout est parti d’une réunion informelle autour d’un repas, avant le confinement. Les dirigeants des clubs éventuellement intéressés se sont rencontrés pour évoquer différentes hypothèses. Mais les problèmes de licences de l’Excel et Roulers, qui risquent tous deux, de ne pas obtenir le précieux sésame, ont probablement accéléré le processus. Cela ne se fera qu’à certaines conditions et le moins que l’on puisse dire est que les Mouscronnois pourraient être lésés dans l’histoire. Seule l’école de jeunes semble intéresser les dirigeants flandriens. «Courtrai veut grandir, alors pourquoi ne pas songer à cette fusion. Mais actuellement, nous ne sommes encore que dans une phase embryonnaire, prévient Joseph Allijns, le président courtraisien. Une chose est claire: on veut continuer à jouer dans notre stade (NDLR: qui connaît un projet de rénovation), avec nos couleurs et s’appeler le KV Kortrijk.»
L’argument le plus souvent avancé est l’aspect économique. Deux clubs voisins qui luttent pour la même chose, cela a évidemment un impact sur les entreprises locales, obligées de choisir. Une fusion entre les deux structures pourrait permettre au club de voir son nombre de sponsors évoluer et ainsi progressivement franchir les échelons pour devenir une formation du subtop en Belgique. L’idée, à lire entre les lignes, est évidemment d’amener une concurrence plus concrète à Zulte Waregem, qui a pris une longueur d’avance évidente ces dernières années.
Piempongsant n’en veut plus
Épinglé par la Commission des licences, Mouscron est en difficultés financières. Le club doit trouver un montant légèrement supérieur à trois millions d’euros pour assurer sa pérennité jusqu’au terme de la saison 2021. Toutefois, l’actionnaire majoritaire de l’entité hennuyère n’est en aucun prêt à investir davantage. Il a en effet tenté de trouver de nouveaux investisseurs, il y a quelques mois. Des discussions dans ce sens avaient eu lieu avec un fonds d’investissement anglais, mais le projet n’a pu aboutir. Désormais, à moins de trouver la somme réclamée via une autre piste ou d’un incroyable revirement de situation concernant les désirs de Piempongsant, l’Excel sera rétrogradé en D1 amateurs.
L’autre point noir de la non-obtention provisoire de la licence est le lien trop important avec les agents. Lors de son rapport, la commission a expliqué détenir des preuves que le club a été dirigé en partie par des agents – le très influent Pini Zahavi et Marc Rautenberg – de 2017 à 2019. Une donne complètement interdite dans le football. Ce n’est pas un hasard si Piempongsant est arrivé à Mouscron en 2018 puisqu’il est l’un des bons contacts de… Zahavi, l’homme à la base du transfert de Neymar au Paris Saint-Germain. Deux dossiers épineux à gérer et qui laissent penser que Mouscron n’obtiendra pas, sauf miracle, sa licence professionnelle pour la saison à venir. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, me direz-vous, à juste titre. Mais quand même…
Et si l’Excel reste en D1?
Si par un concours de circonstances, les frontaliers parvenaient à obtenir leur licence, il faudrait comme chaque saison reconstruire un noyau afin d’être compétitif. Les joueurs prêtés vont retourner dans leurs clubs respectifs, quelques-uns sont en fin de contrat et d’autres ne cachent pas leur envie de départ. Quant à ceux qui resteraient, ils commencent à se poser de sérieuses questions: «On ne nous met au courant de rien», «On est inquiet», nous précise-t-on. À la reprise, si tout va bien, le noyau pourrait ne compter qu’une quinzaine de joueurs. C’est dire le manque de stabilité!
Pour couronner le tout, le directeur général, Paul Allaerts est en fin de contrat et ne devrait pas rester tandis que Rudi Vata, le consultant sportif, a plus souvent fait son apparition sur le terrain comme préparateur voire entraîneur que dans son bureau. En sachant qu’il n’avait qu’un contrat de six mois, difficile d’imaginer qu’il sera reconduit. L’incendie est à tous les étages et c’est d’autant plus regrettable après une année réussie sur le plan sportif.