INTERVIEW | Renaud Emond: «Les critiques? J’ai mis 37 buts et une dizaine d’assists en 2 ans…»
Renaud Emond, absent une partie du premier tour, est de retour. Il ne nie pas les problèmes offensifs de son équipe, qu’il espère aider en 2020.
Publié le 06-01-2020 à 07h00
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Renaud Emond sort d’une première moitié de saison un peu frustrante. Après un début prometteur, avec quatre buts en cinq journées de championnat, l’avant gaumais du Standard a été freiné par deux blessures qui lui ont fait manquer huit matchs, dont les cinq derniers de l’année, soldés par deux nuls et trois défaites. Une absence qui a également mis en lumière les problèmes d’efficacité du Standard.
Après le premier entraînement de la semaine de stage, à Marbella, terminé sur une opposition où il a inscrit deux buts, le numéro 9 des Rouches s’est attablé au Guadalpin hôtel pour parler de lui et des difficultés collectives à scorer.
Car sans Emond, les Liégeois n'ont marqué que sept buts en huit matchs. Contre 36 lors des vingt rencontres auxquelles il a pris part. Pourtant, pendant cette disette, certains ont estimé que les Liégeois doivent recruter un buteur. «Oui, ça m'a fait tiquer. Quand je vois mes stats sur deux ans: 37 buts et une dizaine d'assists… N'importe quel attaquant qui arriverait et aurait des stats pareilles au Standard, on se dirait: "C'est magnifique, c'est un vrai buteur". On dirait d'un attaquant qui met quinze buts qu'il fait une top saison. On s'était dit ça pour Orlando Sa, sa première année. J'en suis à sept cette saison et il me reste un demi-championnat pour arriver à 15 pour la troisième fois. Mais bon, je relativise les critiques, hein, sinon j'arrêterais le foot. C'est l'histoire de ma vie.»
D'un autre côté, les difficultés rouches à marquer en son absence l'ont servi: «Peut-être que certains se sont dit: "Finalement, quand il est là, il fait du bon boulot, crée des espaces, défend et fait jouer les autres". On s'est rendu compte que je manquais quand je n'étais pas là», espère-t-il.
On doit être plus tueurs et plus durs en défense
Quoi qu'il en soit, que cela vienne de ses pieds ou de ceux d'un autre, il faudra marquer plus, en deuxième moitié de saison. Présent à Sclessin depuis l'été 2015, Emond est le plus ancien de ce groupe. Et il reconnaît sans botter en touche ce problème d'efficacité. «Tout le monde parlait tellement de cela, que je pense qu'on a fait un blocage à un moment. On se disait qu'il fallait marquer, marquer… Et puis, on s'est aussi dit qu'on encaissait toujours après avoir marqué. Et boum, on encaisse à nouveau. Peut-être en a-t-on trop parlé entre nous. Ça a joué, dans les têtes. Mais bon, on sait où le bât blesse. C'est un point qu'il faudra corriger en 2020. Car il ne faut pas tout jeter, hein. On ne peut pas dire qu'il n'y a pas de fond de jeu. Mais il y a des détails dans les deux rectangles qui nous ont pénalisés. Il faudra être plus tueur devant et plus dur sur l'homme en défense.»
Et quand il dit «être plus tueur devant», il ne pense pas qu'aux autres. «Forcément, quand un attaquant rate une occasion, il se sent coupable. Il est là pour marquer. J'en ai raté aussi, et j'en raterai encore. Malheureusement, un attaquant qui ne rate rien, ça n'existe pas, même dans les grands clubs. Mais bon, il faudra faire mieux, car ça fait beaucoup trop d'occasions ratées, là. On y travaille toutes les semaines à l'entraînement. Et le ballon va au fond.» Tout va revenir d'un coup, sent-il. «Je suis persuadé que l'effet ketchup va finir par se produire.» Tout le Standard l'espère.
SES BLESSURES: «Sans elles, j’en serais à 10 buts»
Tibia puis ischios: Renaud Emond a subi deux blessures, en une demi-saison. Une première dans sa carrière. «Là, je me sens bien, je n'ai plus mal et j'ai recommencé l'entraînement normalement», explique-t-il. Cette blessure est-elle due à l'accumulation de matchs et la surcharge d'une année 2019 très remplie? «Ça a pu jouer un rôle, oui. C'est une élongation, donc il y a une part de fatigue, évidemment. Je ne vais pas le cacher, parfois j'en discutais avec le coach la saison passée. Il me disait qu'il voyait bien que j'avais du mal, mais qu'il n'avait pas d'autre solution. Peut-être que l'accumulation physique de l'année passée a eu un effet cette année, je ne sais pas… Je ne calcule pas trop. J'essaie de faire mes matchs, mais parfois le corps lâche. L'année passée, j'avais craqué en play-off 1. Cette année, c'est plus tôt. Mais c'est peut-être un mal pour un bien. Peut-être serai-je plus frais en fin de saison?»
Mais pour le classement général des buteurs, l'ex-avant de Waasland et Virton a pris un gros retard sur Mbokani, qui a déjà marqué quatorze fois en championnat. «Ce sera compliqué d'aller le chercher, oui. Mais bon, si je commence par mettre deux buts contre Malines, qui sait? C'est dommage d'avoir manqué autant de rencontres. J'en suis déjà à sept… j'en serais probablement à trois de plus.»
SON AVENIR: «Je ne ferme aucune porte»
Le départ de Sébastien Pocognoli et la retraite de Réginal Goreux font de Renaud Emond le plus ancien du vestiaire, à 28 ans, avec Gillet, Carcela et Mpoku. Arrivé en août 2015, il bouclera sa cinquième année à Sclessin, l'été prochain. «C'est vrai que je suis un ancien, sourit-il. Je connais la maison, j'ai tout vécu ici. J'aide les petits jeunes qui arrivent, ça me correspond. Je prends mes responsabilités, je parle dans le vestiaire, mais comme d'autres. »
Avant, un jour, de partir à son tour? Il assure ne pas faire de fixation à ce sujet: « Je n'y pense pas, non. chaque carrière est différente. Je vis au jour le jour, je pense au Standard. Si un beau challenge se présente, peut-être que je partirai. Je suis ici depuis cinq ans et il me reste deux ans de contrat. Pourquoi pas finir ma carrière ici? Pourquoi pas tenter un jour une expérience à l'étranger? Je ne ferme aucune porte, mais il n'y a pas d'envie absolue de partir. Je me sens bien en Belgique, où je suis avec ma famille.»
Porteur du brassard en début de saison, il a vu MPH le donner à Mpoku, sans en prendre ombrage. «Il n'y a pas eu de discussion à ce sujet, c'est clair entre nous, on est des cadres. Parfois c'est lui, parfois moi. Je ne joue pas pour porter le brassard.»