Neuf ans après, Bruno Fahy se souvient de sa photo iconique de la célébration De Bruyne – Lukaku : “La seule de sport que j’ai encadrée chez moi”
Il y a bientôt neuf ans, le photographe namurois Bruno Fahy immortalisait la célébration devenue iconique entre Kevin De Bruyne et Romelu Lukaku au Mondial brésilien. Souvenirs.
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- Publié le 08-06-2023 à 05h00
- Mis à jour le 08-06-2023 à 09h41
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C’est un cliché qui remonte au 1er juillet 2014. Bientôt neuf ans. Hier semble soudain si loin. Ce simple “check” entre deux joueurs – et amis – achevant de fêter un but, certes primordial et en mondovision, s’est alors rapidement élevé au rang de célébration iconique, symbolique et fédératrice.
En 2023, dans l’imaginaire collectif des amateurs de football – et de photographie -, ce cliché reste intact. Intemporel. Inoubliable. Grâce à la magie de l’instant, ce soir d’été chaud et humide à Salvador de Bahia (Brésil), et aux souvenirs auxquels il renvoie. La Belgique en Coupe du monde et un huitième de finale insoutenable face aux États-Unis (2-1), achevé en apnée au bout des prolongations après des buts de… Kevin De Bruyne et Romelu Lukaku.
A quelques jours de la finale de la Ligue des champions entre le City de Kevin De Bruyne et l'Inter de Romelu Lukaku, retour avec son auteur, le photographe namurois Bruno Fahy (agence Belga) sur cette image qui a fait le tour du monde.

Bruno, y a-t-il quelque chose que vous n’avez pas encore révélé sur ce cliché ?
”Non, mis à part que, pour la première fois, j’ai eu l’occasion d’en parler avec Romelu Lukaku. C’était en septembre dernier lors de l’inauguration du Centre national de Tubize. J’en avais déjà discuté avec Kevin De Bruyne mais jamais avec Lukaku. Il ne savait pas que c’était moi qui avais immortalisé ce moment et c’est sympa de savoir que cette photo est restée dans sa mémoire.”
Neuf ans plus tard, quel regard portez-vous sur cette photo ?
”Il y a tout dans ce cliché. À la fois l’aspect sportif avec la célébration d’un but important pour la Belgique avec deux joueurs emblématiques de la génération dorée ; mais aussi la symbolique qu’il s’agisse d’un joueur blanc et d’un équipier de couleur. Ça prend encore tout son sens aujourd’hui quand on voit les récents problèmes en Espagne (NdlR : le 21 mai, le joueur du Real Madrid Vinicius a été la cible de cris racistes provenant du public de Valence).”
Techniquement, il n’y a pas grand-chose de spécial dans cette photo.
En décembre 2014, vous avez d’ailleurs reçu le prix du journalisme de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour cette photo…
”Oui, et j’avais été surpris parce que, dans ce genre de concours, c’est assez rare qu’une photo de sport soit plébiscitée. Généralement, ce sont plutôt des sujets engagés. Mais le symbole que cette photo a pu représenter, pour l’intégration, a sûrement influé sur le choix du jury.”
Coupe du monde en Russie : les coups de cœur photo de Bruno FahyQuestion bateau : est-ce votre plus belle image ?
”Je réponds toujours que, ma préférée, c’est celle que j’espère faire demain. Mais disons que celle-ci couronnait ma première Coupe du monde avec la Belgique. Et c’est la seule photo de sport que j’ai encadrée chez moi, dans le salon. On m’en parle encore souvent, notamment dans la cour de l’école de mes enfants (sourire). À part ça, techniquement, il n’y a pas grand-chose de spécial dans cette image. Elle est en partie due à un concours de circonstances. Disons que j’avais bien choisi ma place (NdlR : une fois positionnés, les photographes ne peuvent plus se déplacer autour du terrain durant un match), que j’avais bien repéré cette célébration quelques jours plus tôt à l’entraînement des Diables, et donc je savais qu’en cas de but, je devais être particulièrement attentif. L’avoir en vertical, des pieds à la tête avec le stade derrière, ça a beaucoup joué aussi, je pense. Si j’avais été placé deux mètres plus à gauche ou plus à droite, le rendu n’aurait pas été identique.”
“Wahouw, tu as vu Bruno, ta photo est partout ?!””
Au moment où vous actionnez le bouton de votre appareil, vous savez pertinemment que vous tenez une photo iconique ?
”En général, dans le viseur, oui, les photographes sentent directement s’ils ont ou non capté quelque chose de rare, de bien, de spécial… Sur le coup, j’ai très vite envoyé la photo à l’agence, ce qui explique qu’elle a très rapidement circulé sur plein de sites internet et été reprise par énormément de médias. Je fais souvent une petite revue de presse un lendemain de match, mais cette fois-là, dans le bus qui quittait l’hôtel au Brésil, c’est Vincent Legraive (NdlR : alors journaliste sportif à Bel RTL) qui m’a interpellé en me disant “Wahouw, tu as vu Bruno, ta photo est partout ? !””
Y a-t-il eu un avant et un après, pour vous ?
”Personnellement non. Parfois, je suis juste présenté à des gens par ce biais-là. “Bruno Fahy, le photographe qui a fait la photo de Lukaku et De Bruyne”. Du coup, les gens me situent.”
Et on vous en reparle dans une interview neuf ans plus tard…
”Exactement (rire). Le clin d’œil de la finale de la Ligue des champions est sympa. Mais même si les deux joueurs s’entendent très bien, il y a peu de chances de revoir une telle célébration lors de City – Inter…”