Thomas Meunier s'apprête à être sacré avec Dortmund sans jouer: "Il y a un goût de trop peu"
S’il bat Mayence ce samedi, le Borussia Dortmund sera champion d’Allemagne. Et Thomas Meunier aussi. Mais le latéral droit des Diables rouges aura peu très joué en 2023.
Publié le 27-05-2023 à 09h00
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/GR7A4LXSKFGJBKX56TT4X433BY.jpg)
"J e suis ambitieux et je veux gagner des titres avec Dortmund, comme je l’ai fait avec Bruges et Paris." En juin 2020, lorsqu’a été officialisée son arrivée dans la Ruhr, Thomas Meunier n’a pas caché son ambition. Trois ans plus tard, et onze ans après le dernier sacre des Borussen, le Diable rouge touche enfin au but. Un succès contre Mayence ce samedi et son équipe mettra fin à dix années d’hégémonie du Bayern. Le hic, c’est que le latéral ardennais joue très peu en 2023: 19 minutes au total, en compétitions officielles. Comment vit-il cette situation délicate ? Nous l’avons rencontré à quelques heures de cette rencontre décisive.
Thomas, comment est l’atmosphère à Dortmund avant cette rencontre face à Mayence ?
Les supporters sont évidemment impatients, il y a des drapeaux partout en ville et on attend près de 500 000 personnes dimanche, pour la parade qui sera organisée en cas de victoire. Au club, la tension est palpable. Après 11 ans de disette, on manque d’habitude pour gérer ce genre de moment. Il y a de la méfiance aussi: Mayence n’a certes plus rien à jouer, mais n’en a pas moins battu le Bayern ou encore Leipzig en avril (NDLR: mais vient aussi de perdre ses quatre derniers matches).
Si vous remportez ce titre, c’est Dortmund qui l’aura gagné ou le Bayern qui l’aura perdu ?
Un peu des deux, je pense. Le Bayern a laissé filer des points de manière inattendue, mais on ne peut passer sous silence notre excellent second tour, durant lequel nous n’avons concédé qu’un revers. Nous étions 6e à la trêve, faut-il le rappeler ? En outre, nous nous sommes montrés quasiment intraitables à la maison, où seul le Werder Brême nous a battus. Nous n’avons pas surclassé la compétition, mais nous avons fait le job.
Vous serez repris pour cette rencontre ?
Je ne crois pas. À moins que la foudre s’abatte sur quatre joueurs lors de l’ultime entraînement (rires).
Remporter, peut-être, un titre tellement attendu, mais sans jouer, on imagine que c’est difficile à vivre ?
Il y a un goût de trop peu, c’est clair. Car je reste quelqu’un d’ambitieux et un compétiteur. Je jouais quasiment tout avant ma fracture de la pommette, à quelques semaines du Mondial (NDLR: 14 titularisations en 16 matches officiels). Puis j’ai subi une double déchirure ensuite. Quand je suis revenu, l’équipe tournait, venait de réussir un 15 sur 15, et la philosophie du coach, c’est de ne pas changer une équipe qui gagne. En outre, contrairement à la saison passée, il y a très peu de blessures dans le groupe cette année. D’un autre côté, on forme un très bon collectif, l’entente est excellente et quand tu ne joues pas, ton rôle dépasse celui que tu peux avoir sur le terrain. À ma manière, en travaillant à 100% à l’entraînement, en maintenant la concurrence et l’intensité, j’apporte aussi ma pierre à l’édifice. J’ai remporté titre et coupe avec Bruges comme avec Paris, je suis en passe de faire de même avec Dortmund, je ne peux pas trop me plaindre non plus.
Mais vous pensez que vous méritez de jouer davantage ?
C’est une question de points de vue. On m’a toujours appris que le travail finit par payer et on ne pourra jamais me reprocher un manque de professionnalisme. Dès lors, il peut y avoir une impression d’injustice quand le turnover est très limité et quand un joueur qui a dû se ménager en semaine est quand même titulaire le week-end. Mais d’un autre côté, si l’équipe continue de gagner, c’est assez logique.
"Ma saison la plus compliquée"
Quoi qu’il en soit, il s’agit quand même de votre campagne la plus compliquée sur le plan individuel ?
Depuis que je suis pro, oui. Le jour et la nuit par rapport à ce que j’ai connu sous la houlette de Marco Rose (NDLR: le prédécesseur d’Edin Terzic) Mais c’est la première du genre. Jusque-là, tout m’avait plutôt bien réussi et je sais que derrière les nuages, il y a toujours du soleil. Je suis convaincu que la saison suivante serait bien plus heureuse pour moi.
À Dortmund ou ailleurs ?
On va en discuter prochainement avec le directeur sportif Sebastian Kehl. Il me reste un an de contrat.
Un départ apparaît quand même inéluctable, non ?
Pas nécessairement. Le foot n’est pas le seul paramètre à prendre en compte. Il y a la famille, l’environnement, la qualité de vie. Les enfants vont à l’école ici ; ils sont devenus de vrais petits Allemands. Et rester un an, c’est aussi la possibilité de partir libre ensuite et donc d’avoir plus de choix. Maintenant, un an de plus dans ces conditions, ce serait très difficile et le club me fait peut-être comprendre aussi qu’il est temps que je m’en aille. Tout peut dépendre de la somme qu’ils fixeront pour un éventuel départ. S’ils veulent 15 millions, ça risque d’être compliqué pour un joueur qui va sur ses 32 ans et n’a que très peu joué ces derniers mois.
"Jusqu’à la limite de la chaise roulante"
Vous rêvez d’un dernier bon transfert ?
Pas nécessairement le dernier. L’envie est toujours, j’espère aller jusqu’à la limite de la chaise roulante (rires). Plus sérieusement, j’aimerais jouer jusqu’à mes 40 ans si le corps suit.
Vous avez déjà reçu des propositions ?
Quelques-unes, oui, mais je le répète, j’attends d’abord que Dortmund se positionne.
La Premier League est toujours dans un coin de votre tête ?
Oui, bien sûr. C’est le rêve ultime.
Et après, vous pourriez être tenté par un retour en Belgique ? Ou une destination plus exotique ?
Plutôt la Belgique. La seconde option ne m’intéresse pas trop. On m’a toujours déconseillé de reveni en Belgique parce que les gens attendent trop de vous ; ils pensent qu’à 35 ans, vous allez marquer 40 buts parce que vous avez fréquenté de grands clubs à l’étranger. Mais ça ne se passe pas comme ça ; il s’agit surtout d’encadrer les jeunes, de jouer un rôle de guide. En ce sens, les exemples de Vertonghen, Alderweireld ou Chadli s’avèrent encourageants.
La transition est ainsi faite avec les Diables. Comment avez-vous digéré cet échec de la Coupe du monde ?
Difficilement. C’est assez incompréhensible ce qui s’est passé. Un désastre, mais c’est l’ensemble du groupe qui est à blâmer. On ne méritait pas mieux. Un ressort s’est cassé à un moment, mais je suis incapable de dire quand.
Il fallait donc un souffle nouveau ?
Oui et sur ce que j’ai pu observer en mars, Domenico Tedesco est l’homme de la situation. Pour son feeling, sa connexion avec les jeunes. Il est dans son élément.
Les jeunes justement: votre avis sur cette nouvelle vague ?
Elle me plaît beaucoup. Pas mal de bons joueurs, doués techniquement, avec de l’envie, de la personnalité, une certaine insouciance aussi. Tedesco et son staff matchent totalement avec ces joueurs.
Et vous là-dedans ? Retrouver une place de titulaire est aussi l’un de vos prochains objectifs ?
L’équipe nationale sera toujours un objectif. C’est le Graal pour moi. Bien jouer en club pour être repris, c’est une ambition constante.
Les Diables vont affronter l’Autriche et l’Estonie prochainement. Vous pensez que vous figurerez dans le groupe ?
L’espoir est là, mais il faut être objectif. À moins de blessures, quel argument pourrait trouver le sélectionneur afin de justifier un tel choix ?