"De Nantes à Toulouse, pour Macron c'est carton rouge!": le président français prend cher avant la finale de Coupe de France (PHOTOS)
Une action a été prévue par des militants syndicaux.
Publié le 29-04-2023 à 22h40
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"De Nantes à Toulouse, pour Macron c'est carton rouge!" Avant la finale de la Coupe de France de football, samedi au Stade de France, des dizaines de militants syndicaux ont entrepris de distribuer aux supporteurs des deux équipes de quoi siffler le président de la République, pour sa réforme des retraites.
A la sortie des stations de métro et de RER qui desservent l'enceinte sportive, les militants, un chapelet de sifflets rouges autour du cou, haranguent les voyageurs avec des slogans bien rodés.

"Et un sifflet pour Macron, un!" scande Jonathan sur un ton de bonimenteur de foire. "On a cotisé, on a le droit de se reposer ce soir!", proclame-t-il d'un air joyeux en tendant aux voyageurs sortant de la gare RER sifflets en plastique et prospectus barrés du slogan "carton rouge à la retraite à 64 ans".
Par cette initiative, l'intersyndicale, toujours vent debout contre la réforme des retraites récemment promulguée, a voulu profiter de la venue du chef de l'Etat au Stade de France pour inciter les spectateurs à l'interpeller, si possible 49 minutes et 30 secondes après le début du match.
Tout en avançant d'un pas vif vers le stade, la plupart des supporteurs se saisissent volontiers du carton et du sifflet. Et ceux qui ne le font pas gardent le sens de l'humour: à un militant qui l'interpelle en criant "Carton rouge pour Macron!", une supportrice nantaise répond "Carton jaune, plutôt", en arborant fièrement son maillot aux couleurs du FC Nantes.
Pour un jeune supporteur de Nantes, il faut "dissocier la politique et le football".
Mais dans l'ensemble, "ça se passe plutôt bien, les gens sont plutôt d'accord avec nous", constate Jonathan, fonctionnaire territorial de 37 ans et militant à la FSU.

Sur l'air des "gilets jaunes"
"J'ai eu aussi des réactions négatives, un monsieur m'a même répondu 'carton vert pour Macron!'", concède-t-il. A l'inverse, "certains font des selfies avec le carton rouge", s'amuse le trentenaire.
Au moment où une imposante foule de supporteurs toulousains sort de la gare, dûment équipés d'écharpes violettes, les syndicalistes crient "Macron, démission!", ou s'enhardissent sur l'air des "gilets jaunes", devenu "Même si le préfet ne le veut pas, nous on est là!"
Car le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a tenté vendredi d'interdire la distribution des tracts et des sifflets aux abords du stade, affirmant craindre des troubles à l'ordre public.

A quelques heures du coup d'envoi, la justice administrative lui a donné tort: elle a suspendu son arrêté d'interdiction, y voyant une "atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester".
Tout en autorisant l'ensemble de l'action syndicale, le tribunal administratif n'a toutefois pas contesté l'interdiction des sifflets à l'intérieur du Stade, qui relève du règlement de la Fédération française de football.
Et de fait, une fois passée l'entrée, "on récupère tous les sifflets", glisse un responsable de la sécurité. Voire les cartons rouges: un jeune supporteur de Nantes, qui avait entrepris d'en distribuer une liasse dans les tribunes, se les est fait confisquer. "J'ai des consignes", a commenté le stadier. "Je suis comme toi, je suis contre la retraite à 64 ans, mais je fais mon taf".
Quoi qu'il arrive, à la 49e minute, "même sans sifflet, on est capable de faire du bruit", affirme Marco, un ingénieur de 23 ans, venu soutenir Toulouse. Pour sa compagne Emilie, 24 ans, "on a bien le droit, a minima, de siffler un président qui n'écoute pas son peuple".

Macron a salué les joueurs dans les couloirs du Stade de France
A noter qu'Emmanuel Macron a salué samedi soir les joueurs des équipes de Nantes et Toulouse à quelques minutes du coup d'envoi de la finale de la Coupe de France de football, dans les couloirs du Stade de France et non sur la pelouse avant la rencontre, selon les images des diffuseurs.
Sur fond de tension sociale et de haute vigilance sécuritaire, le président de la République a serré la main de tous les joueurs de cette finale à un quart d'heure du coup d'envoi donné à 21h00.
Accompagné du président par intérim de la Fédération française de football (FFF) Philippe Diallo, le chef de l'Etat a adressé quelques mots aux acteurs de la rencontre.
"Bonne finale à vous", "essayez d'en profiter aussi", "bon match", a-t-il notamment lancé. "On est de tout coeur avec vous", lui a glissé le président du FC Nantes Waldemar Kita.
Ces dernières années, Emmanuel Macron avait pris l'habitude de venir saluer les joueurs sur la pelouse, mais le protocole a été modifié pour cette édition, alors que, comme présenté ci-dessus, plusieurs syndicats ont distribué des cartons rouges et des sifflets à des spectateurs autour du stade pour qu'ils manifestent leur rejet de la réforme des retraites.
"Alors que les sifflets font partie d'un certain folklore au Stade de France, le président de la République a toujours respecté la tradition du salut des joueurs qu'il a réinstaurée (en 2017) et saluera donc les joueurs avant leur entrée sur le gazon", avait expliqué l'entourage du chef de l'Etat plus tôt samedi.
Le président de la République doit par ailleurs remettre à l'issue du match la coupe dans la tribune, et non depuis la pelouse, comme il en était l'usage depuis trois ans et la crise du Covid-19.
L'entourage d'Emmanuel Macron a par ailleurs déploré "la volonté de certains responsables politiques et syndicaux d'orchestrer un événement visant à détourner l'attention de la soirée non plus sur les joueurs, le match, la coupe, l'esprit sportif et festif mais sur un combat politique".