Pär Zetterberg, icône du RSCA, a reçu L'Avenir avant Suède – Belgique : “Je serais parti moi-même d'Anderlecht"
Depuis sa ville de Falkenberg, Pär Zetterberg a enfin parlé du Sporting, mais sans la moindre rancune.
Publié le 23-03-2023 à 06h38 - Mis à jour le 23-03-2023 à 09h12
Vous pouvez me faire un plaisir ? Passez mon bonjour à Vercauteren, vu que je ne serai pas au match à Stockholm. Et dites à Kevin De Bruyne que je suis grand fan de lui.” Malgré son retour en Suède, Pär Zetterberg (52 ans) n’a pas perdu son amour de la Belgique. À l’occasion du match entre son pays de naissance et son pays d’adoption, il a d’ailleurs accepté de recevoir La DH pendant presque deux heures à sa maison à Falkenberg, une petite ville de 50 000 habitants. Quel hasard : cela fait jour pour jour trois ans qu’il a été viré par Anderlecht.
On craignait devoir rouler dans la neige, mais au lieu de cela, on a eu droit à une pluie battante et un vent polaire sur l’autoroute. Notre avion, lui, avait dû atterrir sur l’aéroport de Göteborg dans un brouillard dense. Cent kilomètres au sud, la sortie Falkenberg mène vers la plage “Skréa Strand” et le “Hallands Kustväg”, une route côtière qui n’a rien à voir avec la vedette norvégienne Erling Haaland de Manchester City.
"Gustaf Nilsson est également de Falkenberg. C'est moi qui lui ai conseillé d'aller à l'Union."
Par contre, Falkenberg produit bel et bien des champions de football. “Je ne suis pas le seul à être né ici, nous dira Pär un peu plus tard. L’international suédois Jesper Karlsson de l’AZ est également d’ici. Il m’a demandé si j’allais à Anderlecht – AZ, mais je n’irai pas. Et Gustaf Nilsson de l’Union est aussi originaire d’ici. J'ai joué avec son papa Hakan, il était buteur à Falkenberg. Jesper et Gustaf sont des amis de mon fils Erik, qui joue en D3 suédoise. Parfois, ils passent ici à la maison. Vous savez que c’est moi qui ai conseillé à Nilsson d’aller à l’Union, un club que j’apprécie fort ! Par hasard, ce mardi, j’étais dans le même avion que lui en rentrant de Thaïlande, où on a passé 17 jours de vacances. On a fait une escale via Bruxelles.”
Vous êtes bien bronzé, tout comme votre femme Linda.
”Je suis déjà content qu’il ne fasse pas -20 degrés à notre retour. Parfois, il y a 15 centimètres de neige, ici, même si les hivers étaient beaucoup plus sévères quand j’étais jeune. À Pukhet, il faisait 35 degrés. Cela fait la onzième fois qu’on allait en Thaïlande. C’est chouette, mais je suis content d’être rentré.”
Vous étiez donc en Thaïlande quand Anderlecht a éliminé Villarreal.
”Oui. J’étais très content. Vu le décalage horaire de six heures, c’était le milieu de la nuit en Thaïlande quand le match s’est joué. Je me suis quand même réveillé deux fois pour regarder le score. La première fois, c’était 0-0. La deuxième fois, c’était 0-1. Il faut le faire. Pas beaucoup d’équipes en sont capables.”

Vous êtes resté supporter, malgré votre mise à l’écart douloureuse en mars 2020.
”Certainement. Je suis supporters jusqu’à la fin de ma vie. Quand je suis en Suède, je regarde le plus possible de matchs d’Anderlecht. Et vous ne m’entendrez pas dire du mal sur le Sporting. je ne suis pas rancunier.”
Tout au long de ces trois ans, vous avez refusé de parler d’Anderlecht.
”En effet. Je ne parle pas de la façon dont le club est dirigé ni de la façon dont l’équipe joue. Tout ce que je dis, se retournerait contre moi.”
Mais entre-temps, ce sont deux Scandinaves inconnus qui sont en train de remettre Anderlecht sur la bonne voie.
”Ils font de l’excellent boulot avec peu de moyens. Ils ont fait plus de transferts sortants que rentrants. Je ne dis pas qu’Anderlecht est candidat pour le titre la saison prochaine, mais je vois une évolution et un projet intéressant. La Belgique a besoin du glamour d’Anderlecht en Europe. C’est bizarre de voir le top 3 avec Genk, l’Union et l’Antwerp. À mon époque, c’était Anderlecht, le Club Bruges et le Standard.”
"Avant mon C4, j'avais déjà résilié le contrat de notre appart. Je sentais que je ne savais plus faire la différence."
Vous pouvez parler de votre C4 ?
”Certainement. L’ancien CEO Karel Van Eetvelt m’avait appelé et m’avait annoncé que j’étais viré pour des raisons financières. On était en pleine période Covid. Je ne sais pas s’il y avait d’autres raisons. Ce n’est pas mon affaire. Mais de toute façon, je serais parti moi-même à la fin de la saison.”
Ah bon ?
”Oui. C’est ce que j’avais décidé avec ma femme. On avait même déjà résilié le contrat de notre appartement à Uccle. J’avais dit au propriétaire de ne rien dire. En avril, je comptais annoncer mon retour en Suède.”
Anderlecht vous a viré en mars. Financièrement, cela a donc été plus intéressant pour vous.
”(Petit sourire) C’est dommage pour eux. Ce n’est pas ma faute.”
Pourquoi vouliez-vous partir ?
”Parce que je sentais que je ne savais plus faire la différence. Au début, je faisais partie du comité des transferts. J’avais mon mot à dire. Je sais bien que Coucke m’a fait venir pour calmer les supporters. Je n’ai pas de problème avec lui. Avec personne, au fond.”
Avec Kompany non plus.
”Pas du tout. Vincent m’a appelé et on a bien parlé. Je peux vous dire que j’ai admiré le travail de Vincent. Son évolution a été spectaculaire. Son succès à Burnley ne m’étonne pas. Il va réussir au top absolu. Il y a de grandes chances qu’il succède à Guardiola. Mais Manchester City ne sera pas le seul grand club à le vouloir.”
Le coach Fred Rutten n’était pas votre ami. Il vous en a voulu quand vous aviez donné un conseil à Verschaeren dans les journaux.
”Quand Rutten a parlé de cela à la conférence de presse, j’ai été le trouver. On a eu une discussion franche. Je maintiens que je n’avais rien à me reprocher. Je ne lui en veux pas non plus.”
"La mort de Michel Verschueren m'a fortement touché. Il m'en voulait toujours parce que j'avais de longs cheveux."
Vous avez été touché par le décès de Michel Verschueren ?
”Très ! J’ai aussitôt envoyé un message à son fils Michael. Quand j’étais jeune, il m’en voulait toujours parce que je laissais pousser mes cheveux. Il me taquinait : ‘Fais-toi une coupe à la brosse comme moi !’ Maintenant, je suis son conseil. Je dois ma carrière à lui et à la famille Vanden Stock.”
Scifo, Zetterberg, Vanden Stock, Vercauteren, les anciens mauves rendent hommage à Michel VerschuerenVous entendez encore Roger ?
”Oui, on s’envoie souvent des messages. Mais on ne parle pas souvent du foot ou d’Anderlecht. Il y a des choses plus importantes dans la vie. En 1999, j’ai invité les Vanden Stock à mon mariage, ici à Falkenberg. Roger avait un empêchement, mais sa femme Kiki et leurs filles sont venues. Tout comme Jean Dockx.”
C’est Dockx qui vous a découvert à Falkenberg à 15 ans ?
”Initialement, c’était un scout danois d’Anderecht qui m’avait vu à un tournoi au Danemark, où Jari Litmanen jouait aussi. Puis, Jean est venu me voir jouer à Falkenberg. Jusqu’à mes 12 ans, j’avais joué en attaque. Je marquais beaucoup. Quand notre médian s’est blessé, j’ai reculé d’un cran. Quand on m’a dit qu’Anderlecht me voulait, je ne connaissais pas le Sporting. En Suède, on ne pouvait voir que le foot anglais - j'étais un grand fan de Liverpool. J’ai quand même passé un test de dix jours au RSCA, en octobre 1986. J’avais notamment assisté au 3-0 en Coupe d’Europe contre le Steaua Bucarest, avec un but du Limbourgeois Pier Janssen. C’était le début d’une longue histoire d’amour. J’ai gardé beaucoup d’amis en Belgique. Et parmi les joueurs ? Parfois j’envoie un message à Baseggio ou Peiremans quand je vois l’une ou l’autre photo sur les réseaux sociaux. Et l’année passée, Bart Goor en Jonas De Roeck m’ont appelé. Après une victoire de Westerlo, évidemment (rires).”