Avec le décès de Gianluca Vialli, le football perd un artiste
Le vainqueur de la Ligue des champions 1996 s’est éteint ce vendredi après avoir combattu un cancer du pancréas durant cinq ans.
Publié le 06-01-2023 à 17h58 - Mis à jour le 06-01-2023 à 18h07
:focal(2779x1861:2789x1851)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7AUHZNRQURDC3FXT256WKSLCAM.jpg)
Il faudra se souvenir de cette folle nuit de Wembley il y a un an et demi dans une ville où il avait glané une deuxième Coupe des vainqueurs de coupe et où il était devenu entraîneur deux décennies plus tôt. Il faudra se rappeler à quel point “Lucagoal” a ébloui le football des années nonante en étant l’un des meilleurs avants-centres d’Europe. Ce vendredi, Gianluca Vialli est décédé à un âge où la mort ne devrait pas exister.

L’Italien de 58 ans s’était montré aussi redoutable que sur les terrains en vainquant cette satanée crasse qu’est le cancer du pancréas. Hélas, la maladie a fini par remporter un combat inégal en revenant subitement il y a deux mois. De quoi remplir les glandes lacrymales de tous les amoureux du football, déjà marqués par les disparitions récentes de Siniša Mihajlović et Pelé.
Pour la jeune génération, Vialli restera celui qui s’affairait et vibrait autour de Roberto Mancini lors de l’Euro 2021 pour mener sa Squadra à la conquête de l’Europe. Pour les autres, ces images du championnat d’Europe incarneront les réminiscences telle une madeleine de Proust des années où la Sampdoria assiégeait le football italien grâce au duo au début des années nonante.
”Nous étions différents, mais très soudés. Nous sommes devenus des “gemelli del gol” (jumeaux du but) pour notre entente dans la surface”, se souvenait Roberto Mancini. Comme deuxième attaquant, le sélectionneur transalpin réalise le sale boulot pour placer Vialli, le renard des surfaces, dans les meilleures conditions.
Ça ne suffisait pas toujours. L’odeur assoiffée du but adverse ne pardonne pas un mauvais choix. “Parfois, Vialli reprochait à Mancini de ne pas l’avoir servi”, se remémorait Gianluca Pagliuca, le gardien de la Samp. “Alors, ils ne se parlaient plus pendant une semaine ou ils s’appelaient par leurs noms de famille comme s’ils ne se connaissaient pas. Puis, cela se résolvait tout seul, évidemment.”
Parfois, ils ne se parlaient plus pendant une semaine.
Les succès ont ce don de rapprocher les gens. Avec ses deux stars, le club italien se construit un sacré palmarès. Un Scudetto (1991), trois Coupes d’Italie (1985, 1988, 1989) et un sacre européen en C2 (1990) face à Anderlecht avec un doublé du natif de Crémone pour remplir l’armoire à trophées. Lors de la saison 1990-1991, Vialli truste les récompenses individuelles en finissant Capocannoniere, meilleur buteur de Serie A, avec 19 buts.

En point d’orgue de sa sublime carrière, il finira par gagner la Ligue des Champions en 1996 avec la Juventus avant de terminer son chemin par une première expérience à l’étranger afin de rejoindre Chelsea.
Tel un ovni, il devient par la suite joueur-entraîneur lors de sa dernière année à Stamford Bridge. “Confier la direction de Chelsea à Vialli, c’est comme donner à un gamin de 18 ans les clés d’une Ferrari”, s’était interloqué Fabio Capello. Ça ne l’empêchera pas de glaner la Coupe de la Ligue, la Coupe des Coupes et la Super Coupe européenne même si l’histoire s’achèvera quelques mois plus tard à cause de conflits avec une partie de son effectif.

Il délaisse le costume d’entraîneur en 2002 après avoir retrouvé du travail à Watford. Et puis, sa vie a totalement bousculé en 2017 lorsque le cancer du pancréas lui a été diagnostiqué. “Je me suis d’abord fixé des objectifs à long terme : ne pas mourir avant mes parents et être présent aux mariages de mes filles”, confiait-il. “Et puis des objectifs à court terme, comme affronter l’opération, la chimiothérapie, la radiothérapie et retrouver rapidement un physique convenable.”
La maladie a fini par l’emporter, lui et ses vœux. Comme une tristesse incommensurable.