Paul Van Himst encense Pelé : "Il était le meilleur de tous"
D’anciens Diables rouges se souviennent de leurs matches avec ou contre Pelé. " Il était le meilleur de tous, plus fort que Maradona, Messi ou Mbappé ", concluent-ils.
Publié le 30-12-2022 à 06h00 - Mis à jour le 30-12-2022 à 08h34
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Pelé a joué contre la Belgique mais aussi plusieurs fois sur notre territoire. Il a même évolué aux côtés d’un de nos compatriotes. Trois ex-Diables qui ont eu l’occasion de le côtoyer, ont accepté de témoigner. "À quelques reprises, il est même venu manger avec nous à Bruxelles."
Dans la foulée de la coupe du monde 1958 remportée par le Brésil en Suède, Pelé est venu en Europe jouer des matches exhibitions avec son club, Santos. Il a ainsi rencontré le Standard, Anderlecht et a même inscrit six buts au Beerschot de Rik Coppens (1-10).
Le 24 avril 1963, Pelé et l’équipe nationale brésilienne, alors en tournée en Europe, ont joué un match amical sur le sol belge. La fédération belge avait accepté de lâcher 1,25 million de francs belges (soit 31 000 euros) pour s’assurer la participation du roi Pelé. Mais trois jours plus tôt, ce dernier et ses équipiers avaient perdu face au Portugal d’Eusebio. Du coup, les 46 000 spectateurs présents au Heysel trois jours plus tard n’eurent pas le bonheur de voir la star qui prétexta une douleur à la hanche pour ne pas jouer. En fait: il avait besoin de repos. La Belgique s’imposa nettement (5-1).
Tout cela a fait que les Diables rouges furent invités deux ans plus tard à Rio de Janeiro. "Ce jour-là, il y avait 130 000 spectateurs au Maracana, se souvient Jan Verheyen (78 ans), le père de Gert, qui, ce soir-là prit place sur le banc. Nous n’étions pas prêts pour une telle folie. Il y avait tellement de drapeaux jaunes et bleus que nous étions perdus sur le terrain. Après le match, Frits Vandenboer a demandé à l’arbitre pourquoi nous n’avions pas changé de camp à la mi-temps. C’est tout vous dire."
Les Diables découvrirent aussi des vestiaires gigantesques, avec une petite piscine et des tables de massage. Malgré cela les Belges ont tenu le nul jusqu’au repos. "Puis, Pelé s’est réveillé. En un quart d’heure, le bateau a pris l’eau. Pelé nous a rendus fous et Garrincha, que j’étais censé tenir, est subitement devenu injouable. En plus, nous souffrions de la chaleur. Que ce fut pénible !"
Pendant la préparation du match, Tuur Ceuleers et ses méthodes particulières d’entraînement firent rire les supporters et les médias brésiliens. Le sélectionneur donna, en effet, un entraînement sans ballon. Les 5 000 Brésiliens qui assistèrent à ce spectacle semblèrent interloqués par ce qu’ils voyaient. La presse brésilienne, elle, se moqua des Belges. "Ils se préparent déjà à ne pas toucher le ballon pendant le match", put-on lire dans certains journaux. Le lendemain, jour de la rencontre, Pelé marqué un hat-trick en 21 minutes et permit au Brésil de prendre sa revanche par rapport à la lourde défaite concédée deux ans plus tôt.
Jan Verheyen, assista à cela impuissant depuis le banc. "Lors de mon dernier match international, j’ai joué contre John Cruyff, qui était formidable également, rappelle-t-il. Maradona, Cruijff, Eusebio, tout le monde disait que c’étaient les plus grands. Mais j’ai toujours trouvé Pelé au-dessus du lot. Il pouvait tout faire. Tout. Il était le footballeur parfait. Maradona était très fort individuellement mais Pelé était en plus un grand équipier."
C’est aussi l’avis de Paul Van Himst (79 ans), le footballeur belge qui l’a connu le mieux. "Jan (Verheyen) a raison dans ce qu’il dit. Je n’aime pas faire des comparaisons entre des joueurs de différentes générations mais si tu regardes Mbappé, Pelé lui était supérieur techniquement. Je connais très bien Johan Cruijff, via Jan Mulder, et c’était aussi un phénomène. Tout ce qu’un footballeur devait avoir pour être très bon, le Néerlandais l’avait: vitesse, dribble, un bon shoot, un bon jeu de tête et tout ça avec la souplesse d’un Brésilien."
Paul Van Himst se souvient des matches joués contre et avec Pelé. "Avec Anderlecht, nous avons rencontré Santos à plusieurs reprises. Il est aussi venu à Bruxelles pour mon match de gala. On jouait contre une sélection mondiale avec Alfredo Di Stefano, Willem Van Hanegem, Johan Cruijff et Eusebio. Pelé est venu également. Il était sponsorisé par Puma dont je connaissais très bien le responsable. Il a pu arranger tout cela. Mais Pelé n’a pas fait ça que pour l’argent. Il me connaissait bien et m’appréciait. S’il n’en avait pas eu envie, il ne serait pas venu."
Pelé ne fut pas tellement à la fête. Jan Ruiter arrêta son penalty et son équipe fut écrasée 8-3 mais cela reste un souvenir extraordinaire pour Van Himst. "À part le fait qu’il pleuvait très fort, tout était génial. En plus, j’ai profité de cette occasion pour aller manger au restaurant avec Pelé."
« Il buvait volontiers un verre de whisky »
L’icône d’Anderlecht fut baptisé e "Le Pelé Blanc" par le journal français, L’Equipe. "Ils ont écrit cela après un match France-Belgique, explique Van Himst. C’était un très beau compliment mais un peu exagéré quand même. Je n’ai jamais osé dire cela à Pelé, même si on a appris à mieux se connaître pendant le tournage du film" A nous la victoire "."
Dans ce film de 1981, Van Himst joue avec Pelé, Bobby Moore et Osvaldo Ardiles aux côtés des acteurs Sylvester Stallone et Michael Caine. "On a passé un mois en Hongrie et Pelé logeait dans un autre hôtel mais il venait souvent déjeuner avec nous. On lui parlait en anglais, il me semble. Je me souviens que le soir, il buvait volontiers un verre de whisky. C’était un chouette gars. Et le meilleur de tous les footballeurs."