Édito sur la mort de Pelé - Le Roi aux trois étoiles
Le Roi est mort. Emportant avec lui ses trois étoiles, qui brilleront pour l’éternité au firmament du jeu, dont il fut la sublime incarnation, mélange de pureté et de génie. " Il semble que Dieu m’ait amené sur terre avec une mission sacrée, celle de jouer au football ", disait Pelé, qui peut désormais lui demander confirmation, et recevoir ses remerciements pour avoir sublimé cette vocation.
Publié le 30-12-2022 à 06h00
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Car la perfection footballistique prit les traits d’un jeune garçon noir, né le 23 octobre 1940 à Três Corações (Trois Cœurs), petite ville brésilienne de l’État de Minas Gerais. Un enfant touché par la grâce, que Dona Celeste Arantes et João Ramos do Nascimento, ses parents, prénommèrent Edson, en hommage à Thomas Edison. Et qui électrisa la planète football en faisant battre les cœurs des amoureux du futebol. Immortalisant son surnom pour l’éternité : Pelé, quatre lettres magiques pour une destinée prodigieuse.
Il n’était pas encore devenu homme qu’il avait déjà remporté une Coupe du monde : étincelant, il gagne, à 17 ans et 249 jours, le Mondial 1958. Il avait déjà marqué l’histoire, qu’il s’offrit un exploit inégalé : incandescent, il signe son chef-d’œuvre en 1970, peu avant ses 30 ans, et devient triple champion du monde. Son indéfectible fidélité à Santos – même s’il termina au Cosmos (parenthèse métaphorique) -, à une époque où l’Europe n’était pas encore l’Eldorado des artistes du ballon rond, consolida sa légende. Un génie qui fut la première star mondiale du football, la plus pure, la plus racée. Le jeu est orphelin de son plus illustre magicien. Ses dribbles étaient les caresses d’un félin indomptable. Ses buts, des coups de griffe d’un fauve insatiable. Inspiré et inspirant, il est resté une icône jusqu’à son dernier souffle, malgré une après-carrière moins romantique, plus mercantile. "Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas la célébrité ni l’argent qui comptent le plus, écrivait Pelé dans son ultime biographie Ma vie de footballeur. Le football s’est emparé du pauvre gosse que j’étais, lui a donné un but dans la vie, et lui a permis de voir les merveilles du monde […] J’ai constaté à maintes reprises la capacité de ce sport à améliorer la vie de millions de personnes, tant sur le terrain que dans la rue. À mes yeux, du moins, telle est l’importance du football…"
Nous brillons tous. Comme la lune, les étoiles et le soleil. Mais Pelé était les trois à la fois.