Eden Hazard et les Diables rouges : récit d’une histoire d’amour aux débuts compliqués et à la fin frustrante
En 2008, Eden Hazard faisait ses débuts en équipe nationale, pour un chemin long de 126 sélections avec des hauts et des bas.
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Publié le 08-12-2022 à 07h19
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Eden Hazard a annoncé ce mercredi la fin de son histoire avec l’équipe nationale. Une relation longue de 14 ans et 126 matchs (pour 33 buts et 36 passes décisives). S’il y a eu quelques moments difficiles au début et à la fin, il y en a surtout eu de très beaux au milieu. Souvenirs.
Sa première
19 novembre 2008, Luxembourg 1-1 Belgique (qualifications pour la Coupe du monde)

Eden Hazard a 17 ans et 316 jours quand il porte le maillot des Diables pour la première fois, à une époque où les Belges ne font peur à personne. Sur la pelouse du stade Josy Barthel, il monte au jeu à la place de Wesley Sonck et accompagne Jeroen Simaeys, Filip Daems, Maarten Martens, mais aussi des représentants de la génération montante (Vertonghen, Vermaelen, Vanden Borre). Le Brainois montre de belles choses mais pas au point d’empêcher la Belgique de partager avec le Luxembourg (1-1).
C'est par hasard qu’il s'est retrouvé là. Frankie Vercauteren, adjoint de Vandereycken, s’était rendu à Lille pour visionner Mirallas, mais tombe en réalité sous le charme de celui qui avait déjà été le plus jeune joueur de l’histoire du LOSC à porter le maillot de l’équipe A (16 ans et 10 mois). “Il ne faisait pas partie des noms que nous suivions”, racontera plus tard Franky Vercauteren, dans ce qui sonne comme un anachronisme aujourd’hui, d’autant qu’Hazard avait déjà été déterminant avec les U17 belges à l’Euro 2007. “J’étais épaté. J’ai vite fait savoir à René que cet Eden Hazard avait quelque chose de très intéressant.” Le forfait de Stijn De Smet permet au sélectionneur de le rappeler. L’histoire est en route.
Le 1er clash avec Leekens
8 octobre 2010, Kazakhstan 0-2 Belgique (qualifications pour l’Euro)
Devenu titulaire sous Vandereycken puis Advocaat, Eden Hazard l’est également sous Leekens, qui (re) prend les rênes de la sélection au printemps 2010. Pour le premier match de “Long Couteau”, il signe même un assist lors la victoire 2-1 contre la Bulgarie. Mais Leekens n’est pas satisfait, le trouvant dilettante. L’impact de celui qui a mené Lille au titre de champion est encore trop faible, en équipe nationale. “Eden doit se bouger”, ose même le Fédéral avant un match au Kazakhstan. “Le talent ne suffit pas, il faut aussi travailler. J’espère pour lui que le LOSC ne sera pas le point culminant de sa carrière.” À Lille, Rudi Garcia, devra même calmer le jeu, rappelant qu’il n’a que 20 ans. Le soir du match, Hazard est laissé en tribunes. Quelques jours plus tard, lors du fameux 4-4 contre l’Autriche, il n’a droit qu’à cinq minutes de temps de jeu.
Le “burgergate”, climax des tensions
3 juin 2011, Belgique 1-1 Turquie (qualifications pour l’Euro)

Alors qu’il s’agit d’un match clé en vue de l’Euro et que les Diables piétinent contre la Turquie (1-1), Georges Leekens remplace Eden Hazard à l’heure de jeu. Un choix qui vexe profondément le jeune joueur, qui ne s’assied pas sur le banc et préfère sortir du stade alors que le match n’est même pas terminé pour aller manger un hamburger. Un moment capturé par les caméras. Le sélectionneur le punit d’abord de trois matchs de suspension, avant de le rencontrer avec sa famille pour ramener la sanction à un match. Le “burgergate” illustre combien la relation entre le “vieux” sélectionneur, adepte de méthodes à l’ancienne, et la jeune étoile montante aura été difficile et marquée du sceau de l’incompréhension. À cette époque, Hazard déçoit en sélection, alors qu’il a déjà montré de grandes choses avec Lille. Les frustrations sont à leur summum.
Les Diables rateront la qualification pour l’Euro, avant que Leekens ne fasse une Leekens : planter tout le monde pour filer à Bruges.
Sa prise de pouvoir
Mars 2013, Macédoine 0-2 Belgique et Belgique 1-0 Macédoine (qualification pour la Coupe du monde)
Le double rendez-vous contre la Macédoine est un premier tournant des éliminatoires pour le Mondial brésilien. Déjà buteur en février contre la Slovaquie (2-1), Eden Hazard revêt en ce mois de mars le costume de patron pour marquer de son empreinte les matchs aller et retour, distants de quatre jours. Il provoque et transforme le penalty du 2-0 à l’aller et c’est encore le meneur de jeu de Chelsea qui inscrit le seul but du match à Bruxelles. “Les gens attendent mille choses de lui. On sent qu’il grandit dans cette équipe. Il fallait lui laisser le temps et lui donner les clés du jeu”, dira Kevin Mirallas, qui a vu son ex-équipier lillois se transformer. Cette fois, Hazard a bien pris une autre dimension.
Son premier tournoi
Coupe du monde 2014
La question de son entente et sa complicité sur la pelouse avec De Bruyne se pose au Brésil.
Le voilà, le premier tournoi avec les Diables rouges du joueur de Chelsea. Depuis deux ans chez les Blues, il sait ce qu’est le haut niveau. Mais à 23 ans, il reste un peu bleu à ce niveau. S’il réussit son huitième de finale contre les États-Unis, il passe à côté du quart contre l’Argentine (0-1). Déjà discret lors de la phase de groupe, il quitte le tournoi en laissant l’impression d’un impact trop limité, malgré deux passes décisives en tout. La question de son entente et de sa complicité sur le terrain avec KDB se pose de plus en plus et restera latente : ces deux génies sont-ils faits pour s’entendre et se trouver ?
Le récital hongrois
Belgique 4-0 Hongrie (Euro 2016)

Y a-t-il eu un match plus abouti de sa part que ce huitième de finale face à la Hongrie ? Peu importe le niveau de l’adversaire : Eden Hazard marche sur l’eau, ce jour-là, à Toulouse. Il inscrit un but et délivre une passe décisive, mais aura surtout été un poison permanent, réussissant douze dribbles sur treize et torturant la défense hongroise par ses coups de reins et ses accélérations. Du grand Hazard, pour emmener la Belgique en quart “chez lui”, à Lille, défier le pays de Galles. “C’est un sacré petit bonhomme qui ne parle pas avec sa bouche mais avec ses pieds. Beaucoup se sont demandé pourquoi je lui ai donné le brassard: il faut le responsabiliser, le faire grandir”, dit Wilmots. La suite du tournoi sera moins heureuse, hélas.
Quart de finale 2018: Hazard-le-Brésilien
6 juillet 2018, Belgique 2-1 Brésil (Coupe du monde)

Deux ans plus tard, il signe un autre grand match, face à un adversaire plus prestigieux, sur la plus belle scène qui soit : la Coupe du monde. En quart de finale, il est intenable. Les Brésiliens sont “obligés” de commettre sept fautes sur le feu follet de Chelsea, ce qui ne l’empêche pas de réussir dix dribbles sur dix et de remporter 21 duels sur 25. Il ne marque pas ni ne délivre d'assist, mais il est un des grands acteurs de ce qui reste comme le plus grand souvenir de cette génération.
Retrouvez les notes de Belgique-Brésil 2018.Il signe son meilleur tournoi (3 buts, 2 assists) et seul Modric le devance à l’élection de meilleur joueur.
Un Euro 2021 sur la pointe des chevilles

Voilà un an et demi que le numéro 7 madrilène traîne des gros problèmes physiques, la faute à une cheville meurtrie en novembre 2019 contre le PSG sur une intervention manquée de Thomas Meunier. Il s’est fait poser une plaque, mais celle-ci le gêne. Il arrive à court de rythme et de forme à l’Euro 2021 et cela se sent. Depuis novembre 2019, il n’a joué que 10 minutes avec l’équipe nationale. Son impact sur le jeu belge est nettement moins fort et il se reblesse même contre le Portugal, devant à nouveau faire l’impasse sur le quart contre l’Italie. Sans lui et sans un KDB à 100 %, les Diables n’y arrivent pas.
Qatar, la dernière danse
Jouera, jouera pas ? Titulaire, sur le banc ? Après une saison quasiment blanche au Real où Ancelotti ne lui accorde que des miettes – 5 bouts de matchs entre août et novembre -, Eden Hazard arrive à court de rythme, au point de susciter un débat sur sa place dans la hiérarchie. Roberto Martinez lui maintient sa confiance et le numéro 10 le lui rend bien, en étant le meilleur joueur offensif contre le Canada. Il ne démérite pas contre le Maroc non plus mais est sorti du onze contre la Croatie par précaution, expliquera Martinez. Sa carrière internationale se termine par une montée au jeu anonyme à la 87e minute et sur un échec collectif. Triste.
