La résurrection d’Amani
Arrivé discrètement, Lazare Amani est devenu indéboulonnable dans le onze de Mazzù.
Publié le 29-04-2022 à 06h00
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Qui pouvait penser, fin 2021, que Lazare Amani prendrait une telle dimension dans l’équipe de Felice Mazzù? Depuis le premier match officiel de l’année, le médian ivoirien de 24 ans est l’un des deux seuls joueurs de champ unionistes, avec Bart Nieuwkoop, à ne pas avoir loupé une seule titularisation. Entre Seraing-Union du 18 janvier et Union-Anderlecht de dimanche passé, Lazare a enchaîné quatorze matchs sur quatorze.
Quel changement de statut, pour le joueur arrivé en prêt de Charleroi l’été passé. "Il était arrivé sur la pointe des pieds, se souvient Anthony Moris. C’est normal, il débarquait dans une équipe championne, qui n’avait pas beaucoup changé et se demandait quelle était sa place là-dedans. Au début, tout le monde était un peu sceptique en voyant qu’il devait remplacer Fixelles. Mais, au final, on se rend compte que le club a visé juste, vu ses capacités humaines et son intelligence de jeu. On a directement senti une bonne personne, qui devient même un gars marrant quand on le pousse un peu. Il a aussi la tête bien sur les épaules. Je le surnomme le ministre des Finances, parce qu’il pose toujours des questions sur les montants retenus et taxés sur sa fiche de paie, ce qui est un signe d’intérêt et d’intelligence, selon moi."
Lazare a aussi la vertu de la patience à son arc. Car, avant janvier, il n’avait reçu qu’une seule titularisation en première partie de saison, à Seraing… où il avait été exclu à la 45e minute. "Ce match a été un tournant de sa saison, estime Moris. Car le groupe l’a soutenu de façon incroyable après cette exclusion. Plutôt que d’estimer qu’il avait foiré et qu’on ne voulait plus en entendre parler, on lui a dit qu’il allait recevoir à nouveau sa chance. Ça lui a redonné la confiance et il nous le rend de la meilleure des façons avec son travail dans le milieu de terrain, où il est davantage dans l’ombre de Nielsen et Teuma, mais est très important."
Il a couru 11,8 km contre Anderlecht, avec une pointe à 34,5 km/h
On connaissait sa qualité technique depuis son arrivée à Eupen, à 18 ans, en 2016, mais Lazare impressionne aussi beaucoup par son volume de courses. Contre Anderlecht, sur les 101 minutes de jeu effectif, le numéro 8 a couru 11,76 km*, le deuxième meilleur total des deux équipes derrière l’inusable Nielsen (12,3 km). En prime, il a effectué vingt-huit sprints à plus de 24 km/h et sa vitesse maximale a été mesurée à 34,5 km/h, une de ses grandes qualités. À titre de comparaison, aucun joueur n’a couru plus vite que lui lors du dernier Euro.
Ces caractéristiques séduisent un Mazzù qui, fidèle à ses habitudes, ne touche pas à un élément qui lui donne entière satisfaction. Et tant pis si cela pousse Mitoma ou Lapoussin sur le banc. Car c’était la blessure du Japonais, en janvier, qui avait ouvert une porte, dans laquelle s’est engouffré Lazare. Même le retour en forme du joueur prêté par Brighton n’a pas provoqué de sortie du onze de base de l’Ivoirien, qui garde la place dans le triangle de l’entrejeu dévolue à Lapoussin en première partie de saison.
Le profil de l’ex-Eupenois a d’ailleurs évolué, pour devenir un médian moins attiré par le but qu’avant. Dimanche passé, il n’a pas touché un seul ballon dans le rectangle adverse et n’a pas armé un seul tir. Mais il occupe de plus en plus de place, à l’image de ces 53 actions auxquelles il a pris part, le deuxième plus haut total derrière Teuma (72). Surtout, il est le joueur qui a disputé le plus de duels (28) et celui qui a subi le plus de fautes (5), signe que sa mutation est bien réussie. Et que les séances vidéo prodiguées en début de saison pour lui expliquer précisément ce qu’on attendait de lui portent leurs fruits.
Tout cela permet de comprendre pourquoi l’Union a levé en début de mois l’option d’achat définitif qui figurait dans son prêt, le faisant signer pour trois ans et réalisant un nouveau coup en or au passage. C’est une belle revanche par rapport à Charleroi, qui l’avait acheté à Eupen en janvier 2020 sans jamais lui faire jouer la moindre minute. Belle joueuse, la direction du Sporting l’a félicité. "On le sent épanoui, conclut Moris. Il habite un appartement en région bruxelloise où il vit avec sa femme et ses enfants. L’environnement de l’Union lui convient."
Et tant pis si Lazare doit se lever à 6 heures tous les matins d’entraînement pour aller prendre le train à la gare d’Uccle, en direction du centre unioniste de Lierre, via une correspondance à Malines. C’est avec le sentiment d’avoir fait le bon choix pour se relancer qu’il se lève. Même s’il préfère probablement les séances organisées au stade, les avant-veilles de match à domicile… auxquelles il se rend en trottinette électrique.
* Statistiques: Stats Perform
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