Après le naufrage, quel avenir pour la Squadra et Roberto Mancini?
La fédération italienne veut du changement. Et le sélectionneur pourrait s'en aller.
Publié le 25-03-2022 à 11h44
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Palerme. Le 24 mars 2022. Un rendez-vous à oublier pour l’Italie, surprise en fin de match par des courageux Macédoniens qui ont esquivé la trentaine de frappes italiennes avant de créer la sensation. La liesse macédonienne, la détresse italienne.
Des regrets, il y en aura énormément. Dont les deux penalties manqués par Jorginho face à la Suisse (0-0 puis 1-1) qui auraient permis de qualifier l’Italie sans passer par les barrages. "Ces penalties m'accompagneront toute ma vie, je n'ai pas pu aider mes coéquipiers et rendre mon pays heureux", a ressassé le joueur de Chelsea, dépité après l’élimination de ce jeudi.
Comme lui, Immobile, Florenzi, Insigne et Chiellini ont aussi vu leur cauchemar de novembre 2017 ressurgir. Cette défaite au barrage contre la Suède les avait privés de Coupe du monde en Russie. Mais elle avait aussi amorcé une nouvelle ère.
Mancini pourrait démissionner
Dès le surlendemain de l’élimination, le sélectionneur Gian Piero Ventura était mis dehors. Et le président de la fédération italienne, Carlo Tavecchio, démissionnait dans la foulée. Ce sont Roberto Mancini et Gabriele Gravina qui allaient leur succéder quelques semaines plus tard.
Quatre années sont passées et un scénario similaire n’est pas à exclure. Mais la situation est totalement différente. Sous Mancini, la Nazionale s’est métamorphosée pour devenir un véritable rouleau compresseur collectif: une série record de 37 matchs sans défaite et un titre de champion d’Europe pour gagner le respect et l’admiration de tout un peuple.
"En juillet dernier, j'ai vécu la plus belle joie de ma carrière à l’Euro. Maintenant, j'ai vécu la plus grande déception. C'est le football, il se passe parfois des choses incroyables", a réagi l’entraîneur de la Squadra qui "ne sait pas" encore ce dont sera fait son avenir. "Il faut d'abord laisser passer du temps mais l'équipe a de bons joueurs et a un bel avenir."
Seule une démission (un duo Cannavaro-Lippi est déjà pressenti si ce scénario venait à se produire) stopperait son aventure. L’ancien mentor de l’Inter Milan ne devrait en tout cas pas être poussé dehors par sa fédération.
"Certaines erreurs ont été commises"
"Il faut que Mancini se débarrasse immédiatement de l'amertume que nous avons tous et continue, car il a un engagement avec nous (NdlR: un contrat jusqu’en 2026). Il y a un projet et nous allons réagir, il y a des énergies que nous devons retrouver", a positivé au micro de RaiSport Gabriele Gravina, le président de la fédération, qui ne compte pas jeter l’éponge.
Au contraire, il souhaite insuffler une nouvelle dynamique. "Il faut aller de l'avant la tête haute, protéger l'affection pour notre équipe nationale. Certaines erreurs ont été commises et il faut comprendre leur nature."
Gabriele Gravina fait référence aux grands clubs du Calcio qui font, selon lui, passer avant "leurs intérêts de business" en créant "une grande résistance à l'équipe nationale qui est perçue plus comme une nuisance, que comme un moment d'union de tout un pays."
Place aux jeunes
Le problème majeur serait le manque de confiance envers les jeunes Italiens. "On commence à se demander si nos jeunes ne devraient pas jouer davantage dans nos ligues. Seuls 30% de joueurs italiens sont utilisés en ce moment dans les clubs."
C’est donc vers la jeunesse que la Squadra se tournera dans les prochains mois. Le processus a déjà bien débuté, avec l’avènement des Tonali (21 ans), Raspadori (22), Zaniolo (22), Bastoni (22), Scamacca (23), Chiesa (24), Pessina (24) ou Locatelli (24). Mais il s’accélérera encore.
L’Italie peut en effet compter sur un vivier important de joueurs talentueux nés après 2000. Seul souci: la plupart d’entre eux n’ont pas encore reçu leur chance dans une grande écurie ou ne sont pas encore des éléments majeurs dans les plus petits clubs, comme le souligne Gravina.
À l’inverse, on verra probablement dans les prochains mois survenir quelques départs à la retraite internationale de piliers comme Giorgio Chiellini (37 ans), Leonardo Bonucci (34), voire Ciro Immobile (32) et Insigne (30), puisque ce dernier poursuivra sa carrière aux Etats-Unis. C’est donc une page qui se tournera, mais avec une volonté de continuité.