Jean-Claude Bodson à l’interview: "Dison est à sa place en D2 ou en D3"
Première partie de saison réussie, ambitions de montée, infrastructures, impact du Covid sur le club… Le président du Stade Disonais n’élude aucune question. Entretien.
Publié le 03-02-2022 à 11h19
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Actuel leader en D3B ACFF avec 37 points, devant Rochefort (35 points) et Sprimont (33 points), le Stade Disonais réalise un parcours sans-faute jusqu’à présent à l’échelon national. L’occasion de faire le point avec le président, Jean-Claude Bodson, avant la dernière ligne droite du championnat.
Président, quel regard portez-vous sur la première partie de championnat de votre équipe?
Un regard positif. On partait quand même dans l’inconnue dans une série qu’on ne connaissait pas, hormis trois matches la saison dernière avant l’interruption (NDLR: pour cause de crise sanitaire). Au départ, on a fait un groupe pour jouer un rôle dans la série, mais sans pouvoir juger exactement de la forme du noyau par rapport à l’ensemble des autres équipes. À mi-saison, on s’estime heureux du résultat puisqu’on est premier. Je suis aussi très content de la qualité du jeu qu’on a proposé. J’attache beaucoup d’importance au spectacle qu’on offre pendant les matches. C’est important aussi pour les spectateurs, qui viennent pour se faire plaisir.
Était-ce dans les plans de départ de se retrouver aussi haut dans le tableau?
Honnêtement non, et cela aurait été prétentieux d’affirmer que nous voulions être dans le top 3. Par contre, on désirait se retrouver dans la colonne de gauche, ça oui. Et quand on regarde le classement, on se rend compte que les écarts sont très serrés sur la moitié de la série. En perdant deux matches, on peut vite se retrouver huitième par exemple.
Au jour d’aujourd’hui, les prévisions de début de saison se confirment au niveau des équipes soi-disant favorites. Mais dans quel ordre au final? Il reste encore pas mal de matches…
On se dirige quand même vers un trio (Dison, Rochefort, Sprimont)…
Oui, mais je me méfie quand même d’autres aussi. Prenons Mormont par exemple, qui a connu un début de championnat compliqué mais se retrouve dans le haut pour le gain de la deuxième tranche et est en plein redressement.
Pour moi, Dison devait avoir un rôle dans la série, mais peut-être pas au niveau de Rochefort et de Sprimont. Jusqu’à présent, c’est vrai qu’on tient tête, mais d’autres équipes sont en train de progresser énormément. Je pense que ça restera serré jusqu’à la fin de la saison.
Même s’il n’y a pas d’obligation de monter au terme de cette saison, on imagine mal, quand on connaît l’âme de compétiteur du coach (Jean-Sébastien Legros), que Dison va lâcher quelque chose.
Ça, c’est clair, on va jouer le jeu à fond. On va faire le maximum pour défendre notre position. Les matches s’enchaînent et les résultats suivent, donc on ne va pas changer notre philosophie.
Est-ce que vous préparez déjà la saison prochaine en fonction d’une éventuelle montée en D2 Amateurs? Car le niveau ne sera pas le même…
Non, c’est tout à fait prématuré pour l’instant. On prépare la saison prochaine et on a commencé par la reconduction du staff en premier. On va maintenant rencontrer les joueurs afin de voir qui veut rester ou partir et qui on souhaite conserver ou pas. On va avancer ainsi. Que ce soit en D2 ou en D3, il nous faudra une équipe et je pense que la différence entre les deux n’est pas si importante que cela. L’écart était plus grand entre la P1 et la D3.
Au niveau des installations, tout est-il aux normes en cas de montée?
Le terrain est aux normes. Pas l’éclairage, mais c’est de toute façon déjà le cas en D3. On a fait la demande auprès de la commune pour être en conformité mais on attend toujours. Le Covid et les inondations n’arrangent rien non plus. J’avais aussi demandé, quand on est monté de P1, un abri à l’entrée pour celui qui prend les entrées. Je ne demande pas monts et merveilles mais il n’y a rien qui bouge. Pareil pour avoir deux vestiaires supplémentaires, vu le développement qu’on a avec les équipes de jeunes. L’idée était de faire deux nouveaux vestiaires entre la buvette et le terrain A, mais c’est un souhait et même pas au stade de projet. Disons que ça évolue moins vite que le football…
Pour en revenir au noyau, Dison a perdu deux joueurs pendant la trêve. Rachid Farssi qui a avancé des divergences de vues avec le coach et David Timmermans (parti à Belisia Bilzen) alors qu’il n’était arrivé à Dison que depuis quelques mois…
Pour David, ce n’était pas un problème de temps de jeu, mais plutôt d’ordre privé. Pour Rachid, c’est beaucoup plus surprenant et c’est une grosse déception pour moi. En quatre ans à Dison, on n’a jamais eu de problème avec lui et c’est un exemple au niveau de la mentalité. Sur le terrain aussi. Ici, il a eu le malheur de se blesser au troisième match. Une blessure qu’il a traînée et quand il a recommencé et qu’il a été repris dans le noyau, il a été vexé de s’échauffer lors du match contre Sprimont et de ne pas rentrer. Il est venu avec un discours d’enfant gâté par après en disant que le coach n’est pas neutre parce que son frère (NDLR: Guillaume Legros) joue. Un discours que je n’ai jamais compris de sa part. C’est dommage car je suis certain qu’il aurait encore pu rendre beaucoup de services à Dison.
Y a-t-il une volonté de les remplacer pour ces prochains mois?
Non, pas pour cette saison, ce n’est pas prévu. Et pour la saison prochaine, la volonté est clairement de conserver un maximum de joueurs.
Est-ce que Dison pourra encore, à l’avenir, se permettre de réaliser de grosses arrivées, comme cela a été le cas avec un joueur du calibre de Guillaume Legros par exemple?
L’objectif est toujours d’avoir un mélange entre joueurs expérimentés et jeunes de qualité avec un potentiel de développement. On garde la même philosophie, rien ne change.
Mais quel a été l’impact du Covid et de la crise sanitaire, au niveau financier, pour un club comme Dison?
C’est clair que l’impact est avant tout financier, pas sportif. Depuis deux ans, on rame car il n’y a pas de recettes mais les charges restent quand même. Mais on est tous logés à la même enseigne.
Mais est-ce que ça réduit le budget pour l’équipe ou pour des projets à plus long terme?
On se dit qu’on va encore avoir difficile cette saison et je pense que pour la saison prochaine, on pourra retravailler d’une manière pratiquement normale. Pour le moment, on fait le gros dos pour passer le cap.
Pour en revenir au sportif, l’annonce du futur coach de Raeren-Eynatten qui sera Éric Vandebon vous a-t-elle surpris?
Non, pas du tout. Il avait été clair il y a deux ans. La saison dernière a été tronquée à cause du Covid et il ne voulait pas arrêter sur une saison qui n’en était pas une. On savait qu’il suivait des cours et que son objectif est d’entraîner. Il cherchait un club pour la saison prochaine et je suis très content pour lui.
En tant que joueur, quand je vois encore les matches qu’il preste, je pense qu’il pourrait encore tenir une saison de plus sans problème. Mais il a fait un choix, que je respecte, et je lui souhaite le meilleur comme entraîneur.
L’équipe B du Stade Disonais n’existe plus. Est-ce un choix que vous regrettez ou il existe une volonté d’en relancer une?
La deuxième équipe était une volonté depuis que je suis à Dison. Mais le malheur est de ne pas avoir eu les moyens financiers quand on avait les deux équipes, une en P1 et l’autre en P2. Sportivement, c’était à ce moment que c’était le plus intéressant pour le club car il n’y avait pas trop d’écart entre les joueurs et les deux groupes s’entraînaient ensemble. La formule marchait bien. Mais on n’a pas su maintenir le cap car il faut se rendre à l’évidence, le financier joue, comme partout. En refaire une maintenant en P4 avec la première qui évolue en D3, c’est un monde de différence et l’écart serait beaucoup trop important. Ce n’est plus réaliste au niveau sportif.
À moyen terme, on espère venir avec une équipe U21 pour alimenter, en jeunes, l’équipe première.
Sur le moyen ou le long terme, où voyez-vous Dison dans quelques années?
Ce serait déjà bien si on se maintient là où on est pour le moment. Il faudrait vraiment de gros changements au niveau du club pour envisager aller vraiment plus haut. Je suis allé, grâce à un match amical début de saison, à Visé (NDLR: le club évolue en nationale 1), où j’ai discuté avec le président Guy Thiry. Quand je vois la structure mise en place et les moyens déployés, c’est tout à fait différent, nous ne sommes pas dans le même monde. Dison est à sa place en D2 ou D3 amateurs.
Il y a quelques années, certains bruits vous envoyaient à l’étranger. Avec comme conséquence de quitter le Stade Disonais. C’est un projet à l’ordre du jour?
On a un peu tout mélangé. Le projet à l’étranger est une réalité. J’y ai une villa et j’aime bien m’y rendre, donc dès que je peux j’y vais. Tant que je suis toujours, au niveau du travail, dans les affaires, je ne sais pas me libérer comme je veux. C’est un projet qui viendra effectivement un jour sur la table, mais il n’y a pas de calendrier défini.
Quand on parle de Dison, votre nom y est d’office associé. Mais l’après est un gros point d’interrogation. C’est quelque chose qui vous préoccupe?
Oui, bien entendu. Car le point faible de Dison est sa structure dirigeante. J’avais espéré, voici quatre ou cinq ans, amener du sang frais avec des jeunes qui étaient des amateurs du football (Olivier Colson, Frédéric Piron, Anthony Rentmeister, Patrick Huby, Farid Nagui, etc.).
Mon idée était qu’ils prennent un peu de poids dans la structure dirigeante, mais ils aimaient trop bien la partie sportive et moins le côté «comitard». Je n’ai pas de solution sur le court terme. Mais le jour où je serai décidé pour la suite, je ferai comme j’ai toujours fait: prendre le problème à bras – le-corps et trouver une solution.