AVANT TOURNAI - PAYS VERT| Pieraert - Leleux: duel d'incertains avant un derby indécis
Le Tournaisien est apte à jouer mais n’était pas titulaire lors deux dernières rencontres et l’Athois est titulaire depuis quatre matches mais n’est pas tout à fait apte à jouer. Retrouvailles manquées?
Publié le 23-09-2021 à 06h00
Tournai qui accueille le Pays Vert, c'est l'occasion idéale d'aller confronter le néo-Sang et Or Quentin Pieraert à l'un de ses plus proches ex-équipiers athois. Le défenseur a choisi Sven Leleux pour l'exercice de l'interview croisée. C'est toujours intéressant pour mettre un peu de piment. «Mais c'est bien trop d'honneur, rigole un Sven qui, en vieux briscard, a sauté sur l'opportunité offerte pour mettre la pression. Comment ai-je perçu la signature de Quentin à Tournai? Comme une trahison! Et même une grosse trahison! C'est un gars bien et gentil, sur qui on peut compter, timide, bien éduqué, intelligent. Un très bon footballeur qui a du talent, d'énormes qualités et des ambitions. Il a voulu sortir de sa zone de confort en s'offrant un nouveau challenge, ce que je respecte profondément mais quand même, il aurait pu choisir un autre club. Non, pas Tournai! Moi, je ne pourrai pas et pourtant, j'ai eu la possibilité de rejoindre le stade Luc Varenne par le passé. Au temps de Jean-Claude Stocman lorsque j'étais au SK Renaix. Non, franchement, Quentin, là, tu as abusé!»
Ah oui, on a oublié de vous dire: les deux bougres ne sont pas sûrs du tout de jouer! Il y en a un qui compte les minutes de jeu depuis le lancement de la saison et l’autre qui s’est blessé dimanche passé. Merci, les gars! Ce «face-à-face», on l’avait imaginé depuis un petit moment. On espère que ça ne leur a pas porté la poisse. Si c’est le cas, ils ne nous en ont pas voulu. Voici le derby entre Tournai et le Pays Vert vu par Quentin et Sven!
Messieurs, vous allez vivre un drôle de derby puisque l’un est plus qu’incertain car blessé à la cuisse tandis que l’autre n’est pas sûr de le jouer…
Quentin: Ce sera effectivement un match un peu particulier. Sans doute pas de Sven sur la pelouse alors que je ne sais encore rien quant à une éventuelle sélection. C'est au coach à choisir la meilleure équipe possible et j'espère en faire partie car ce derby, je l'ai dans un coin de la tête depuis la parution du calendrier.
Sven: Dimanche, j'ai senti directement que ça avait lâché derrière la cuisse. Mes chances de jouer sont donc minimes. Dommage, c'est le genre de match que l'on veut toujours jouer. Même si on n'est plus dans la même saveur que les Tournai-Ath d'avant. Car dans le camp adverse, à part Quentin, Axel Pio ou Malory Destrain, on ne connaît plus personne. Et aujourd'hui, on ne joue plus un derby devant un millier de personnes. Malheureusement, l'engouement populaire n'est plus le même.
Prépare-t-on et vit-on un derby de la même manière quand ce genre de contretemps arrive?
Quentin: J'envisage ce rendez-vous comme tous les autres au niveau de la préparation, il n'y a pas vraiment de changement. Et l'incertitude par rapport à ma sélection ne me mine pas mentalement. Je dois être, au contraire, dans les meilleures conditions possibles à tous les niveaux, physique ou mental. Je me tiens tout simplement prêt!
Sven: Si tu es sur le banc, tu n'as qu'une envie, c'est monter sur le terrain pour montrer de quoi tu es capable. De la tribune, c'est une corvée: tu stresses plus que si tu étais sur la pelouse, tu as envie de coacher, de gueuler… Il n'y a rien à faire, un joueur de foot est à sa place sur le terrain.
Vous souvenez-vous du dernier derby que vous n’avez pas joué et pour quelle raison?
Quentin: Pour autant que je me souvienne, j'ai joué tous les derbies entre le Pays Vert et Tournai tant à l'aller qu'au retour, et cela même si pour l'un d'entre eux, j'ai dû ma sélection à la suspension d'un équipier lors du match précédent, sinon j'aurais fait banquette. La seule absence dont je me souviens, c'est au Pays Blanc en P1 au tout début du synthétique. J'étais blessé.
Sven: Lors du premier derby Tournai-Pays Vert, j'ai dû sortir sur blessure en cours de match. Râlant mais ce n'était pas le pire. Il y a eu le 6-0 qui a malheureusement coûté la place de Fabrice Milone avec qui le courant passait bien. Ce revers me reste en travers de la gorge, pour la piètre prestation sportive, l'image qu'on a montrée ce soir-là et ses conséquences car cela a coûté la place du coach.
Peut-on affirmer que, pour le Pays Vert, c’est encore un vrai derby mais pas pour Tournai vu le nombre de joueurs français au sein de l’effectif?
Quentin: Entre Ath et Tournai, c'est toujours un derby, quels que soient les effectifs! La cité des Géants contre la cité des Cinq Clochers géographiquement proche. Mons est déjà plus éloigné. Pour nous, cet autre derby en match inaugural a amené beaucoup d'attentes et ce sera la même chose samedi. On va rentrer dans le vif du sujet au fur et à mesure de la semaine. Quand on va monter sur le terrain et entendre les supporters, on saura qu'on est en derby!
Sven: Chez nous, des gars comme Eckhaut, Hospied ou les Dubois représentent à la perfection l'entité d'Ath. Chaque jour qu'on passe au club, on essaie de montrer les valeurs chères à la ville et à notre club. Et les supporters, je l'espère, s'identifient et s'y retrouvent. Pour Tournai, vu de l'extérieur, c'est moins le cas. Il y a tellement de rotations au niveau des joueurs à la fin de chaque saison. Avant, on me disait Tournai et je visualisais les joueurs: Martin, Delbeeke, Motte, Breleur, Chantry, Scarpino, Désire… Mais maintenant? Je cite Quentin, Axel et Destrain. Et c'est déjà tout! Ce sont des gars de la région qu'un club a tout intérêt à garder. À chaque fin de saison, ça doit être les premiers à faire resigner. Il y a des choses que je ne comprends pas. Regardez un Romont qui arrive chez nous alors qu'il est Tournaisien et qu'il a toujours fait savoir qu'il voulait évoluer un jour à Tournai: c'est autour de gars pareils, stables et issus de la région que doit se bâtir un noyau pour qu'il ait une identité. Je fais un constat: avant, on me parlait du derby des semaines à l'avance; et cette année, vous êtes quasi le premier à m'en parler.
Tombons dans les clichés en affirmant que ce derby oppose le club de la grande ville à un club de la campagne, plus familial: est-ce que, selon vous, ça tient encore la route?
Quentin: Non, surtout depuis qu'on est en division nationale même si au Pays Vert, on se motivait toujours en se disant que les Tournaisiens nous considéraient comme des bouseux. Mais ce n'est pas du tout l'image que je ressens dans les vestiaires.
Sven: Tant qu'à faire dans les clichés, disons que Tournai-Pays Vert, c'est bien plus un duel entre Français et Belges!
Venons-en au match: le grand terrain, la meilleure place occupée au classement, la dernière sortie ratée des Athois font-ils de Tournai le favori désigné?
Quentin: Peut-être mais il n'y a que la vérité du terrain qui primera… Tous les ans, Tournai est favori par rapport à Ath mais rien n'est jamais joué à l'avance. On va laisser les supporters décider de qui portera l'étiquette…
Sven: Face au petit Poucet athois, la grande ville qu'est Tournai est toujours favorite (rires). On est de toute façon mieux dans la peau du challenger. Le bleu de travail, c'est la tenue qui nous va le mieux.
Une anecdote dont vous vous souvenez lors d’un derby?
Quentin: Lors du premier derby contre Tournai, Sven s'est en effet blessé très vite alors qu'il avait tellement envie de jouer. Il avait la rage! Je vous prie de croire qu'on l'a entendu dans les vestiaires!
Sven: Pas spécialement mais je vais vous balancer un truc: le surnom donné à Quentin à Ath. Rossignol! Simplement parce qu'en P1, il avait survolé la série avec son air toujours facile, décontracté, aérien, presque en sifflotant.
Quel conseil donneriez-vous à votre opposant avant le derby?
Quentin: Rien avant le coup d'envoi! Par contre, rendez-vous à la buvette après.
Sven: Si j'ai la chance de finalement jouer, qu'il surveille ses arrières, je viendrai bien lui mettre un coup d'épaule pour lui rappeler sa trahison.
Y a-t-il un point que vous craignez tout particulièrement chez l’adversaire?
Quentin: La force du Pays Vert, ça a toujours été l'esprit de famille. Des chiens galeux qui ne lâchent rien, une vraie bande de copains qui se défonce les uns pour les autres. C'est ce qu'essaie d'inculquer également à Tournai Jérémy Descarpentries.
Sven: Je ne sais pas quoi vous dire parce que je n'ai reçu aucun écho. Ce n'est jamais l'adversaire qui décide des résultats du Pays Vert mais bien le Pays Vert lui-même, qui reste son premier adversaire.
Le premier derby au stade Luc Varenne s’est terminé par une descente du SPF Finances; le second par un 6-0 bien tassé pour Tournai. Comment envisagez-vous celui-ci?
Quentin: Je ne pense à rien, advienne que pourra. Je sais comment on joue mais je ne sais pas comment le Pays Vert procède; je ne rigole pas! La victoire à Namur prouve que nos adversaires sont capables de tout! Débridé, fermé, le derby? Aucune idée! Mais méfiance absolue en tout cas.
Sven: Un souci administratif à la fin du premier derby, un souci sportif pour le second, pourquoi pas un souci technique pour le suivant! Genre une panne de courant après 20 minutes de jeu et un 0-5 par forfait.
Question spéciale pour Quentin en guise de conclusion: pourriez-vous jouer avec les chaussures roses de Sven?
Quentin: Pourquoi pas, ça va bien avec notre maillot. S'il me les prête, je suis preneur. J'ai d'ailleurs une paire qui lui appartient à la maison, on a la même pointure…
Sven: Il faut avoir un certain talent pour les porter (rires). On a beau être joueur de foot, il ne faut pas avoir peur d'assumer sa part de féminité.