ANALYSE| Comment l’Italie a gagné la bataille tactique contre les Diables
Les Diables ont terminé leur tournoi sur deux matchs décevants. Analyse.
Publié le 04-07-2021 à 10h25
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Il ne s’est pas caché derrière la nécessité de vite aller prendre l’avion pour ne pas se présenter face à la presse, lui, vendredi minuit, après l’élimination des Diables. Pourtant, Thomas Meunier le savait mieux que quiconque: il a vécu contre l’Italie un match très compliqué, mal pris face au duo Spinazzola-Insigne qui a, en plus, souvent été aidé par un excellent Verratti qui se déportait sur le côté gauche transalpin pour créer un surnombre fatal aux Belges.
Une des plus grandes réussites tactiques de l’Italie, dont la moitié des offensives est passée par ce côté, contre 23% par l’axe et 26% par le côté droit. “Parfois, on se retrouvait à trois contre deux, voire à trois contre un Italien”, regrettait Meunier pour expliquer les difficultés belges.
Tielemans et Witsel mangés
Il est vrai que le duo Lukaku-De Bruyne, qui se relayait devant lui, était plutôt accaparé par le travail offensif, et l’a souvent oublié dans ses tâches défensives, alors que Tielemans et Witsel ont été rendus injoignables, se perdant dans le triangle Verratti-Jorginho-Barella.
On a régulièrement vu l’équipe belge coupée en deux, ce qui obligeait Meunier à balancer au loin. Résultat: 4 ballons nettoyés, 3 autres interceptés en septante minutes passées sur le terrain de Munich, mais surtout 5 passes longues réussies sur 14, seulement, pour l’ex-Brugeois, d’après les statistiques de l’UEFA. Et un taux de réussite global de passes de 49% seulement.
Le problème n’a pas concerné que le latéral, d’ailleurs, puisque le taux de passes longues ayant trouvé un partenaire n’est que de 58% pour l’équipe belge. 14 ballons ont été perdus en cherchant une sortie lointaine et incertaine, plus souvent pour se débarrasser du cuir qu’autre chose.
Déséquilibré
Après avoir concédé 23 tirs face au Portugal, les Diables n’en ont plus subi “que” 14, vendredi, dont trois cadrés, mais cela a suffi pour encaisser deux buts. Le constat que dressait Meunier était sans concession: “Il faut d’abord reconnaître que l’Italie a très bien joué et est une bonne équipe. Mais si on regarde les chiffres du match, c’est trompeur: la possession, c’est juste du 55-45 pour elle; les tirs au but, 10 à 14. Cela paraît équilibré, mais sur le terrain, franchement, ça ne l’était pas. On a pris l’eau dans tous les compartiments, on avait du mal à sortir le ballon, à être consistant en possession de balle offensive.”
L’impression d’équilibre ne fait pas illusion non plus lorsqu’on regarde cet autre chiffre, qui fait mal: les Diables sont parvenus avec le ballon dans le rectangle italien à douze reprises, pour vingt-huit côté Nazionale. “C’était notre plus mauvais match de l’Euro”, a d’ailleurs lâché Meunier, à qui on ne donnera pas tort, même si ce chiffre était pire, encore, contre le Portugal (3 fois, contre 23 aux Lusitaniens). Le choix belge d’opter pour une approche “réaliste” a montré certaines limites.
«Comme contre le Portugal»
On connaît le latéral de Dortmund, qui dit ce qu’il pense sans chercher à enjoliver le tableau. Et on sentait qu’il sort donc du tournoi avec des grands regrets: “On n’a pas su trouver l’équilibre, tant défensivement qu’offensivement. Déjà contre le Portugal, c’était assez similaire. On a réitéré le même match, en commettant les mêmes erreurs. On aurait pu marquer ce deuxième but et on a eu des moments positifs, notamment ce centre de Kevin pour Romelu (NdlR: dont la reprise était arrêtée par la cuisse de Spinazzola), mais on a surtout montré de l’envie quand on était dos au mur. Et une fois qu’on perdait le ballon, on retombait dans nos travers en jouant très bas. C’était compliqué de casser les lignes italiennes. Ils méritent leur victoire… mais on ne s’est pas facilité la tâche.”
Un constat qui ne met pas vraiment du baume au cœur à l’heure du bilan du tournoi belge.
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