Yannick Carrasco est dans le bon tempo
Le joueur de l’Atlético de Madrid arrive lancé pour l’Euro. Comme en 2016, mais avec un autre statut.
Publié le 10-06-2021 à 06h00
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La scène se déroule le 11 septembre 2018, dans la petite salle de presse du stade Laugardalsvöllur de Reykjavik. Interrogé sur la prestation trop neutre de Yannick Carrasco contre l'Islande, en Ligue des Nations, Roberto Martinez doit l'admettre : «L'influence de Yannick pourrait être meilleure. Il est encore loin de sa meilleure forme physique, et il en a besoin pour exprimer ses qualités de dribbles et de percussion.»
Yannick Carrasco, à la sortie d’une Coupe du monde qu’il a débutée comme titulaire mais qu’il a finie comme remplaçant, est alors un joueur de Dalian, dans le championnat chinois, depuis le début de l’année 2018. Le choix a surpris puisqu’il n’a alors que 25 ans. Mais il est assumé.
Des questions entourent toutefois son apport à l’équipe nationale, sur un côté gauche où Thorgan Hazard prend de plus en plus de consistance. Pendant les qualifications de l’Euro 2020, l’ancien joueur de Monaco n’a d’ailleurs commencé que deux matchs, sur dix. À Saint-Marin et contre Chypre, ce qui situe assez bien son statut de l’époque.
La crise du coronavirus a ensuite mis l’équipe nationale entre parenthèses pendant dix mois, et Carrasco, lui, a profité du report de l’Euro pour réorienter sa carrière. Il en parlait depuis un moment, mais il a obtenu son billet de retour en Europe, à l’Atlético de Madrid, pendant l’été 2020.
Résultat : il a été titularisé lors des cinq matchs de la Belgique auxquels il a pu prendre part en 2020 et 2021, et il sort d’une saison très réussie avec le club espagnol, avec un titre de champion d’Espagne à la clé.
Avec 7 buts et 11 passes décisives en 35 matchs, toutes compétitions confondues, il a été proche, sur un plan statistique, de ce qu’il a pu apporter lors des trois premières saisons, pleines, avec l’Atlético (*).
Son influence, par rapport au temps de jeu, a même été supérieure, et plus proche de ce qu'il avait laissé voir lors des deux demi-saisons (2017-18 puis 2019-20) dans la capitale espagnole. En quoi est-il encore meilleur? «J'ai fait des efforts pour l'équipe, je me suis sacrifié, presque, et j'ai pu être décisif en fin de saison (NDLR : quatre buts lors des dix derniers matchs).»
C’est donc un Yannick Carrasco presque neuf qui va débouler à l’Euro, dans la foulée d’une préparation réussie avec des prestations pleines contre la Grèce (une passe décisive pour Thorgan Hazard) puis la Croatie.
Son repositionnement en soutien de l’attaquant a aussi joué un rôle, ce qu’il admet volontiers. Mais pas au point de faire de l’ombre à Eden Hazard, qu’il a le plus souvent remplacé quand le capitaine des Diables était absent.
Et pourtant… En ce moment, et même pour plus tard dans le tournoi, Carrasco n'est-il pas meilleur que le joueur du Real Madrid? «On est deux joueurs importants», a préféré évacuer Carrasco, dont l'image a évolué, avec le temps.
Lui-même a jeté un regard lucide sur les tournois auxquels il a pris part jusqu'ici, et surtout le premier, l'Euro 2016. «J'avais été finaliste de la Ligue des champions (perdue contre le Real Madrid), on m'attendait au tournant, on pensait que je pourrais faire la différence, que je serais un joueur important. Cela s'est moins bien passé par rapport aux attentes des fans»
Avec un peu plus de maturité, et un discours plus maîtrisé, Carrasco paraît serein. «J'ai gagné en expérience, je connais mieux mon corps, je sais quand faire les efforts, courir de manière utile pour l'équipe.»
Et si sa saison a été réussie, elle a aussi été marquée par des petits pépins physiques, qui lui avaient fait manquer les matchs de la Belgique, en novembre et en mars. «Pas de souci, je suis en superforme», a-t-il rassuré. «Je cours en moyenne onze kilomètres par match, et je complète les entraînements avec des sessions individualisées, avec Lieven Maessckalk et son staff.»
(*) 2014-15: 52 matchs, 8 buts et 14 passes décisives; 2015-16 : 43 matchs, 5 buts, 5 passes décisives; 2016-17 : 53 matchs, 14 buts, 5 passes décisives