Mertens: "Combien de buts je marquerai à l'Euro? Je veux d'abord être titulaire"
Le Louvaniste (34 ans) devra assumer son statut malgré qu’il ne semble pas encore à 100 %.
Publié le 10-06-2021 à 21h47
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Il a esquissé un bref sourire à l’assemblée, puis s’est assis, le visage fermé et le regard dur. Avant son premier mot, le ton était donné. Quelques heures après la visite du roi Philipe à Tubize, dans le chapiteau du média village de Tubize, surchauffé par un soleil lourd, les journalistes avaient compris que Dries Mertens n’avait pas trop envie de s’éterniser. Ni de revenir franchement sur sa saison mitigée à Naples.
Pourtant, alors que De Bruyne ne sera pas du voyage en Russie ce samedi, et que le timing du retour d’Axel Witsel et d’Eden Hazard reste flou, le Louvaniste aura certainement un rôle majeur à jouer en début de tournoi. Et il ne pourra pas se louper car, à 34 ans, la Belgique attend beaucoup de lui. Analyse en trois points.
1. Sa saison à Naples
Elle correspond en fait globalement à celle de son équipe. C’est-à-dire qu’elle n’est pas totalement loupée, mais pas franchement réussie non plus.
Le bilan collectif, d’abord : Naples a échoué à la cinquième place en Serie A et ne disputera donc pas la Ligue des champions la saison prochaine. Un échec criant qui a poussé la direction à ne pas prolonger l’entraîneur Gennaro Gattuso, qui a également à son actif l’élimination en demi-finale de la Coupe d’Italie, et surtout celle dès les seizièmes de finale de la Ligue Europe, contre Grenade.
Au niveau individuel, ensuite : Mertens a tout de même participé à 38 matchs toutes compétitions confondues (10 buts et 9 passes décisives). Il a pourtant été sérieusement freiné par des blessures, à la cheville et à l’épaule, surtout, et puis par l’éclosion de l’ancien Carolo Victor Osimhen, aussi. Il a d’ailleurs terminé la saison comme joker plus que comme titulaire.
«Dries a connu des hauts et des bas avec des soucis physiques récurrents», résume Mario Innaurato, ancien préparateur physique des Diables rouges et consultant en Serie A pour Eleven. «Il a joué de malchance, mais il garde un rôle important dans le vestiaire napolitain, et une vraie influence sur le jeu de son équipe. C'est un joueur qui a cette capacité à vite se remettre d'une blessure, à vite rentrer dans son match quand il monte et à vite être décisif pour son équipe. Ça reste une icône à Naples, où il a quand même battu le record de buts de Maradona.»
Une icône qui, en juin 2020, avait prolongé pour deux saisons. Mais son contrat arrivera à son terme en 2022, soit en fin de saison prochaine. Et il nous revient d'Italie que Naples souhaiterait sérieusement diminuer son salaire. «On n'a pas encore discuté, mais je ne pense pas que je partirai cet été», a simplement commenté Mertens, ce jeudi. On le sait heureux et comme chez lui au pied du Vésuve.
Sa situation en club n'inquiète en tout cas pas trop notre consultant Thomas Chatelle : «Avant le Mondial 2018, il était déjà dans ce genre de situation, pas au top, et il a fait un très bon début de compétition. Mais il ne faut pas sous-estimer l'expérience des grands rendez-vous, et Mertens en a beaucoup.»
2. Sa préparation avec les Diables rouges
Délicatesse physique? Manque de rythme? Recherche de confiance? Cela n’a échappé à personne : lors des deux matchs amicaux de préparation, contre la Grèce (le 3 juin) puis la Croatie (le 6), Dries Mertens n’était pas à son meilleur niveau. Loin de là.
Ses notes de 4,5 et 5,5 dans nos colonnes le confirment. «Je suis arrivé au rassemblement pour me remettre à niveau physiquement, et c'est ce que je suis en train de faire», a reconnu Mertens, hier.
«Il ne faut pas trop se focaliser sur ces amicaux, tempère Innaurato. Mertens, comme la majorité des Diables, vont disputer leur troisième ou quatrième tournoi majeur, ils savent très bien à quel moment il faut monter en température.»
Alex Teklak ajoute : «Je ne l'ai pas trouvé très à l'aise lors des amicaux, comme s'il voulait forcer les choses pour se remettre en confiance», pense notre consultant. «J'ai aussi l'impression que le système de jeu de Roberto Martinez le bride un peu. Or, c'est un joueur qui a besoin d'être prêt du but, parce qu'il a une très bonne concrétisation.»
Quoi qu'il en soit, à 34 ans, Dries Mertens connaît évidemment son corps mieux que personne. S'il a globalement été malheureux dans ses prises d'initiatives et qu'il est apparu moins transcendant lors de ces deux répétitions générales, l'ancien du PSV Eindhoven reste un joueur précieux pour Martinez. «Avec l'âge, c'est normal de perdre en explosivité sur les premiers mètres», estime notre autre consultant Clément Tainmont. «Mais tu dois pouvoir t'adapter à cette régression physique inévitable, et évoluer dans l'intelligence de jeu. Et Mertens est un joueur intelligent. En ce moment, il a peut-être des doutes physiques, mais il va doucement rentrer dans la compétition, et après 2-3 gestes réussis, il retrouvera la confiance.»
Et lorsqu'une journaliste russe lui a demandé ce jeudi combien de buts il espérait marquer durant l'Euro, Mertens s'est étonné. Il a un peu souri. Puis a lâché : «J'espère d'abord que je serai titulaire.»
3. Son statut en équipe nationale
Deux éléments confortent l’idée que Dries Mertens sera bien parmi les onze au coup d’envoi, samedi à Saint-Pétersbourg. Il y a l’incertitude physique de Hazard, qui fait inévitablement grimper Mertens dans la hiérarchie des soutiens derrière Lukaku. Mais il y a aussi son statut dans le groupe. Avec 98 sélections, il est le cinquième le plus capé de l’histoire derrière Vertonghen, Witsel, Alderweireld et Hazard.
Or, on sait qu’au-delà des prestations sportives, Roberto Martinez base son management sur la fidélité et la longévité. Il n’a d’ailleurs pas hésité à reprendre Nacer Chadli, qui sortait pourtant d’une saison périlleuse à Basaksehir, car le Liégeois a un vécu avec l’équipe nationale, parfaitement illustré par son but contre le Japon en huitième de finale de la Coupe du monde 2018.
Dries Mertens jouit d'un statut un peu similaire. Il est un bon camarade dans le groupe, une valeur sûre. «Il a souvent eu l'étiquette du joker de luxe en équipe nationale, et cela l'a sans doute parfois un peu desservi», souligne Mario Innaurato. «Mais avec son expérience, sa roublardise et sa malice, je le crois tout à fait capable d'être titulaire, du moins en début de tournoi.»
Le Louvaniste l’a déjà prouvé dans les grands tournois. Surtout en début de compétition, justement. Qui a offert la victoire contre l’Algérie lors du premier match de groupe au Mondial 2014? Mertens. Qui a débloqué la situation face au Panama lors de l’entrée en lice à la Coupe du monde 2018? Encore Mertens.
Bien sûr, la concurrence existe au sein du groupe belge. À commencer par celle toute fraîche de Jérémy Doku. Le joueur de Rennes (19 ans) a certainement marqué des points lors des deux amicaux. «Si je donne des conseils à Jérémy? Il n'en a pas besoin, c'est déjà un grand talent», a vanté Mertens. Un talent pour l'instant dans son ombre, mais qui se tient prêt à surgir.