Et pourquoi pas des bureaux au stade Tondreau?
La ville de Mons n’entend pas démolir le stade Tondreau, pour le déménager ailleurs. Elle cherche des investisseurs pour le rendre plus attractif.
- Publié le 18-11-2019 à 19h11
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Raser le stade Tondreau. C'est le nouveau mot d'ordre de l'opposition Mons en Mieux. Pour Georges-Louis Bouchez, «l'entretien du stade coûte très cher.»
Et celui-ci n'est plus adapté aux besoins: «il est trop grand pour ce que Mons représente aujourd'hui (soit deux clubs de division 3 amateurs, le cinquième échelon dans la hiérarchie du football belge) et il n'est plus aux normes de l'élite», et donc inadapté si un club montois remonte en D1 un jour.
De plus, sa situation n'offre aucune capacité d'extension. Pour le chef de file de Mons en Mieux, l'affaire est entendue: «nous souhaitons la destruction du stade. Il faut lancer un masterplan et restructurer le lieu, revaloriser ce quartier proche du centre-ville avec du logement et du commerce.»
Et taper dans la balle, on le fera où? Dans un nouveau stade sur la zone des Grands Prés, avance Bouchez, où il y a des terrains disponibles et où un stade adapté aux besoins actuels peut être construit, avec de l’espace disponible pour l’agrandir si le foot montois retrouve de sa superbe. Et d’en appeler à un partenaire privé pour étudier ces plans.
Pas touche au Tondreau
Du côté des autorités communales, on accueille ces idées avec une ironie teintée d'agacement. Raser le Tondreau pour du logement? Impossible: «nous sommes en zone dite d'équipements communautaires au plan de secteur», indique Maxime Pourtois, échevin à l'urbanisme et en charge de la Régie Communale Autonome, propriétaire et gestionnaire du Tondreau.

Quant à faire du commerce, ce serait une nouvelle poche de concurrence pour le centre-ville, «alors que tous nos efforts portent à le faire revivre.»
OK, on ne touche pas au Tondreau. Mais la situation actuelle n’est pas tenable. Si la création du RAQM a permis d’éviter que l’outil ne se désagrège en maintenant une activité, celle-ci est coûteuse pour la ville de Mons et elle use les installations, le club n’étant pas adapté à l’infrastructure.
D’un côté son équipe élite sous-occupe le stade, qui se détériore, tandis que son école de jeunes surexploite les terrains de formations.
«Le club a développé une école des jeunes avec 500 joueurs, ce qui est magnifique, mais c’est plus que ce que les installations ne peuvent absorber. Il y a une dégradation des terrains et des infrastructures plus grande que quand l’Albert occupait les lieux, avec 250 jeunes.»
Trouver 122 000€
De plus, la ville signait en 2016 une convention de mise à disposition «all in» avec le RAQM. «Le club ne paie pas de location et la RCA paie les charges. On pourrait dire que c'est le prix à payer pour les mettre en condition pour développer un projet et avoir un club d'élite, mais nous, ça nous coûte.» 122 000 euros de pertes pour l'exercice 2018.
Ce qui ne peut plus durer: Maxime Pourtois a présenté en conseil d'administration de la RCA un budget en équilibre en 2020 pour le Tondreau, «en jouant sur deux tableaux: diminuer les dépenses et maximiser les recettes.»

Cela passe par de nouvelles conventions avec les clubs occupants. «Les missions et les horaires d'occupation des vestiaires et terrains ont été cadrés pour diminuer les charges énergétiques.»
Autre objectif: remplir les locaux vides, qui servaient de cuisine, de salle de repos, d'étirement… «On en fera des bureaux. Ça a été difficile, mais on a réussi à boucler l'occupation totale pour l'année 2020.»
Inspiration trudonnaire
Voilà pour le court terme. Mais au-delà, que va-t-on faire de ce stade à deux faces, avec deux tribunes rénovées il y a 10 et 15 ans et deux tribunes qui tombent en ruines?
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Et pourquoi pas en faire… des bureaux? «Mon grand projet est d'utiliser les deux tribunes dévastées comme produit d'appel pour de potentiels investisseurs. Le but est de développer un modèle équivalent à Gand ou Saint-Trond, soit un stade qui n'est plus qu'un endroit où on joue au foot le week-end.»
Un stade qui, en dehors du foot, hébergerait d'autres activités, des entreprises… «C'est un lieu de vie occupé toute la semaine. L'espace VIP de Saint-Trond par exemple, c'est un call-center en semaine.»

Le Stayen, ce sont aussi des salles de réunion, de fêtes, dont certaines donnent sur le terrain. Une multidisciplinarité qui, pourquoi pas, peut donner un coup de pouce à l'aspect sportif. «Si l'investisseur se prend de passion pour le foot, pourquoi n'investirait-il pas ensuite dans le projet sportif du club?»
La situation du stade, proche du centre-ville, serait un avantage pour attirer des investisseurs. Mais il y a un obstacle de taille: «un stade est lié à un club de foot. Et là, on n'est pas super attractif puisqu'on est en D5.»
Que le RAQM progresse serait donc bienvenu du point de vue politique. «C'est un travail de longue haleine», conclut Maxime Pourtois.
