IMAGES | Ces lieux mythiques du sport à travers le monde: la Bombonera, chaudron de Buenos Aires
Capitale de l’Argentine, Buenos Aires est aussi un petit peu celle du football international. Pour paraphraser Éric Cantona, «les Anglais ont inventé le foot, les Français l’ont organisé, les Italiens le mettent en scène»… et les Argentins le célèbrent!
Publié le 06-07-2017 à 12h21
Située sur la rive ouest de l’embouchure du Rio de la Plata, adossée à l’océan Atlantique, Buenos Aires est une ville qui respire le foot.
Diego Armando Maradona, «El Pibe de Oro», y a étrenné ses premières chaussures à crampons au sein de quartiers populaires qui ne vivent que pour ce sport. Chaque barrio (terme espagnol désignant un quartier) possède ainsi son club, bien souvent illustre vitrine de ce qui ressemble à un centre de formation pour les jeunes du quartier.

Sur les 30 clubs qui composeront le championnat professionnel de «Primera division» lors de la saison à venir, six proviennent du centre urbain de la ville. Si l'on ajoute ceux qui sont issus de la large banlieue bonaerense, cela offre donc chaque année aux hinchas (terme désignant les socios argentins et, plus généralement, sud-américains) de nombreux clasicos tout au long de la saison.
Parmi ceux-ci, le «superclasico» opposant Boca Juniors à River Plate est sans aucun doute l'un des derbys les plus chauds de la planète foot.
Et quitte à assister à l’une des éditions de ce match hors-norme, nous ne saurions que vous recommander de vous rendre à la «Bombonera» (littéralement «la boîte à bonbons»), le célèbre stade sis dans le quartier populaire et très coloré de La Boca.

Un stade atypique à l’ambiance folle
Si les stades argentins renferment habituellement quelques-unes des plus chaudes ambiances lors des compétitions officielles, celui de Boca Juniors suscite auprès des suiveurs et grands amateurs du foot argentin un attrait tout à fait particulier.
Située derrière l'un des buts, La Doce (littéralement «la douzième»), la barra brava (réunissant les «ultras») de Boca, s'occupe de mettre littéralement le feu dans le stade, noyée dans les émanations de fumigènes, au rythme des percussions et des chants partisans. Carlos Bianchi, coach légendaire du club, déclarait en 2015 au Figaro: «C'est un lieu où l'acteur principal est le foot, sublimé par un public unique. Pour les Européens, l'ambiance peut paraître irrationnelle. S'il y a bien un endroit ou les supporteurs ont une part importante dans le succès de leur équipe, c'est ici.»
Si ce type d'ambiance est monnaie courante en Argentine, la spécificité architecturale du stade en forme de boîte à bonbons (d'où son surnom) lui confère une atmosphère unique avec ses trois étages de gradins d'une raideur vertigineuse.

Moment particulièrement impressionnant, le recibimiento (équivalent des «tifos» de chez nous) lors de l'entrée des joueurs sur la pelouse vous filera à coup sûr la chair de poule…
Maradona, «el mas grande»

Arborant les couleurs jaune et bleu du club, celui dont le nom officiel est «Estadio Alberto J. Armando» possède une capacité de 49 000 spectateurs.
Inauguré en 1940, avant d'être agrandi et rénové au fil des saisons, il a donc vu grandir quelques-uns des plus grands joueurs argentins, Diego Maradona en tête.
La légende Maradona est née à la Bombonera en 1981. À cette époque, celui qui n'est pas encore considéré comme le meilleur joueur du monde évolue à Argentinos Juniors, le club de ses débuts. Mais rapidement il tape dans l'œil des plus grands clubs du pays, notamment après le Mondial espoir de 1979 où il est élu meilleur joueur du tournoi. Tandis que River Plate se positionne alors en grand favori pour recruter Diego, celui-ci fait volte-face et annonce publiquement sa préférence pour le grand rival, Boca Juniors. Le club boquense est pourtant en difficultés financières, contrairement aux «Millonarios» qui offrent à Maradona le plus gros salaire du championnat. Mais Diego refuse: c'est à Boca qu'il jouera!
La suite, on la connaît: Diego explose et part en Europe où il endosse le célèbre numéro 10 du Barça avant d’être élevé au rang de dieu à Naples.
L'annonce de son retour au club boquense en 1995 avait rendu hystériques tous les hinchas de Boca Juniors et du football argentin en général.
Parmi les autres vedettes historiques du club, on citera aussi Martin Palermo, meilleur buteur de l'histoire boquense, Roberto Mouzo, lequel détient le record de match sous le célèbre maillot bleu à la bande jaune, les fantasques Claudio Caniggia et, plus récemment, Carlos El Apache Tevez, l'éternel Antonio Rattin, véritable clubman de Boca, ou encore Guillermo Barros Schelotto, actuel entraîneur et élément clé de la grande équipe de Boca à l'articulation du siècle dernier et de celui-ci.
Et si Maradona n'évolue plus sur la pelouse (on le voit régulièrement dans les tribunes et les loges VIP du stade lorsque son «club de cœur» joue à domicile), que Boca Juniors n'a plus la réussite sportive d'il y a une quinzaine d'années, la Bombonera continue de déchaîner les passions des supporters de Boca, certainement parmi les plus passionnés au monde.
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