Sven Vanthourenhout avant l'Euro de cyclisme: "Wout et Arnaud sont en grande forme et seront sur pied d’égalité"
Le sélectionneur dévoile sa stratégie avant l’Euro couru dimanche aux Pays-Bas avec van Aert et De Lie en coleaders.
- Publié le 19-09-2023 à 07h42
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Les Mondiaux ayant été disputés début août, les championnats d’Europe se sont engouffrés dans l’espace laissé libre au calendrier. Cette semaine, l’Euro a lieu aux Pays-Bas, en province de Drenthe. Quatorze titres continentaux seront décernés entre mercredi et dimanche, où l’épreuve en ligne des élites sera le point d’orgue de la semaine. Sven Vanthourenhout a retenu une équipe ambitieuse qui aura deux leaders, Wout van Aert et Arnaud De Lie.
Malheureusement, il y a eu l’accident de Nathan Van Hooydonck.
”Pour Nathan et sa famille, c’est un énorme coup. Surtout après ce qu’il a déjà connu par le passé. Pour son équipe et ses coéquipiers, cela a été difficile à encaisser. Pour moi aussi. Je dois avouer que, le jour même, j’étais complètement groggy. Ça m’a fait mal, car ces dernières années, je l’ai découvert plus et mieux. Heureusement, on a eu des nouvelles rassurantes et meilleures, en tout cas vu les circonstances. D’autant qu’il va devenir papa, ce qu’il attend depuis longtemps.”
Il était prévu à l’Euro.
”Oui, j’ai choisi Florian Vermeersch à sa place.”
Par rapport à l’équipe de Glasgow, il y a quatre autres changements, dont Remco Evenepoel, ce qu’on peut comprendre une semaine après la Vuelta et vu le parcours, mais Benoot ou Philipsen avaient leur place, non ?
”Tiesj va rouler le Tour du Luxembourg (NdlR : qui a lieu de ce mercredi à dimanche) où il pourra courir pour son propre compte. On en a parlé, c’était mieux pour lui qu’il puisse faire cela. Pour Philipsen, cela aurait été possible aussi, évidemment, mais sa saison a été longue, déjà. On voit qu’il est en forme mais il a aussi le programme de son équipe.”
Votre sélection a malgré tout fière allure.
”On a Arnaud (De Lie) et Wout (van Aert) comme leaders et quelques valeurs sûres, comme Jasper Stuyven, Tim De Clercq ou Yves Lampaert. J’aime travailler avec un noyau que je connais, sur qui je peux m’appuyer et compter. Ces dernières années, on a pu travailler avec un noyau plutôt restreint, ce qui est un avantage. Pourtant, c’est aussi important d’intégrer d’autres coureurs au groupe. Les parcours ne sont pas toujours les mêmes. L’an prochain, nous aurons trois rendez-vous puisqu’en plus de l’Euro (NdlR : qui aura lieu en Belgique), du Mondial, il y aura les Jeux olympiques. Trois courses disputées sur des tracés très différents. L’Euro, dans le Limbourg, sera tout plat et pour sprinters, le Mondial, en Suisse, pour grimpeurs, et les Jeux de Paris, pour des spécialistes des classiques.”
Un parcours pour “Flandriens”.
”Tout à fait. On a une génération d’excellents coureurs dans notre pays, donc, je ne vais pas me plaindre.”
À quoi ressemble le tracé de dimanche ?
”Une première partie en ligne de 120 kilomètres, totalement plate mais quand même typiquement néerlandaise, sur des routes étroites, sinueuses… Il y aura certainement du stress et de la nervosité. On arrive alors sur un circuit de 14 km à couvrir six fois avec le Vam-berg, une côte courte et pentue avec des pavés. Ce n’est pas excessivement dur, mais il faudra chaque fois s’y présenter aux avant-postes. C’est un circuit pour les hommes des classiques flamandes où il faudra être costaud et explosif. Le positionnement sera très important. Pour vous donner une idée de ce tracé, Mathieu van der Poel (absent dimanche) y est devenu champion des Pays-Bas en solitaire, en 2020.”

Comment allez-vous partager le leadership entre van Aert et De Lie ?
”Pour moi, ils partent sur pied d’égalité. Ils sont tous les deux en grande forme. Wout a très bien couru au Tour de Grande-Bretagne. Je suis très content que malgré une longue saison, il est revenu à un haut niveau. C’est lui qui était demandeur de courir le chrono et la course en ligne de l’Euro. Arnaud a été impressionnant au Canada. Lui, il a parfaitement récupéré de sa lourde chute à Dunkerque. À Quebec, il a obtenu une superbe victoire, il était vraiment fort. Il y a très longtemps que je n’avais pas vu quelque chose de pareil. Ils sont prêts tous les deux à courir un excellent Euro. C’est bien que nous ayons deux fers de lance.”
C’est ce que vous dites toujours.
”C’est vrai. Ils s’entendent bien aussi. Nous essayons toujours que, dans l’équipe, chacun s’apprécie bien, que tout le monde regarde dans la même direction, en sachant ce que l’on attend de lui, avec comme but qu’un Belge gagne la course. Si c’est Wout, c’est Wout, si c’est Arnaud, c’est Arnaud… On a une équipe fantastique. Jasper De Buyst est également en grande condition.”
"Arnaud a été impressionnant au Canada. Il y a très longtemps que je n’avais pas vu quelque chose de pareil."
Justement, les trois ont été un peu malades la semaine passée. Comment vont-ils ?
”J’ai vite été rassuré. Tout le monde est OK, Jasper aussi, il n’y a pas de problème.”

Un seul coureur, Edward Theuns, vient de la Vuelta.
”Ce ne sont pas les mêmes parcours, il faut vraiment des spécialistes des courses flamandes.”
Un Tour d’Espagne où les Belges se sont montrés.
”Quand on voit quatre ou cinq compatriotes devant dans une étape de haute montagne, c’est phénoménal en effet. Il y a longtemps que l’on n’a pas eu trois Belges dans le top 12 d’un grand tour. On savait pour Remco Evenepoel mais la prestation de Cian Uijtdebroeks et celle de Steff Cras, c’est incroyable. C’était beau. On peut ajouter Lennert Van Eetvelt et Louis Vervaecke aux trois autres.”
"Le jour sans de Remco, ce n’est pas totalement anormal, il est encore très jeune. Il n’y a rien de définitif, ce n’est pas une catastrophe."
Comment qualifieriez-vous la prestation d’Evenepoel ?
”Il était à un très haut niveau sur cette Vuelta, dès le premier jour. Bien sûr, il y a eu ce mauvais jour. Ensuite, il a tenté de retirer ce qu’il pouvait jusqu’à Madrid et on peut dire qu’il y est parvenu. Mais c’est encore compliqué pour moi de trouver une explication à ce jour sans. Ce n’est pas non plus totalement anormal, Remco est encore très jeune. Il n’y a rien de définitif à connaître un jour sans à cet âge. Le plus important, c’est de découvrir et comprendre pourquoi il est survenu. Ce n’est pas une catastrophe et il peut même en tirer profit pour le futur.”
La prestation de Cian Uijtdebroeks ne vous a pas étonné ?
”On connaissait ses qualités, déjà depuis les juniors. C’est un coureur de tour à 100 %. Il n’est pas fait pour les courses d’un jour où je ne ne le vois pas réussir des performances. Cian est fait pour les grands tours, tout simplement. Un top 10 pour sa première participation, c’est formidable.”