Roberto Heras, vainqueur en 2002 au sommet de l’Angliru : “Au plus fort de la pente, on se demande comment ne pas tomber”
Roberto Heras, le quadruple lauréat de la Vuelta, connaît l’Angliru comme sa poche. Il le décrypte pour nous.
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- Publié le 13-09-2023 à 12h08
- Mis à jour le 13-09-2023 à 12h30
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Quadruple vainqueur de la Vuelta (un record), Roberto Heras s’est imposé au sommet de l’Angliru en 2002. Deux ans plus tôt, il avait établi l’ascension la plus rapide du monstre des Asturies. Il avait mis 41 : 55 pour monter les 12,4 kilomètres (à 9,8 % de moyenne). L’Espagnol est, donc, bien placé pour analyser ce col hors catégorie.
Je me souviens avoir vu des cyclistes s’accrocher aux voitures ou se faire pousser par des spectateurs.
Pourquoi l’Angliru est-il si effrayant ?
”Parce qu’au plus fort de la pente, on se demande comment on va pouvoir continuer à avancer, comment ne pas tomber de sa machine. 24 %, c’est presque trop raide pour monter à vélo. Je me souviens avoir vu des cyclistes s’accrocher aux voitures ou se faire pousser par des spectateurs. C’était ça ou ils reculaient. Franchement, ce col est incomparable.”

Sa première partie est assez roulante, non ?
”Oui, et heureusement. Pendant la moitié de l’ascension, on peut trouver son rythme et une équipe est encore à même de dicter le tempo. Mais une fois qu’on atteint le 7e kilomètre et que les pourcentages deviennent monstrueux, le jeu collectif ne sert plus à rien. Là, c’est homme contre homme. Les pourcentages sont tellement élevés que les purs grimpeurs ont un avantage. Mais comme l’Angliru arrive, cette fois, après deux autres cols, cela dépendra aussi de l’état de fraîcheur du coureur.”
Selon Patrick Lefevere, l’Angliru devrait se monter en mountainbike plutôt qu’en vélo de course parce qu’il faut mettre un 32.
”Ça, c’était avant. Aujourd’hui, on peut monter avec un 34. Les vélos ont changé. Mais le facteur décisif, c’est le temps. Quand j’ai établi mon record, il y avait du soleil et la route était sèche. En revanche, en 2003, je me sentais très bien mais comme il pleuvait, je pensais juste à rester sur mon vélo.”
Qui voyez-vous s’illustrer ce mercredi ?
”Comme je vous dis, la force collective des Jumbo-Visma ne leur offrira un avantage que lors de la première moitié de l’ascension, durant la partie la plus roulante. Après, ceux qui ont encore les jambes voudront réussir quelque chose de bien. Je suis curieux de voir Remco face à des spécialistes comme les Jumbo et Ayuso. S’il en a les capacités, il va vouloir montrer qu’il est là. La particularité de l’étape de cette année, c’est qu’il y a deux cols avant et que, dans les descentes, ce sera dangereux. Il y a souvent des chutes.”
Il est à la Vuelta ce que l’Alpe-d’Huez est au Tour de France.
Vous dites que l’Angliru est unique…
”Oui, parce que je ne vois aucun autre col aussi difficile en Espagne, pas même le Teide à Tenerife. Au niveau du prestige, il est à la Vuelta ce que l’Alpe-d’Huez est au Tour de France. Quand tu gagnes au sommet de l’Angliru, tu gagnes le respect du peloton.”