"Je suis un peu dans la situation d’Ayuso"
Cian Uijtdebroeks, 9e du général, évolue aux côtés d’un leader, Vlasov, ce qui le protège de la pression pour son premier grand tour, qu’il veut terminer dans le top 10.
- Publié le 12-09-2023 à 06h00
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"Cela ne me dérange pas de vivre dans l’ombre de Remco Evenepoel."
Avant la Vuelta qu’il découvre, Cian Uijtdebroeks avait avoué aimer faires les choses dans son coin. Sauf que ce n’est plus possible aujourd’hui. Le champion de Belgique a connu une énorme défaillance vendredi passé dans l’étape reine, alors que le surdoué de Bora-Hansgrohe roulait avec les meilleurs, se classant même 5e au sommet du Tourmalet. Depuis, le gamin de 20 ans pointe au 9e rang du classement général et il est bien décidé à conserver sa place jusqu’à Madrid. C’est ce qu’il révèle dans un monologue de trente minutes où il balaye son actualité. Morceaux choisis.
1.Sent-il plus de pression parce qu’il est le premier Belge au général ?
"Non, pas vraiment. C’est mon premier grand tour et on sait tous que si quelque chose se passe mal un jour, ce sera tout à fait normal. Le fait que Remco Evenepoel a rétrogradé au classement avec son ‘jour sans’ ne change rien à ce niveau-là. Mon but est de terminer dans le top 10 et je me concentre uniquement sur cet objectif."
2.Sa blessure à la selle évolue-t-elle favorablement ?
"C’est très lent parce que nous passons 4 à 5 heures quotidiennes sur le vélo. On traite cette blessure avec de la pommade mais certains jours, c’est compliqué. Sincèrement, je me bats tout le temps contre la douleur mais ça en vaut la peine. Parfois, je ne peux pas poser totalement mes fesses sur la selle, mais je l’accepte. J’espère que cette journée de repos aura permis à ma peau de respirer un peu."
3.Qu’a-t-il appris depuis le départ de Barcelone ?
"Énormément. Avec les conditions climatiques détestables que l’on a eues à plusieurs reprises, les chutes, les tentatives de bordures et ma blessure, mon premier grand tour ne se passe pas en douceur. Disons que je fais un apprentissage en accéléré. Je me dis que si je peux terminer dans le top 10 après un tour aussi mouvementé, ce sera de très bon augure pour la suite de ma carrière. Cette Vuelta va me donner une confiance énorme."
4.Quels progrès doit-il effectuer pour devenir le coureur de grands tours qu’il imagine ?
"Je dois être meilleur au contre-la-montre, même si je sens que j’évolue bien. Ma position n’est pas encore optimale. Il faut également que je gagne en explosivité. Ce sera indispensable pour répondre aux attaques de rivaux."
5.Face à quelle inconnue se trouve-t-il encore ?
"Même si je me sens très bien après deux semaines de course, je ne sais pas comment mon corps va réagir dans les six prochains jours. Ça peut exploser d’un coup, je dois en être conscient. Ma tête est prête mais mon organisme n’a jamais été mis à aussi rude épreuve durant trois semaines."
6.Pourquoi n’a-t-il pas reconnu l’Angliru ?
"Mon entraîneur m’a dit que si l’on en faisait la reconnaissance, j’allais être cassé mentalement (il rit). Je sais que c’est là que les favoris peuvent tout gagner ou tout perdre. Mais moi j’ai hâte de le découvrir par moi-même et de voir comment je m’y comporterai."
7.Pense-t-il pouvoir gagner le Tour de France un jour ?
"Je n’en sais strictement rien. En revanche, cette Vuelta me renforce dans la conviction que je suis un coureur de grands tours. Monter sur le podium de la Grande Boucle reste un rêve et je bosserai le plus possible afin de m’en approcher. Et on verra jusqu’où cela me mènera."
8.Pourquoi est-il toujours de bonne humeur ?
"C’est vrai que je souris tout le temps. C’est parce que je suis heureux. Bien sûr, il m’arrive de souffrir sur le vélo. Mais j’ai la chance de vivre de mon sport préféré. Avouez qu’il y a de quoi avoir la banane, non ?"
9.Quel grand tour aura-t-il à son programme en 2024 ?
"Ce sera le Giro ou la Vuelta, pas le Tour de France. Sauf si les deux autres proposent un parcours tout plat (il rit encore). Franchement, je ne sais pas encore."
10.Demande-t-il des conseils à d’autres coureurs ?
"Oui. Et pas seulement à mes équipiers. Certains gars viennent spontanément me parler, comme Romain Bardet. Alors, je leur demande des conseils en matière de nutrition. Quelle quantité de ceci ou de cela prennent-ils pendant la course ? Parce que tout ça est nouveau pour moi."
11. Que pense-t-il de son duo avec Vlasov, 8e du général ?
"Ça me fait un peu penser à celui des UAE Team Emirates en 2022, avec Almeida et Ayuso. L’Espagnol n’avait aucune pression mais plein d’ambitions. Je suis un peu dans la même situation que lui."