Cian Uijtdebroeks va découvrir la Vuelta: "Je suis seul avec mes watts, mes pensées et les paysages"
À 20 ans, Cian Uijtdebroeks va découvrir la Vuelta. Dans l’ombre de Remco Evenepoel, il va poursuivre son apprentissage, avec sa vision du cyclisme.
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- Publié le 23-08-2023 à 06h00
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Cian Uijtdebroeks vient d’achever un stage de trois semaines, entamé début août en Autriche avec une partie de ses équipiers de la Bora. À 20 ans, celui qui n’a plus pris part à course depuis fin juin et les championnats de Belgique s’apprête à découvrir un grand tour, la Vuelta. L’esprit libre et avec ce large sourire dont il ne se défait jamais, même après une longue sortie en montagne.
Cian, vous accumulez les stages et les moments de solitude à l’entraînement. On vous voit peu en course. La compétition ne vous manque-t-elle pas ?
Non, pas du tout. Certains ont besoin d’enchaîner les courses pour se sentir bien, mais ce n’est pas mon cas. Pour moi, l’entraînement est la préparation idéale à une course. Certains, avant la Vuelta, ont enchaîné Clasica San Sebastian et Tour de Burgos. Moi, j’aurai effectué cinq ou six stages avant la Vuelta. J’ai besoin de dépasser mes limites à l’entraînement, de sentir que j’ai tout donné. Ça augmente ma confiance pour les échéances futures.
Est-ce important pour vous d’avoir des équipiers lors de ces longs séjours en altitude ?
Ils sont les bienvenus, mais leur présence ne m’est pas indispensable. La plus grande partie de l’année, je m’entraîne seul, et j’aime assez ça. Je suis seul avec mes watts, mes pensées et les paysages.
Vous faites très peu de courses d’un jour. C’est un choix ?
Le but est que je devienne un coureur de grands tours. En début d’année, on s’est fixé un objectif avec le staff : que j’atteigne mon pic de forme à la Vuelta. Tout est planifié en fonction. J’ai fait des entraînements fonciers pendant un mois et, plus on s’approche du départ de Barcelone, plus on a accentué l’intensité des séances.
Top 10 au Tour d’Oman, en Catalogne, en Romandie et en Suisse. C’était difficile d’imaginer meilleure saison ?
C’est clair que j’ai franchi un palier dans des épreuves WorldTour. J’ai montré que j’étais capable de tenir la distance, d’accrocher les meilleurs. L’objectif de l’année était de finir dans les dix premiers d’une course estampillée WorldTour. Je l’ai fait à chacune de mes compétitions. C’est idéal pour moi, mais cela ne veut pas dire que je suis déjà capable de tenir un tel niveau durant trois semaines.
Qu’attendez-vous de cette Vuelta ?
Je ne sais pas que c’est (une course de trois semaines), donc il est difficile pour moi de me fixer des attentes précises. Je sais l’exigence que cela requiert, mais la durée sera la grande nouveauté pour moi. Je ne sais pas comment mon corps va réagir. Tout sera nouveau. Je vais apprendre et j’ai hâte.
Serez-vous déjà dans la peau d’un leader qui vise une place au classement général ?
Dans un premier temps, non, je serai plus un électron libre, Vlasov sera le leader. Mais on décidera de ça en fonction de la course. Si je vois que tout se passe bien pour moi, que je réponds présent, pourquoi pas essayer le général ? Mais je ne pars pas avec l’objectif de finir dans le top 10 ou le top 5. Je ne veux pas perdre du temps sur des étapes a priori moins dangereuses. J’ai envie d’être à la bagarre en fin de première semaine et voir comment se passera la suite. Bien sûr, si je suis dans le top 10 à l’entame de la dernière semaine, je défendrai ma place. Si ce n’est pas le cas, il n’y aura rien de mal fait.
Avez-vous le sentiment que votre statut au sein de l’équipe a changé avec vos bons résultats ?
Oui. En janvier, on ne savait pas comment j’allais réagir et ce dont je serais vraiment capable. En finissant 7e du Tour de Suisse, le staff a compris qu’il pouvait compter sur moi.
Que change pour vous la présence de Remco Evenepoel ?
Ça ne change pas grand-chose. Remco fait son truc et moi, le mien. Il va attirer beaucoup de lumière à lui et c’est peut-être très bien pour moi. On ne va pas se mentir : la présence de Remco m’enlève un peu de pression. On sait qu’il voudra faire aussi bien que l’année passée.
L’an prochain, ferez-vous le Giro ?
C’est possible. Ou je pourrais refaire la Vuelta. Cela dépendra aussi des parcours que les deux tours proposeront. Une chose est sûre : je ne ferai pas le Tour de France en 2024.
En juniors, vous gagniez tout et, cette année, vous n’avez pas encore de victoire. Ça ne vous manque pas ?
C’est un choix de carrière. Je veux devenir un coureur de grand tour et je me prépare pour ça. Oui, ce serait sympa de gagner de temps en temps, mais je préfère terminer 6e d’un WorldTour que gagner le Sibiu Tour (NdlR : une course par étapes en Roumanie). C’est beaucoup plus important pour moi de me battre tous les jours avec des grands noms.
Pour progresser, il ne faut pas toujours choisir la facilité. Je suis content de mes résultats. Je ne nourris aucune frustration. Je n’aurais pas préféré avoir un programme plus facile qui m’aurait permis de gagner quelques fois. C’est important pour mon futur d’être capable d’exister au niveau WorldTour.
Vous êtes sous contrat chez Bora-Hansgrohe jusqu’en 2024.
On fera sans doute le point avec le staff après la Vuelta. Mais là, j’ai juste hâte de découvrir la magie d’un grand tour.